Le 25 décembre 1991, le premier secrétaire du Parti communiste soviétique, Mikhail Gorbatchev, annonce la fin de l'URSS. Ce discours sonne le glas de l'idéologie communiste léniniste dans le monde et la victoire du libéralisme américain. A tel point que le politiste américain Francis Fukuyama parle de la "fin de l'Histoire". Cependant, le libéralisme s'est imposé réellement quelques années plus tôt dans le monde et particulièrement en Europe. L'Union européenne, telle que nous la connaissons aujourd'hui, s'est construite sur la base d'un libéralisme économique. Cette construction a commencé par l'instauration, entre autre, d'un marché commun avec le traité de l'Acte Unique européen en 1986 et s'est achevée en 1992 par le traité de Maastricht lors de l'instauration d'une monnaie unique, l'Euro. Le libéralisme économique européen s'est d'abord "exprimé" au sein des différentes communautés européennes et maintenant de l'Union européenne. Aujourd'hui, il s'"exprime" à l'extérieur de l'Union européenne. En effet, l'Union européenne négocie depuis 2013 à l'établissement d'une zone de libre-échange avec les Etats-Unis. Le 22 décembre 2015, la commission européenne annonce l'entame de négociations pour l'instauration d'une zone de libre-échange entre l'Union européenne et les Philippines. Cette annonce interpelle. En effet, quelle est la légitimité de cet accord ? Pourquoi apporter plus de concurrence dans une zone économique morose ? Cet accord qui se profile ne va-t-il pas finir d'achever une économie européenne déjà morose ?
La théorie libérale économique est une théorie qui date du XVIIIème siècle et qui a été élaborée par l’économiste Adam Smith dans son œuvre La Richesse des Nations. Même si, principalement, elle apporte une vision d’une certaine économie nationale, certains auteurs, dont Smith, ont vu que leur théorie libérale pouvait comporter un « volet » plus international. Adam Smith a théorisé la répartition du travail dans son texte sur la manufacture d’épingles. Selon lui, pour que les employés gagnent en productivité, il faut qu’il y ait un émiettement des tâches. Si les ouvriers sont plus productifs, alors l’entreprise gagne en compétitivité et donc dégage du bénéfice. Elle entre dans un cercle vertueux. Adam Smith ne s’est pas arrêté à l’entreprise et a voulu appliquer sa théorie aux Etats et au commerce international. Ainsi est née la théorie des avantages absolus. Cette théorie affirme que si chaque pays se spécialise dans des domaines d’activité différents mais complémentaires afin de détenir un avantage absolu, alors les exportations vont augmenter, les coûts de productions vont baisser et, in fine, la croissance du pays va augmenter. Ce théorème connait quelques limites mais celles-ci sont « comblées » par un autre théorème : le théorème de David Ricardo. Ce dernier instaure la notion d’avantages relatifs et celle-ci est complété par un autre théorème élaboré par trois américain : le théorème HOS. Ces théorèmes possèdent le même enseignement : le commerce international permet l’augmentation de la croissance d’un pays.
Donc, à la lumière de ces théories économiques mais aussi de théorie politique comme celle du « Soft power » de l’américain Joseph NYE, il est possible d’avoir plusieurs analyses. Au niveau économique, cet accord pourrait favoriser à terme l’Union européenne. En effet, les Philippines sont un pays en voie de développement avec un fort taux de croissance. S’il y a un accord alors l’Union européenne trouvera un nouveau marché pour vendre ses biens en Asie et donc augmentera ses exportations et sa croissance. Mais aussi en favorisant les partenariats d’entreprise entre les entreprises européennes et celles asiatiques. De plus, au-delà de la vision économique, ce marché pourrait apporter une vision européenne en Asie. L’Union européenne pourrait « imposer » sa vision du monde en Asie et donc, en trouvant de nouveaux « alliés », gagner du poids sur la scène internationale.
Finalement, l’Union européenne a la légitimité de passer ce genre d’accord car elle s’inscrit dans le paradigme international dominant depuis la fin des Trente Glorieuses et cette compétence lui a été donnée à travers les traités. Cette accord pourrait être bénéfique à l’ensemble de l’Union européenne, tant au niveau économique qu’au niveau politique.
Source : Site de la Commission européenne, http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-6352_fr.htm?locale=en