« The very existence of our Union is being questionned », Federica Mogherini
Depuis un an, déferle sur l’Europe une vague de menaces qui fragilise le continent et ébranle considérablement la cohésion communautaire des Etats membres de l’Union européenne. Les attaques terroristes se multiplient pour frapper l’Europe au cœur de ses valeurs et distillent le venin de la méfiance, favorisant le repli national et la montée des partis d’extrêmes droites. Sous couvert d’Etat d’urgence, se fissure les valeurs démocratiques. Aux portes du continent, l’arrivée massive de réfugiés ne tarit pas : les frontières se ferment, les murs s’érigent et la crise n’en finit pas d’offrir le spectacle d’une Union européenne débordée et incapable de concertation pour trouver des solutions adéquates. Le spectre de l’implosion de Schengen plane au-dessus du continent. L’inefficacité de Frontex, l'agence européenne pour la gestion de la coopération aux frontières extérieures, interroge. Sur le plan politique et communautaire, le « oui » des britanniques au Brexit porte un coup à la construction identitaire de l’Union. Beaucoup ont vu dans l’élection du candidat républicain Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, le 8 novembre, le sursaut de la défense de l’Union européenne. A Bruxelles, le 14 novembre, Federica Mogherini, Haute Représentante de la Sécurité et de la Défense, à la tête du Service européen pour l’Action extérieure (SEAE) et Vice-présidente de la Commission européenne (CE), a présenté devant les Ministres des Affaires étrangères européens un Plan de Stratégie Globale de l’UE sur la Politique Etrangère et de Sécurité commune.
L’ambition d’une Union européenne comme « global security provider »
Intitulé « Une vision partagée, une action commune : une Europe plus forte », ce plan se concentre sur trois priorités : répondre pleinement, rapidement et fermement aux crises ; consolider les capacités de défense et de sécurité des partenaires de l’Europe ; renforcer la capacité de l’Union européen à protéger les citoyens européens. L’objectif est de conforter le rôle de l’Europe comme porteur de valeurs de paix, de démocratie et de solidarité à l’échelle mondiale. Pour tendre à une approche intégrée de la gestion des crises internes et externes, Federica Mogherini tient aussi à renforcer la coopération avec l’OTAN de Jens Stoltenberg. Il y a quelques semaines, la Commission européenne avait déjà approuvé la création d’une Garde européenne des côtes et des frontières, pour succéder à l’Agence Frontex. Federica Mogherini propose aussi de mettre en œuvre un suivi annuel et stratégique du Plan, constamment analysé, approfondi et amélioré par une concertation des institutions de l’Union.
Une Europe de la défense… sans défense ?
Le Plan de Stratégie Globale du Service européen pour l’Action extérieure présente toutefois un lourd handicap : Federica Mogherini n’entend pas défendre l’Europe par le recours à la force armée. Ainsi qu’elle l’affirme dans le communiqué de presse dévoilant le Plan, l’Union européenne, comme elle l’a toujours fait, usera du soft power. De fait, l’accent est mis sur la cyberdéfense, la sécurité énergétique et la communication stratégique entre l’UE, ses partenaires et ses citoyens. Les spéculations des dirigeants européens sur la possible création d’une Armée européenne datent, mais restent à l’état de spéculation. De même, si le Service européen pour l’Action extérieure annonce, consécutivement à ce plan, une hausse du budget de l’Agence européenne de défense, l’organisation de Jorge Domecq est souvent considérée comme un échec patent et a eu les ailes coupées dès sa création, par manque de moyens. Il semble qu’il pourrait pourtant être de bon ton d’harmoniser les capacités militaires de l’Union à l’échelle de l’Europe, pour l’instant gérées à l’échelle de l’OTAN et à l’échelle nationale des pays membres. Le chemin vers une Europe de la défense militarisée et dotée d’une armée forte paraît encore très long.
Sources :
-https://europa.eu/globalstrategy/fr/strategie-globale-de-lunion-europeenne