Imposer la présence de 40% de femmes aux conseils d’administration des entreprises européennes cotées en bourse, voici la proposition faite mi-novembre 2012 par la commissaire européenne Viviane Redding.
Pour Lucian Vâlsan, du blog antiféministe et extrémiste “A Male Voice”, cette proposition est discriminatoire. Ce dernier s’indigne et va jusqu'à se demander “Pourquoi ne pas avoir un quota de 10% de personnes gauchères dans les conseils d’administration, car ils représentent 10% de la population...”(1). Etant jeune femme gauchère et travaillant dans le secteur privé, je peux facilement concevoir que ce n’est pas le fait d’écrire de la main gauche qui va faire hésiter mes responsables à me promouvoir en cas de départ proche en congé maternité. Etre gauchère n’est pas non plus le facteur qui fera que je serais payée plus ou moins que mes homologues masculins (droitiers tout comme gauchers).
J’ai donc très peu d’opinions en commun avec cette organisation dont la mission est de ‘lutter contre les mensonges de la gouvernance féministe,’ alors que je partage toute de même des réserves vis-à-vis du projet de la commissaire Redding.
Et apparemment je ne suis pas seule à douter de cette proposition, car sa celle-ci a été refusée par les commissaires irlandaise, suédoise et néerlandaise. En effet, Viviane Redding était la seule femme présente en faveur de ces quotas. Selon die Welt (24 novembre 2012), les opposants “doutent du fait que le droit européen autorise Bruxelles à empiéter sur la politique économique des membres de l’UE de manière si étendue”(2)
Néanmoins, il ne s’agit pas ici seulement d’une question de légalité dans ce propos. Il y aussi la crainte que ce projet portera des effets négatifs pour les femmes présentes au sommet de leur entreprise. En effet, aucune femme ne voudra que ses collègues pensent qu’elle se trouve au conseil d’administration non pour son talent et ses compétences, mais pour son sexe. Ne serait-il pas aussi nuisible pour égalités hommes-femmes qu’un conseil d’administration exclusivement masculin? Pourtant, Viviane Redding a affirmé dans son communiqué de presse que “la proposition de la Commission permettra de faire en sorte que, dans le cadre de la procédure de sélection des administrateurs non exécutifs, la priorité soit donnée aux femmes à niveau de qualification égal, pour autant qu’elles soient effectivement sous représentées”(3). Or c’est la “priorité” aux femmes qui sape sa légitimité.
La décision de la commission est reportée mais le débat fait toujours rage. Peu de journaux n’ont pas pu s’empêcher de crier “c’est un garçon!”(4) à l’annonce, le 22 novembre, d’Yves Mersch en tant que nouveau directeur de la Banque Centrale Européenne. Un conseil d’administration composé de 17 membres, qui restera donc jusqu’au 2018 entièrement privé de voix féminines.
1. http://www.avoiceformen.com/feminism/feminist-lies-feminism/eus-feminist-crusader-never-stops/
2. http://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/2934451-bras-de-fer-en-serie-sur-la-parite-hommes-femmes
3. http://ec.europa.eu/commission_2010-2014/reding/multimedia/news/2012/11/20121114_en.htm
4. http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2012/11/bce-cest-un-gar%C3%A7on-.html