De nombreux slogans proclamaient : « Des règles d’asile plus strictes et plus d’exigences pour les immigrés » ainsi que « Si tu viens au Danemark, tu dois travailler». De droite ou de gauche, tous les partis politiques s’y sont mis mais c’est la première fois que les sociaux-démocrates jouent cette carte de manière aussi offensive. Par la suite, le gouvernement danois a placé des publicités anti-immigration dans la presse libanaise. L’idée était de dissuader la population concernée à migrer vers le Danemark en prévenant que le pays avait durci sa politique d’asile. En effet, différentes mesures ont été appliquées telles que la réduction de 50% des allocations sociales pour les nouveaux arrivants, l’interdiction du rapprochement familial lors de la première année, et l’obligation de parler et comprendre le danois. Tous ceux qui n’auront pas de permis de résidence seront « renvoyés rapidement » hors de l’Etat danois.

Mais ce mois-ci, la politique anti-migratoire danoise s’est d’autant plus durcie, générant de lourds débats au sein de l’Union Européenne. Parmi les mesures en discussion, l’une d’entre elle prévoit de confisquer les biens des réfugiés afin de payer leur séjour. Cette mesure tente de placer le Danemark comme une destination à éviter dans la tête des migrants qui n’ont généralement plus beaucoup d’affaires personnelles et ne veulent pas risquer de perdre les biens qui leur restent.
Cette disposition a bien évidemment choqué les organismes de défense des droits de l’homme, notamment le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés qui l’a qualifié de contraire aux « standards européens et internationaux de protection des droits de l’homme », et susceptible « d’alimenter la peur et la xénophobie ». Même si les biens de valeur sentimentale, comme les alliances, sont exclus de cette confiscation, la presse américaine a comparé cette pratique à ce que subissaient les juifs pendant la seconde guerre mondiale. C’est donc toute la démocratie danoise et leurs valeurs morales qui sont remises en cause par cette politique d’exclusion.

"Infraction à la dignité humaine"

Le Danemark n’est pourtant pas le pays le plus touché par l’immigration, notamment face à son voisin suédois. Mais le parti populaire danois dicte depuis longtemps l’agenda politique sur ces questions, en allant de plus en plus loin dans la sévérité des mesures. Aujourd’hui, le parti politique demande par exemple la mise en place de camps pour les réfugiés à la campagne afin de les renvoyer plus facilement lorsque la sécurité serait revenue dans leur pays d’origine. La comparaison aux camps juifs pourrait se faire encore plus facilement dans cette situation, ce qui n’est en rien rassurant. Avec 21000 dossiers enregistrés en 2015, le Danemark est un des pays ayant reçu le plus de demandes d'asile (par rapport à sa population). Par conséquent, le gouvernement a décidé d’orienter les demandeurs d’alise vers des camps de tentes afin de bien montrer à ses citoyens qu’il ne dépense pas trop d'argent pour les étrangers. En effet, ceci est une question fondamentale pour les danois.

Le Conseil de l’Europe est donc intervenu par l’intermédiaire du Commissaire aux droits de l’homme, Nils Muiznieks, qui a adressé une lettre publique à la ministre danoise de l’immigration afin de signaler que les mesures évoquées devaient être «reconsidérées». Il évoque notamment la possibilité de placer les demandeurs d'asile en détention dans des "circonstances spéciales", et se dit préoccupé par des modifications législatives limitant l'accès au regroupement familial.

Les changements restrictifs apportés récemment à la législation danoise relative à l'asile et à l'immigration suscitent de graves préoccupations quant à leur conformité avec les normes des droits de l'homme. Le gouvernement devrait reconsidérer ces changements et veiller à ce que la législation et la pratique tiennent pleinement compte de l'obligation incombant au Danemark de respecter les normes de protection des réfugiés. - Nils Muiznieks, Commissaire aux droits de l'homme.




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