Les deux jeunes femmes récompensées, Nadia Murad et Lamiya Aji Bashar, font partie de la communauté yézidi, minoritaire en Irak et sous le joug des islamistes qui cherchent à convertir cette population de force. En 2014, des actions importantes sont menées contre les Yézidis: les femmes en "capacité" d'avoir des relations sexuelles sont enlevées, vendues, achetées et deviennent les esclaves des membres de l'Etat islamique qui les violent régulièrement; les hommes sont envoyés au combat dans les troupes de l'Etat islamique; le reste de la population est tué.
Nadia et Lamiya ont plusieurs fois tenté de s'échapper avant de bénéficier d'aide pour fuir. Elles étaient à chaque fois rattrapées, torturées, et subissaient des viols collectifs pour les dissuader de recommencer. Alors que certaines des filles dans une telle situation de violence préféraient se donner la mort, les deux lauréates se sont accrochées à la vie et souhaitent désormais faire reconnaître ce qu'elles considèrent comme étant le "génocide" yézidi. Leur voeu le plus cher est de sauver les femmes yézidies qui sont malmenées comme elles ont pu l'être, et plus largement stopper le massacre de l'Etat islamique sur cette communauté minoritaire.
Elles se reconstruisent désormais en Allemagne, l'une étant devenue ambassadrice de l'ONU pour la dignité des victimes du trafic d'êtres humains et se consacrant entièrement à la cause qu'elle défend; l'autre souhaitant exercer le métier d'institutrice, sans perdre de vue son objectif. Toutes deux sont traumatisées de cette expérience et affirment qu'elles ne pourront pas vivre en paix tant que rien ne sera fait pour leur peuple. Elles font d'ailleurs appel à la communauté internationale, lui sommant de réagir face à la menace quotidienne que constitue l'islam radical, Daesh.
Dès lors, le prix ne reste-t-il pas simplement un lot de consolation? En effet, même s'il s'érige en récompense de l'engagement de ces deux jeunes femmes, ne demeure-t-il pas assez insignifiant devant la gravité de la situation du peuple yézidi? La somme conséquente de 50 000 euros allouée aux lauréates pourra-t-elle efficacement servir leur cause? Cela montre certes que l'institution européenne se soucie du problème et qu'elle apporte son soutien à la défense des droits de l'Homme, mais il lui faut désormais donner suite à cet événement, et de façon concrète. Le mal est déjà fait, cependant il est possible d'agir pour éviter qu'il ne se répande plus encore.
Sources: - http://www.europe1.fr/international/prix-sakharov-qui-sont-les-deux-yezidies-rescapees-des-mains-de-etat-islamoique-2884184 - http://www.liberation.fr/planete/2016/10/27/le-prix-sakharov-decerne-a-deux-femmes-yezidies-rescapees-du-groupe-etat-islamique_1524651 - http://www.lefigaro.fr/international/2016/10/27/01003-20161027ARTFIG00171-le-prix-sakharov-2016-attribue-a-deux-femmes-yazidies-rescapees-de-daech.php - http://internacional.elpais.com/internacional/2016/10/27/actualidad/1477562136_093520.html - https://www.theguardian.com/law/2016/oct/27/yazidi-women-who-escaped-isis-win-sakharov-prize-human-rights-nadia-murad-lamiya-aji-ashar