Ainsi, en décembre 2014, la Commission européenne et l’Italie lancent le Fonds Madad, le premier fonds fiduciaire régional de l’Europe qui vise à apporter une aide régionale à une crise régionale. C’est un nouvel outil financier stratégique qui permet de mobiliser davantage d’aide en réponse à la crise syrienne. En effet, contrairement aux fonds fiduciaires classiques qui sont cantonnés à un pays, celui-ci permet d’avoir un impact sur toute la région limitrophe de la Syrie. Ainsi, l’Union Européenne et ses membres peuvent agir de façon flexible et rapide en Irak, en Egypte, au Liban, en Jordanie et en Turquie, conformément à la dénomination du fonds : en arabe, Madad signifie globalement « apporter de l’aide avec d’autres ». Après la fin du conflit, le fonds pourra servir à la reconstruction. Pour l’instant, il agit dans des domaines aussi variés que la sécurité alimentaire, l’éducation, la santé, l’approvisionnement en eau ou l’accès à l’enseignement supérieur.
C’est dans ce dernier domaine que prend place le programme HOPES (Higher and further education Opportunities and PErspectives for Syrians). Avant la guerre, 20% des Syriens entre 18 et 24 ans fréquentaient un établissement d’enseignement supérieur. Seul un quart des réfugiés actuels qui auraient pu étudier (soit 5% de la population) est actuellement à l’université dans un des pays d’accueil. En cause : une méconnaissance des langues (anglais ou autre), un manque de justificatifs des études antérieures et des frais d’inscription trop importants.
Lancé en avril 2016, HOPES vise à améliorer significativement la situation des réfugiés syriens en âge de fréquenter une université ainsi que celle des jeunes autochtones en répondant directement leurs besoins éducatifs dans des communautés d’accueil affectées par l’arrivée massive de réfugiés. Les apprenants syriens bénéficieront de diplômes reconnus et d’une formation universitaire et linguistique poussée. Cela leur permettra de poursuivre leurs études et leur carrière quand ils retourneront en Syrie.
Un consortium mené par le DAAD (l’Office Allemand d’Echanges Universitaires) met en œuvre le programme. Il est constitué de quatre agences européennes de mobilité étudiante (DAAD, Campus France, EP-Nuffic et British Council), chaque organisation étant responsable d’un champ d’activité particulier : à partir de son bureau à Beyrouth au Liban, Campus France est responsable de la communication et de l’organisation du dialogue entre les parties au niveau national et international, grâce à la création d’un réseau de représentants institutionnels ; EP-NUFFIC, l’agence néerlandaise, a lancé deux appels à projet dans les pays concernés pour financer des offres éducatives innovantes en direction des réfugiés et les communautés d’accueil vulnérables; le British Council délivre des cours d’anglais et de méthodologie universitaires pour les Syriens et les autochtones à partir de ses bureaux au Caire et à Erbil (au Nord de l’Irak) ; enfin, le DAAD, qui chapeaute le programme, assure également un service de conseils et de délivrance de bourses en direction des réfugiés et des jeunes vulnérables des pays hôtes qui veulent poursuivre des études supérieures.
Le programme doit durer jusqu’en 2019. Depuis son lancement, 67 des 300 bourses d’études prévues ont déjà été délivrées. Un très beau démarrage, donc, qui montre l'impact que peut avoir l’Union Européenne quand elle se mobilise pour une bonne cause.