L'accord UE-Mercosur, quelles avancées ?



Organisée dans le cadre du Midi de l’Europe par la Représentation de la Commission européenne en France, la visioconférence intitulée « Accord UE–Mercosur : quels enjeux pour les collectivités ? » s’est tenue en partenariat avec le Centre Europe Direct du Val d’Oise. Elle visait à présenter les dernières avancées du projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, à en expliquer les grands axes et à en mesurer les effets potentiels pour les territoires européens.



Un accord économique d’envergure relancé par de nouveaux enjeux géopolitiques



Les discussions autour d’un accord commercial entre l’UE et le Mercosur (l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay) ont débuté il y a près de vingt-cinq ans. Un premier texte d’accord avait été proposé en 2019, mais il avait suscité de nombreuses critiques, notamment sur les volets environnementaux et agricoles. Ces objections ont conduit à une phase de renégociation, qui s’est terminée en décembre 2024. Le contexte international actuel confère une dimension géopolitique nouvelle à ce partenariat. Alors que les tensions mondiales se multiplient, l’Union européenne cherche à renforcer ses alliances économiques et politiques. Le Mercosur devient en effet une terre chinoise à travers le commerce et les différentes implantations (infrastructures, barrages, ports, usines automobiles). Donc, celui-ci constitue un partenaire stratégique pour l’Europe dans une logique de diversification des échanges et de sécurisation des approvisionnements.



Présenté comme le plus vaste accord de libre-échange au monde, le projet UE–Mercosur vise à réduire de 90 % les droits de douane entre les deux zones. Il ouvrirait de nouvelles perspectives pour les entreprises européennes, notamment les petites et moyennes entreprises (PME), grâce à la simplification des procédures douanières et à un meilleur accès aux marchés publics des pays du Mercosur. Les bénéfices attendus sont importants pour les territoires européens : accroissement des exportations, réduction de la bureaucratie commerciale, et meilleure sécurité d’approvisionnement en matières premières critiques (cuivre, lithium, etc.). Du côté des importations, l’accord faciliterait également les échanges agricoles, notamment pour les produits alimentaires destinés à l’élevage européen.



Les enjeux agricoles et environnementaux



Le secteur agricole, souvent au cœur des débats sur le libre-échange, représente à la fois un enjeu défensif et offensif pour l’UE. L’agriculture européenne affiche un excédent commercial d’environ 70 milliards d’euros et cherche à consolider sa position à l’international. L’ouverture du marché du Mercosur — traditionnellement très protégé, avec des droits de douane compris entre 10 et 35 % — offrirait des opportunités significatives d’exportation pour certains produits, comme les fromages ou le lait en poudre. L’accord protège en outre 350 indications géographiques européennes, dont 63 françaises, garantissant la reconnaissance et la valeur ajoutée de produits tels que le comté. Trois dispositifs visent à encadrer les filières sensibles : des quotas limités pour les produits à risque (bœuf, sucre, riz, éthanol, etc.) ; une clause de sauvegarde rapide permettant de rétablir les droits de douane en cas de perturbation du marché ; un fonds de compensation en cas de déséquilibres durables.



Sur le plan sanitaire et environnemental, l’accord renforce les contrôles pour garantir le respect des normes européennes en matière de sécurité alimentaire, de pesticides ou d’antibiotiques. Les importations seront soumises à des vérifications sur place et à la douane, afin d’assurer la conformité avec les standards de l’UE. La clause environnementale représente une avancée majeure : pour la première fois, les objectifs de l’Accord de Paris sont intégrés comme élément essentiel du texte. Les pays du Mercosur s'engagent à lutter contre la déforestation et à renforcer la transparence environnementale, avec des mécanismes de suivi réguliers.



Une ratification complexe et un suivi attentif



L’accord nécessite encore une double ratification par le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen. Les États membres conserveront un rôle clé dans les contrôles douaniers et dans la mise en œuvre des mesures de sauvegarde. Le suivi de l’application de l’accord sera régulier et transparent avec la publication d’un rapport semestriel sur son impact économique et environnemental.



Pour conclure, l’accord UE–Mercosur incarne une ambition européenne de renforcer ses partenariats stratégiques tout en intégrant les exigences de durabilité. Il offre des perspectives économiques substantielles, notamment pour les territoires et les entreprises exportatrices, mais soulève encore des inquiétudes sur la cohérence entre commerce, environnement et souveraineté agricole. En effet, de nombreux débats subsistent et la crainte que les clauses sanitaires et environnementales ne soient pas respectées et contrôlées de manière assidue pourrait engendrer des problèmes économiques et sociaux de plus grande envergure.




Sources :



Ross, N. et Smajic–Simunovic, E. (2025) Midi de l’Europe : Accord UE–Mercosur conférence. Centre Europe Direct Cergy, 30 septembre 2025.



La Gazette des communes (2025) Accord UE–Mercosur : quels enjeux pour la France et ses territoires. en ligne Disponible à : https://agriculture.ec.europa.eu////



Commission européenne, (2024) EU–Mercosur Agreement. en ligne Disponible à : https://policy.trade.ec.europa.eu/eu-trade-relationships-country-and-region/countries-and-regions/mercosur/eu-mercosur-agreement_en?prefLang=fr&etrans=fr (consulté le 13 octobre 2025).



Olivier, A. (mis à jour par Verdes, J. & Lequeux, V.) (2025) Commerce : qu’est-ce que l’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne ?, Touteleurope.eu, mis à jour le 03 septembre 2025. Disponible à : https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/commerce-qu-est-ce-que-l-accord-de-libre-echange-entre-le-mercosur-et-l-union-europeenne/ (consulté le 15 octobre 2025).