Indecision_sur_l_avenir_politique_du_premier_ministre_M._Renzi.jpg Indécision sur l’avenir politique du premier ministre M. Renzi

Le 4 décembre prochain, les Italiens seront appelés aux urnes pour un référendum, afin de confirmer ou de rejeter un projet de réforme constitutionnelle fortement voulu par le premier ministre social-démocrate Matteo Renzi. La question unique du référendum porte à la fois sur plusieurs sujets hétérogènes, le principal concernant le sort du bicameralisme parfait en vigueur actuellement. Cette réforme constitutionnelle prévoit d’y mettre fin, le but officiel étant la simplification du processus législatif et des économies sur les frais de fonctionnement du Sénat, qui passerait de 315 sénateurs à 100 membres, tous représentants régionaux, qui n’auraient plus qu’un rôle consultatif.

Quel destin pour le premier ministre ?
Ce vote déterminera le destin politique de M. Renzi. C’est lui qui a alimenté cette incertitude ces derniers mois par des déclarations retentissantes. Lors de sa conférence de presse de fin d’année 2015, M. Renzi avait annoncé qu’en cas de victoire du «non» il démissionnerait et il mettrait fin à sa carrière politique. Position qu’il a maintenue jusqu’à la nuancer le 22 août dernier, peut-être à cause de la dégradation des pronostics favorables à son camp. Le premier ministre a alors affirmé que les prochaines élections politiques auront lieu comme prévu en 2018, indépendamment de l’issue du référendum. Le 23 octobre, M. Renzi a à nouveau affirmé qu’en cas de défaite il démissionnerait, toutefois sans renoncer à d’autres missions politiques. Enfin, le 17 novembre, énième changement d’opinion: si sa réforme ne passe pas, il quittera définitivement la politique. Serait-ce une stratégie pour essayer de gagner le soutien des électeurs indécis, qui représenteraient 30-35% du total?

Pour la République ou pour M. Renzi?
Cette maladresse – ou fluctuation stratégique – de la part du premier ministre cause une incertitude politique et financière. De plus, M. Renzi a lié cette réforme de la Constitution à sa personne. Le mea culpa qu’il a fait par la suite, reconnaissant avoir commis une erreur en personnalisant ce vote, ne suffit pas à inverser une tendance désormais répandue parmi les électeurs: la consultation du 4 décembre ne reflètera pas l’opinion des Italiens sur le contenu de la réforme, mais sera surtout un référendum sur la popularité du premier ministre, une sorte de vote «pour ou contre Renzi».
Cette dynamique est d’autant plus dramatique qu’elle ne met en cause rien de moins que la loi fondamentale de la République italienne, promulguée en 1947. En outre, M. Renzi aspire à modifier la Constitution sans aucun accord supra partes. En effet, seule la coalition qui soutient le gouvernement approuve cette réforme, tandis que les partis de droite, l'opposition de gauche, le Mouvement 5 Etoiles (M5S), et même l'aile gauche du Parti démocrate de M. Renzi y sont opposés.

Un «Concours International de Prédiction»
Le résultat du référendum est très attendu également au niveau international, notamment pour l’éventuelle démission de M. Renzi, qui provoquerait un vide politique, synonyme d’instabilité économique et financière. Sachant que le parti anti-européiste M5S aurait de fortes chances de gagner les prochaines élections, surtout si elles se déroulaient avec l’actuel système de vote, un gouvernement «technique» de transition pourrait être formé afin de changer la loi électorale. En Europe et aux Etats-Unis, les médias se sont lancés dans les prévisions post-vote, imaginant des cas de figure extrêmement divergents. Deux tendances prévalent: le Wall Street Journal et le Financial Times avancent, en cas de rejet de la réforme, un scénario catastrophe pour le système financier italien. Ce référendum serait aussi dangereux que celui sur le Brexit, car il pourrait entraîner une sortie de l’Italie de la zone Euro, et par conséquent la dissolution de cette dernière. The Economist, en revanche, est sceptique envers le projet de M. Renzi et convaincu du fait que la défaite du premier ministre n’aurait pas de conséquences dramatiques, ni pour l’Italie, ni pour l’Europe.

Dans ce chaos pre-vote se profile une nécessité, également soulignée par The Economist: faire moins de chantage aux Italiens par des prévisions apocalyptiques, et se focaliser davantage sur le contenu de cette réforme. Ainsi, la décision des électeurs serait réfléchie et prise dans le seul intérêt de la République italienne.


Sources:

Forexinfo.it, 29/11/2016 https://www.forexinfo.it/Référendum-costituzionale-2016-cosa-votare-si-o-no-come-funziona
Eurotopics, 22/11/2016 et 25/11/2016 https://www.eurotopics.net/fr/169877/référendum-en-italie-un-enjeu-de-taille?zitat=169823
Corriere della sera, 24/11/2016 http://www.corriere.it/référendum-costituzionale-2016/notizie/référendum-costituzionale-2016-economist-l-italia-voti-no-ccd6f106-b274-11e6-b816-d363c3de2004.shtml
La Repubblica, 21/11/2016 http://www.repubblica.it/politica/2016/11/21/news/référendum_italiano_visto_dai_giornali_finanziari_esteri-152449063/
Alganews, 17/11/2016 https://alganews.wordpress.com/2016/11/17/renzi-cambia-ancora-idea-se-perde-lascia-e-niente-tecnici/
L’OBS, 28/09/2016 http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20160926.OBS8782/italie-un-référendum-pour-ou-contre-renzi.html
Europe 1, 26/09/2016 http://www.europe1.fr/international/italie-référendum-le-4-decembre-sur-une-importante-réforme-constitutionnelle-2856976
L’Unità.tv, 29/12/2015 http://www.unita.tv/focus/conferenza-di-fine-anno-del-premier-renzi-diretta/