Mardi 3 janvier, la Banque centrale européenne (BCE) a réattribué plusieurs postes au sein de son directoire. L’organe le plus important de la BCE se compose de six membres, dont le président Mario Draghi, le vice-président Vítor Manuel Ribeiro Constâncio, ainsi que quatre membres ayant chacun des tâches spéciales. Les membres du directoire sont élus à la majorité qualifiée par le Conseil européen et ils s’attribuent les missions eux-mêmes, le président ayant un droit de véto.



Le Belge Peter Praet a ainsi été désigné économiste en chef. Praet prend la place de l’allemand Jürgen Stark, qui avait démissionné l’année dernière pour manifester son désaccord avec le rachat d’obligations de certains Etats européens par la BCE. Officiellement, la BCE ne parle pas d’économiste en chef de peur de dévaloriser les autres postes. Pourtant ce terme utilisé par la presse est révélateur de l’importance de la mission. Il s’agit d’un poste stratégique, car l’économiste en chef valide les prévisions économiques et fait des propositions sur l’évolution des taux directeurs. Même si le directoire prend toutes les décisions en commun avec les chefs des 17 banques centrales nationales, l’économiste de la BCE a une influence relativement grande sur la stratégie à adopter.



Pourquoi ce remaniement est-il relayé et commenté dans les médias ? Selon ses statuts, la BCE est indépendante et les membres du directoire prennent leurs décisions indépendamment des choix politiques pris au sein de leurs pays d’origine. Pourtant, les gouvernements nationaux essaient d’influer sur la stratégie de la BCE en soutenant certaines personnes, de préférence des ressortissants de leurs pays. Ainsi, on considérait le français Benoît Cœuré et l’allemand Jörg Asmussen, respectivement soutenus par leur pays d’origine, comme favoris au poste d’économiste en chef. Pour éviter tout contentieux franco-allemand, Praet, ce Belge doté d’une longue expérience professionnelle, a finalement été choisi. En faisant ce choix, Draghi rompt également avec la tradition d’attribuer ce poste à un allemand. Asmussen est désormais en charge des relations internationales. Il va représenter la BCE à l’extérieur, par exemple aux réunions du groupe de travail de l’Eurogroupe et au Conseil ECOFIN, où il pourra faire preuve de ses capacités diplomatiques et de gestion de crise. Le Français Cœuré sera responsable du marché, il gérera entre autres le rachat d’obligations d’Etats. Cœuré prend le poste de José Manuel González-Páramo qui s’occupera désormais de la recherche, des statistiques et du management de risques.



Il semblerait donc qu’un bon compromis ait été trouvé et que les personnes désignées soient à la hauteur de leurs responsabilités respectives. En pleine crise de l’euro, cela est plutôt rassurant. Autre bon signe : les gouvernements nationaux se sont abstenus de commentaires, préservant ainsi le fond d’indépendance propre à la BCE…



Pauline Gallay et Julia Tepel

Sources:

http://www.europeanvoice.com/article/2012/january/belgium-s-praet-named-as-ecb-chief-economist/73089.aspx



http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/01/03/le-belge-peter-praet-designe-economiste-en-chef-de-la-bce_1625256_3234.html



http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/umbau-im-ezb-direktorium-wer-kuenftig-ueber-den-euro-wacht-1.1249573