"Le Parlement devrait avoir le droit de décider du lieu et du moment où il siège" affirme la résolution adoptée mercredi, 20 novembre. Le Parlement propose et s’engage à lancer une procédure de révision ordinaire des traités de l’Union Européenne afin qu’il puisse - lui-même et non les États membres - décider du lieu de son siège et de son organisation interne.
483 eurodéputés, sur 766 au total et 658 présents, ont voté pour, 141 contre, dont un tiers de Français, et 34 abstentions. Le texte adopté proclame que le Parlement européen « serait plus efficace, plus rationnel au niveau des coûts et plus respectueux de l’environnement s’il siégeait en seul lieu ».
Le Parlement européen a son siège à Strasbourg mais seuls 12 sessions plénieres de quatre jours y ont lieu chaque année. Le reste du temps les eurodéputés travaillent à Bruxelles. Donc 766 eurodéputés et plus de 3000 fonctionnaires sont obligés de se déplacer tous les mois de Bruxelles à Strasbourg pour les séances plénieres, ce qui implique, selon les estimations soulignées dans la résolution, un surcoût annuel de 150 millions d’euros et engendre l’émission de 19.000 tonnes de CO2. L’eurodéputé britannique Ashley Fox soutient que «les temps changent et ce qui était un symbole de réconciliation franco-allemande en 1950 est à présent un symbole de gaspillage : de temps, d’énergie et de l’argent des contribuables».
Les raisons financières sont bien fondées mais il existe également un autre aspect qui doit être pris en compte : la symbolique du Parlement de Strasbourg. Au moment où la place et la puissance de l’Union Européenne sont remises en cause, les symboles et les valeurs doivent être protégées et mises au même niveau que la crise économique. Les «pro-Strasbourg » insiste sur le fait que « il ne faut pas oublier que la définition du siège strasbourgeois s’inscrit totalement dans l’histoire de la construction de l’Union Européenne puisqu’il rappelle les fondement mêmes de celle-ci : une démarche de paix ».
Les « pro-Bruxelles » soulignent qu'une compensation raisonnable doit être trouvée afin de garantir la poursuite de l'utilisation des bâtiments actuels du Parlement européen. Par exemple, la vice-présidente du Parlement européen Isabelle Durant, estime que parmi les alternatives possibles, il y à la transformation du bâtiment de Strasbourg en une grande université européenne : « Réunir des centaines ou des milliers d’étudiants aurait énormément de sens et garderait à Strasbourg cette caractéristique de ville-frontière qui incarne la réconciliation ».
Cette résolution est la première étape, un premier pas et ça ne signifie pas encore un résultat final garanti. Il y a une longue et difficile route à parcourir car toutes les modifications du traité en faveur d’un siège unique doivent passer par les chefs d’Etats membres. Et donc aussi par la France qui est totalement contre pour des raisons historiques mais aussi économiques.
Les eurodéputés ont demandé au Bureau du Parlement européen de commander un sondage Eurobaromètre pour le 1er janvier 2014, sur l’avis des citoyens européens concernant le maintien des trois lieux de travail du Parlement, avec des références spécifiques aux coûts de cette organisation du point de vue financier, environnemental et de l'efficacité.
Sources :
http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/content/20131118IPR25529/html/Un-changement-de-trait%C3%A9-pour-permettre-au-Parlement-de-d%C3%A9cider-de-son-si%C3%A8ge
http://sosconso.blog.lemonde.fr/2013/11/25/le-parlement-europeen-doit-il-continuer-a-transhumer/
http://www.sudinfo.be/863426/article/regions/bruxelles/actualite/2013-11-20/siege-du-parlement-europeen-un-point-pour-bruxelles-contre-strasbourg
http://www.dna.fr/actualite/2013/11/20/parlement-europeen-ras-de-maree-contre-le-siege
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_bruxelles-et-strasbourg-le-parlement-europeen-entre-deux-sieges?id=8140326