S'il y a un sujet délicat à évoquer en cette période de crise de la zone euro, c'est bel et bien celui du budget de l'Union Européenne pour l'année 2012. Comme en décembre 2010 lors du vote sur le budget 2011, le Parlement s'engage une nouvelle fois dans une bataille avec les Etats membres.

Le plan adopté par le Parlement en session plénière ce mercredi 26 octobre risque de susciter le débat au sein de la Communauté européenne. Alors que les pays de l'Union européenne privilégient une rigueur accrue, les eurodéputés eux, souhaitent augmenter les dépenses de 5,2% par rapport à 2011, afin de soutenir la stratégie 2020 qui regroupe des projets liés à la croissance et l’emploi. Le Parlement se range globalement derrière la hausse de 4,9% proposée par la Commission européenne mais se heurte au véto du Conseil européen. Alors que les eurodéputés prévoient un budget de 133 milliards d'euros de dépenses, le Conseil européen n'envisage qu'une hausse de 2,2%, ce qui compte tenu du taux d'inflation, revient quasiment à geler les dépenses. « Ce budget montre que nous voulons renforcer l'UE, que nous voulons une UE compétitive pour relancer la croissance », a souligné avant le vote le président du Parlement, Jerzy Buzek.

Au vue du projet, les domaines qui connaissent les plus fortes hausses de paiement sont la recherche et le développement (+10,35 %) ainsi que la cohésion et les fonds structurels (+8,8 %). Il est également prévu une hausse de 100 millions d'euros de dépenses pour la Palestine. Pour ce qui est de l'agriculture, le Parlement a décidé d'ajouter une enveloppe de 250 millions d'euros pour les producteurs de fruits et légumes. La surveillance maritime en Méditerranée, la gestion des flux de réfugiés, la recherche, l'innovation et l'éducation sont autant de domaines qui sont tout aussi privilégiés. Les députés ont proposé en revanche de réduire les dépenses pour la mission de police de l'UE en Afghanistan.

Députés et Etats n’ont pas de divergences sur les priorités du l’UE mais sur le niveau nécessaire des moyens pour réaliser ces objectifs. L’Italienne Francesca Balzani, (membre du groupe des socialistes et démocrates) a averti à plusieurs reprises que la stratégie de croissance Europe 2020 ne devait pas être victime du climat d’austérité actuelle, étant donné que les investissements dans une croissance intelligente, durable et inclusive sont nécessaires pour aider l’Europe à sortir de la crise. Le sous-secrétaire d'Etat polonais aux Finances Jacek Dominik, porte-parole des gouvernements a répliqué au nom du Conseil qu’il ne fallait pas « envoyer un signal négatif aux états, au moment où ils essaient de consolider leur budget » et ne pas « créer de nouvelles dépenses pour les états ».

Les négociations ont d'ores et déjà commencé. Parlement et Conseil ont désormais trois semaines pour trouver un accord, sans lequel la Commission devra présenter un nouveau projet. Quant au vote final, il aura lieu lors de la session plénière de décembre.

Morwenna Joubin, Coralie Ledoux

  • http://www.europarl.europa.eu/fr/headlines/content/20111014FCS29306/7/html/Le-Parlement-vote-un-budget-de-stimulation-de-la-croissance-pour-2012
  • http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL5E7LQ38O20111026
  • http://www.romandie.com/news/n/_Budget_les_eurodeputes_engagent_un_bras_de_fer_avec_les_Etats_de_l_UE261020111410.asp
  • http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20111026trib000659574/differends-autour-de-la-hausse-du-budget-de-l-union-europeenne-.html
  • http://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/431381-l-ue-enfin-son-budget-2011