Lors d'une conférence de presse mercredi 22 janvier 2014 à Bruxelles, la Commission européenne a présenté ses recommandations sur le paquet énergie-climat à l'horizon 2030.

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Günther Oettinger (commissaire en charge de l’Energie), Jose Manuel Barroso (Président de la Commission européenne) et Connie Hedegaard (commissaire en charge du Climat) présentent le « paquet énergie-climat 2030 ». Copyright © Spiegel AFP


La Commission fixe plusieurs objectifs pour 2030 : diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 % par rapport au niveau de 1990 (objectif souhaité par le Parlement, les Pays-Bas, l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Allemagne), augmenter la part des énergies renouvelables à 27 % au niveau européen, améliorer l'efficacité énergétique et mettre en place des indicateurs et un nouveau système de gouvernance pour garantir une « énergie compétitive, abordable et sûre ». Ce deuxième paquet énergie-climat (2020-2030) se veut plus ambitieux que le premier (2009-2020) afin de lutter efficacement contre le réchauffement planétaire et atteindre d'ici 2050 une réduction des émissions de GES de 80 à 95 % par rapport à 1990.
Selon José Manuel Barroso, la Commission a su trouver un équilibre entre les enjeux économiques et environnementaux : «Si la lutte contre le changement climatique revêt une importance capitale pour l'avenir de notre planète, une véritable politique européenne de l'énergie est essentielle pour notre compétitivité. Le paquet présenté aujourd'hui montre qu'agir simultanément sur les deux aspects n'est pas contradictoire, et qu'au contraire, ceux-ci se renforcent mutuellement. »
La Commission a aussi fait part de ses recommandations sur le gaz de schiste. Contrairement à ce que souhaitait le Parlement européen, elle n'imposera pas une législation contraignante sur les risques de la fracturation hydraulique, mais seulement le respect de certains « principes minimums ». Les États seront donc libres de choisir s'ils exploiteront ou non ces ressources. Selon The Guardian, la Grande-Bretagne, soutenue par la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque, mais aussi de grands groupes industriels européens, avaient exercé de fortes pressions sur la Commission dans ce sens. Pour faire accepter le paquet énergie-climat 2030, la Commission n'aurait pas eu d'autres choix que de leur donner raison.


Face à ces recommandations, l'opinion publique est partagée. Pour les industriels qui défendaient un objectif de 35 % pour les GES, ce plan est trop ambitieux. Au contraire, les écologistes sont très déçus puisqu'ils exigeaient un objectif de 55 %. D'après Nicolas Hulot, envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète : « La Commission a fait le minimum vital face à la menace climatique qui s'accélère. » Connie Hedegaard a critiqué les ONG pour leur idéalisme et leur naïveté politique.
Par ailleurs, le manque de mesures réellement contraignantes pour les États membres a été pointé du doigt par la filière européenne de l'éolien, mais aussi par le Parlement européen. Le député Matthias Groote (Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates), a déclaré « Je regrette que la Commission se soit laissée hypnotiser par ceux qui prétendent que des objectifs climatiques et énergétiques ambitieux représentent un coût, et qu'elle n'ait pas proposé d'objectifs contraignants en termes d'efficacité énergétique. ».


Mais le débat n'est pas encore clos puisque ces recommandations vont être examinées par le Conseil et le Parlement européens. Les enjeux sont importants puisque le plan de l'UE pourrait servir de modèle aux autres puissances mondiales lors de la conférence des Nations Unies sur le climat à Paris en 2015.


Clémence Garnier


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