En effet, Federica Mogherini a rencontré lundi 19 janvier le secrétaire général de la Ligue des Etats Arabe Nabil El Araby pour discuter de la situation dans le monde arabe. Suite à cet entretien, la chef du service diplomatique de l’UE a déclaré que « l’Europe et le monde arabe font face à des défis communs » et a rappelé l’importance d’une « coopération étroite dans la lutte contre le terrorisme » (1). Madame Mogherini a également précisé que « ce n’est pas seulement un combat militaire et sécuritaire, mais également politique et culturel » (2).
Outre cette rencontre, les ministres européens des Affaires Etrangères ont décidé de placer des attachés de sécurité dans les délégations de l’UE des pays les plus touchés par le terrorisme. (3) Cette mesure devra être validée par les ministres de l’intérieur européens durant le mois de février au cours d’un sommet consacré au terrorisme. (4) Les ministres européens des Affaires Etrangères ont également demandé au Parlement Européen de voter le texte sur les PNRs (Passenger Name Record) le plus rapidement possible. (5)
La coopération européenne en matière de terrorisme n’est pas pour autant le fruit des récents évènements. En 1898, une conférence internationale secrète réunissait déjà les principaux ministres européens de l’intérieur pour trouver une réponse harmonisée au terrorisme anarchiste. A partir des années 70, des clubs européens – rassemblant généralement des hauts fonctionnaires de police – se sont constitués principalement dans le but de discuter sur les questions de terrorisme. En 1975, un groupe d’expert travaillant exclusivement sur les questions de terrorisme a été formé au sein de la structure intergouvernementale TREVI (Terrorisme, Radicalisme, Extrémisme et Violence Internationale). Au-delà de la coopération intergouvernementale, la lutte contre le terrorisme est entré dans l’acquis communautaire avec les accords de Schengen en 1985, bien que toujours soumis au vote à l’unanimité au sein du conseil Justice et Affaires Intérieures. Le terrorisme fait également partie du champ de compétence d’Europol – créé en 1999 - qui échange des renseignements, des conseils et des stratégies avec les états membres. Le 13 septembre 2011, le Mandat d’Arrêt Européen est créé dans le but de lutter contre le terrorisme.
Si la coopération européenne existait déjà en matière de terrorisme, elle était donc jusqu’à maintenant intergouvernementale et surtout interne à l’Europe. Federica Mogherini et les ministres européens des affaires extérieures offrent donc à la lutte contre le terrorisme une nouvelle dynamique en l’ouvrant aux pays de la Ligue des Etats Arabes et à la Turquie. Il semble en effet regrettable que l’UE n’ait pas pensé plus tôt à ouvrir la coopération en matière de lutte contre le terrorisme en dehors de ses frontières. Comme en a attesté Federica Mogherini en déclarant que « c’est la première prise de conscience du besoin de travailler ensemble » (6), il aura fallu attendre les évènements tragiques de ces dernières semaines pour ouvrir le champ de vision européen.
Sources :
1/ ENPI Info Center, le 20 janvier 2015 :http://enpi-info.eu/mainmed.php?id=39668&id_type=1&lang_id=469
2/ Communiqué de presse du Service Européen pour l’Action Extérieure, le 19 janvier 2015 : http://eeas.europa.eu/statements-eeas/2015/150119_03_en.htm
3/ L’économiste Maghrébin, le 20 janvier 2015 : http://www.leconomistemaghrebin.com/2015/01/20/union-europeenne-attaches-securite-delegations/
4/ Times Free Press, le 20 janvier 2015 : http://www.timesfreepress.com/news/breakingnews/story/2015/jan/20/eu-calls-anti-terror-alliance-arab-countries/283557/
5/ WSVN, le 20 janvier 2015 : http://www.wsvn.com/story/27885036/eu-calls-for-anti-terror-alliance-with-arab-countries
6/ Middle East Monitor, le 20 janvier 2015 : https://www.middleeastmonitor.com/news/europe/16464-eu-to-boost-intelligence-sharing-with-turkey-and-arab-states