Au devoir de solidarité, six Etats membres manquent à l’appel. En effet, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la République Tchèque, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède bloquent le financement du Programme Européen d'Aide aux plus Démunis (PEAD). Alors que le nombre de personnes en situation précaire augmentent au sein de l’Union européenne, le blocage persiste.

Créé en 1987, le Programme Européen d’Aide aux plus Démunis se basait sur l’utilisation des surplus alimentaires produits par la Politique Agricole Commune (PAC). Ce surplus était ensuite redistribué sous forme d’aide alimentaire aux plus démunis de l’Union européenne. Mais voilà, au fil des années, ce surplus alimentaire s’est amoindri, si bien que pour ravitailler les banques alimentaires, il a fallu « piocher » dans le budget de la PAC. En avril 2011, après la plainte déposée par l’Allemagne contre le PEAD, le tribunal de Luxembourg condamne la base légale du règlement instituant le programme d’aide. L’Allemagne, soutenue par cinq autres Etats membres, est excédée de voir le budget de la PAC, prévu à l'origine pour soutenir l’agriculture de l’Union européenne, finalement utilisé pour maintenir une toute autre cause : une aide alimentaire. En effet, cette dernière relèverait plutôt de la politique sociale de l’Union Européenne que de la politique agricole. C’est en cela que la Cour de justice de l’Union Européenne a condamné la base légale du PEAD.

De manière quasi unanime, et avec le soutien de la Commission européenne, le Parlement européen a demandé le maintien de cette aide aux plus démunis. Les deux institutions condamnent la position des six Etats membres qui bloquent la prolongation de ce programme plus que jamais nécessaire pour les 80 millions d’européens vivants en-dessous du seuil de pauvreté. La Commission européenne, de son côté, exerce la pression sur les Etats membres au profit de la sauvegarde du PEAD et examine toutes les possibilités pour lui donner une base juridique légale. Une enveloppe de 2,5 milliards d’euros est même prévue pour maintenir le PEAD. Il ne manque plus que l’accord des 27 Etats membres pour pouvoir l’utiliser. Face à la bonne volonté de la Commission européenne, les Etats membres opposants restent de marbre. Comme s’insurge l’eurodéputé belge socialiste Marc Tarabella , « L’argent est là,  mais le programme d’aide reste bloqué ! ». Cette réaction s’explique par le fait que les Etats membres aient d’autres priorités. Exclue des sujets traités lors du Sommet européen, la sauvegarde d’un programme d’aide aux plus démunis n’est pas la priorité des Etats. En effet, il semblerait que, pour certains, il soit plus judicieux de mettre en place des plans de plusieurs milliards d'euros pour sauver les banques plutôt que de débloquer quelques millions pour nourrir leurs concitoyens européens. Au dilemme "crise financière ou crise alimentaire" certains Etats semblent avoir choisi.

Stéphany et Amélie

Sources:

Propos de Marc Tarabella rapportés dans: "L'avenir toujours indécis du Programme européen pour les plus démunis", Le Parlement Européen en Action, Site: www.touteleurope.eu, http://europarlement.touteleurope.eu/suivez/le-travail-des-commissions/actualite/lavenir-toujours-indecis-du-programme-europeen-pour-les-plus-demunis.html, 21/10/2011.