L'adoption notamment du contrôle des médias publics désormais par le ministre du Trésor ainsi qu'une réforme controversée du tribunal constitutionnel, suscitent au sein de l'Union Européenne des inquiétudes quand à la préservation de la démocratie au sein de la Pologne.
Ce qui inquiète et surprend d'autant plus l'ensemble de la communauté européenne est que la Pologne jusqu'ici relevait de l'élève modèle et représentant de la success story européenne. Effectivement depuis son entrée dans l'UE en 2004, le pays a connu un développement économique important et était politiquement toujours en accord avec les valeurs défendues et prônées par l'Union.
Face à ces premiers signes de déclin de la démocratie deux choix s'offraient à l'UE, ne rien faire ou bien agir mais sans en faire trop au risque de provoquer une crise. Crise dont l'UE n'a actuellement pas besoin au vu d'un contexte européen des plus délicat.
- Bruxelles met en garde Varsovie
L'union Européenne a donc cherché à prévenir la Pologne de possibles représailles suite à ces décisions. Le 13 janvier la Commission européenne a ainsi lancé une enquête préliminaire sur la situation de l’État de droit en Pologne. Cette procédure est utilisée pour la première fois depuis sa création en mars 2014. L'enquête préliminaire est la première des étapes de cette procédure de « sauvegarde de l’État de droit » qui vise à la (ré)conciliation entre les deux parties. L'UE a conscience de la nécessité de l'entretien de bonnes relations avec la Pologne et exprime par ce système la volonté d'instaurer un dialogue avec le gouvernement polonais sur les points de discordance.
Beata Szydlo au Parlement européen, le 19 janvier 2016.
Le gouvernement polonais et notamment Beata Szydlo, première ministre, se sont montrés peu réceptifs aux revendications bruxelloises. Effectivement une forme d'indignation et d'incompréhension pointe chez les dirigeants du pays avec une non-compression de cette intrusion dans sa souveraineté et la revendication que toutes les mesures prises jusqu'ici par le gouvernement l'étaient dans le sens non pas d'un recul de la démocratie mais d'une avancée de celle-ci. « La Pologne est un pays démocratique, ces critiques relèvent de malentendus. Ces débats sont dégradants, ils n'ont pas de sens"1 tels sont les propos que la chef de gouvernement a tenu lors de son intervention le 19 janvier au Parlement européen pour justifier de la situation de son pays et des mesures prises. Si le gouvernement semble être soutenu par une partie de sa population, ses nouvelles positions sont également critiquées comme en atteste la présence d'opposants à Strasbourg dans le but de dénoncer les mesures anti-démocratiques du gouvernement et son pouvoir devenant à leurs yeux autoritaire ou encore des manifestations qui ont eu lieu dans le pays le 23 janvier au nom de la préservation de la démocratie dans le pays.
- Donald Tusk, un médiateur entre les deux camps
Le président polonais du Conseil Européen semble vouloir apaiser les tensions naissantes entre l'Union européenne et son pays. Effectivement suite au lancement de l'enquête par la Commission, la Pologne cherche à redorer son image et à rassurer ses partenaires européens.
Andrzej Duda et Donald Tusk le 18 janvier 2016
Ainsi le président polonais Andrzej Duda a rencontré son homologue lundi 18 janvier dernier. Les deux hommes ont appelé et prôné à la mise en place de débats et discussions calmes et encadrés dans un climat serein et surtout avec une volonté d'apaiser des tensions qui se sont éveillées durant ces dernières semaines. De plus Donald Tusk semble estimer comme quelque peu injustifiés les reproches et mises en garde de l'UE envers son pays, sans pour autant justifier les décisions prises dernièrement par le gouvernement polonais. De plus il a rappelé lors de la conférence donnée lors de cette rencontre les bienfaits dont la Pologne a bénéficié depuis son adhésion à l'UE. Néanmoins, certains voient dans le président du Conseil européen un véritable rôle de médiateur entre la Pologne et l'UE, d'autant plus que de l'issue de cette discordance peut dépendre sa réélection ou non à son poste de président du Conseil européen de l'UE, qui fait la fierté de son pays.
Sources :
Article RFI, 18/01/2016 : http://www.rfi.fr/europe/20160118-bruxelles-varsovie-plaident-dialogue-plus-apaise-andrzej-duda-donald-tusk
Article de l'Opinion, 18/01/2016 http://www.lopinion.fr/edition/international/numero-d-equilibriste-donald-tusk-face-aux-tensions-entre-bruxelles-94943
Article de Le Figaro, 18/01/2016 : http://www.lefigaro.fr/international/2016/01/18/01003-20160118ARTFIG00186--bruxelles-le-president-polonais-tente-de-calmer-le-jeu.php
Article de RFI, le 20/01/2016 http://www.rfi.fr/europe/20160120-pologne-beata-szydlo-defend-face-parlement-europeen
Article de Le Monde, 23/01/2016 : http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/23/manifestations-en-pologne-pour-preserver-notre-democratie-et-notre-liberte_4852482_3214.html
Article de France Info, 24/01/2016 : 1 http://www.franceinfo.fr/emission/en-direct-de-l-europe/2015-2016/sauvegarde-de-l-etat-de-droit-en-pologne-l-ue-et-varsovie-dialoguent-24-01-2016-05-09
Image Beata Szydlo : http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/20/la-pologne-defend-ses-projets-controverses-devant-le-parlement-europeen_4850131_3214.html
Image Duda et Tusk : http://www.rmf24.pl/fakty/news-spotkanie-w-cztery-oczy-w-brukseli-tusk-polska-nie-ma-wrogow,nId,1955875