L’Union Européenne (UE) porte une grande importance à des valeurs telles que la dignité humaine, la liberté, l’égalité ou le respect des droits de l’Homme tout en intégrant des principes de tolérance, de justice et de solidarité. Le Parlement Européen, lieu symbolisant la démocratie par excellence, explicite cette prise de position via le site Europarl: « Le respect des droits de l'Homme est l'une des valeurs fondamentales de l'Union européenne. Toute violation de ces droits met à mal les principes démocratiques sur lesquels est fondée notre société, qu'elle soit commise dans l'Union européenne ou en dehors de l'Union ». Comment l’Union Européenne démontre, souligne ceci ? Le prix Sakharov, décerné par le Parlement Européen, est un exemple de soutien aux personnes se vouant aux libertés fondamentales : « Le Parlement européen soutient également les droits de l'Homme en décernant chaque année le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, créé en 1988. Le prix est décerné à des personnes qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la lutte pour les droits de l'Homme dans le monde, et attire l'attention sur les violations des droits de l'Homme tout en apportant un soutien aux lauréats ainsi qu'aux causes pour lesquelles ils se battent ».
Nous pourrions nous demander si ce type de distinction comme le prix Sakharov porte réellement effet, s’il y a vraiment une utilité. En premier lieu, les lauréats reçoivent une somme de 50 000€ et, quelque part, une notoriété mondiale et « protectrice ». Mais la question porte surtout sur le changement de cap politique des Etats dénoncés indirectement par la remise du prix d’un de leurs ressortissants : est-ce qu’ils sont atteints ? Cette distinction est-elle une « faute » diplomatique de la part de l’Union Européenne ou permet-elle un changement politique concernant les Droits de l’Homme du pays concerné ? Nous avons par exemple appris ou compris que la remise du prix au bloggeur saoudien Raïf Badaouï en 2015, a « embarrass(é) l’Arabie Saoudite » (« Libération », 16 décembre 2015). Le prix Sakharov a malgré tout l’avantage de rappeler que, d’une part, des principes tels que la liberté ou le respect des droits de l’Homme ne sont pas considérés dans tous les pays, puis d’autre part, de mettre en valeur le travail et/ou la bravoure de certains qui ont pu être persécutés ou délaissés par les autorités de leur pays.
Cette année, les lauréates sont Nadia Mourad et Lamiya Aji Bachar, deux jeunes femmes représentant malgré elles, la liberté, le courage et surtout, les violations des droits de l’Homme que l’Etat Islamique peut commettre. Symbole de courage et de liberté malgré elles car enlevées puis vendues par l’Etat Islamique avant d’être utilisées comme esclaves sexuelles. Elles ont pu, à quelques mois d’intervalles, échapper à leur calvaire, avant de rejoindre l’Allemagne. Nadia Mourad et Lamiya Aji Bachar « (…) ont toutes deux survécu à l'esclavage sexuel auquel les avait soumises l'État islamique (EI) (…)». De plus, « Elles sont (également devenues) les porte-drapeaux de la communauté yézidie en Iraq, une minorité religieuse qui a été la cible d'un génocide perpétré par les combattants de l'EI ». Communauté depuis longtemps persécutée car perçue comme « Adorateurs du diable pour certains, païens pour d'autres (…) » (« Qui sont les yézidis, cible des djihadistes en Irak », le 12/08/16, « Le Monde »). Leur distinction leur sera donnée en séance plénière, au Parlement Européen de Strasbourg le 14 décembre 2016.
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