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L'inattendu Brexit ne va peut être pas seulement changer les frontières extérieures de l'UE mais aussi ses frontières intérieures. En effet, la chef du gouvernement écossais, Nicola Sturgeon, menace d'organiser un second référendum d'indépendance si Theresa May bloque sa volonté de mettre en place un accord spécial avec l'UE pour l’Écosse, suite au Brexit. Cette sortie de l’Écosse du Royaume Uni pourrait avoir comme effet domino la sortie de la Catalogne, voire du Pays Basque, de l'Espagne.


Expliquons-nous. Alors que la majorité du Royaume-Uni a voté pour une sortie du pays de l'Union, les écossais eux ont voté à 62% contre le Brexit. Pour l'instant, la volonté du gouvernement écossais est de négocier un accord spécial entre l'UE et l’Écosse à la suite du Brexit, pour permettre à la région de rester plus proche de l'Union que ce que souhaite le reste du Royaume-Uni, notamment de pouvoir rester au sein du marché commun. Cependant, le gouvernement britannique ne semble pas vouloir de cet accord privilégié pour l’Écosse. Nicola Sturgeon mettrait alors en œuvre la menace de dernier recours, la tenue d'un second référendum pour l'indépendance de l’Écosse. « Je suis déterminée à ce que l'Écosse puisse reconsidérer la question de son indépendance et ce avant que le Royaume-Uni ne quitte l'UE si c'est nécessaire pour protéger les intérêts de notre pays » a-t-elle annoncé en octobre dernier (1). Il est important de noter que le contexte de ce nouveau référendum serait bien différent de celui de 2014, qui avait été rejeté à 55% par les écossais. Les écossais avaient voté non au premier référendum par peur de devoir quitter l'UE, alors que le nouveau référendum aurait comme but premier de leur permettre de rester dans l'Union.

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Étonnamment, l'Union Européenne ne semble pas enjouée à l'idée d'une indépendance de l’Écosse qui lui permettrait de rester dans l'Union. Au premier rang des pays opposés à cette idée se trouve l'Espagne. Dès le mois de juin Mariano Rajoy s'était opposé à ce que l’Écosse reste dans l'UE après le Brexit. Lorsque l'idée d'un accord spécial entre l'UE et l’Écosse malgré le Brexit a été émise, le gouvernement espagnol a rapidement prévenu qu'il ne soutiendrait pas la demarche d’Édimbourg. "Le gouvernement espagnol s'oppose à ce que toute négociation soit menée avec quelqu'un de différent que le gouvernement du Royaume-Uni" a déclaré le chef du gouvernement espagnol.


Il semble légitime de se demander pourquoi Madrid s'oppose si fortement à l'appartenance de l’Écosse à l'UE ou au marché commun. La clé de cette interrogation se trouve dans les velléités indépendantistes de certaines Communautés Autonomes espagnoles, la Catalogne et le Pays Basque. En effet, « le cas écossais n'est pas isolé » comme le note La Tribune. La volonté indépendantiste de ces deux Communautés est tout aussi forte, voire plus, que celle de l’Écosse. Il y a deux ans, la Catalogne, ayant pris exemple sur le premier référendum écossais, a même voté à une grande majorité pour l'indépendance. Madrid, s'opposant farouchement à l'indépendance catalane, a cependant déclaré le référendum anticonstitutionnel. Ici s'explique alors la position de l'Espagne par rapport à l’Écosse. Car soutenir le séparatisme écossais la mettrait en porte-à-faux vis-à-vis des demandes d'indépendance de ses propres Communautés Autonomes. Permettre à l’Écosse de devenir indépendante et de continuer de faire partie de l'UE pourrait obliger l'Union à réserver le même traitement à la Catalogne et au Pays Basque. Un député espagnol a déclaré que « l'Espagne a de nombreuses raisons d'être une amie du Royaume-Uni et d'avoir le même point de vue sur la question écossaise », faisant clairement référence aux mouvements séparatistes catalans et basques selon Politics Home.


La peur de la contagion de l'indépendance de l’Écosse à d'autres régions européennes semble ainsi fortement pénaliser la demande, pourtant flatteuse, d’Édimbourg de vouloir rester dans l'UE ou du moins de conserver son appartenance au marché commun. Il est vrai qu'en ces temps de crise européenne déjà forte, l'éclatement de l’État espagnol serait une déstabilisation de plus pour l'Union. Cependant, il semble important de noter que la situation n'est pas la même pour Édimbourg que pour les Communautés espagnoles. Si l’Écosse veut devenir indépendante pour pouvoir rester dans l'UE, rien n'est moins sur pour la Catalogne et le Pays Basque qui souhaitent quitter un État à l'intérieur de l'Union, et dont l'appartenance à l'UE, après une hypothétique indépendance, n'est pas assurée.

(1) http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/brexit-un-nouveau-referendum-ecossais-sur-l-independance-en-preparation-607533.html

Sources :

https://www.theguardian.com/politics/2016/dec/01/scotland-will-not-get-special-brexit-concessions-says-philip-hammond

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/brexit-un-nouveau-referendum-ecossais-sur-l-independance-en-preparation-607533.html

https://www.politicshome.com/news/europe/eu-policy-agenda/brexit/news/81144/nicola-sturgeon-warned-spain-will-block-special

http://www.huffingtonpost.fr/2016/06/29/lespagne-soppose-a-ce-que-lecosse-reste-dans-lunion-europeen/