Dans la nuit du 16 au 17 juillet 2016 en Turquie, l’armée prend les armes et intente un coup d’Etat contre le pouvoir en place. Dans un communiqué diffusé sur le site web de l’Etat-major, les putschistes déclarent vouloir rétablir la liberté et la démocratie au sein du pays.
Le Président de la Turquie, Erdogan, alors en déplacement, diffuse un court message appelant la population à descendre dans la rue et à s’opposer aux militaires. Les affrontements ont durés jusqu’au petit matin et se soldent par l’échec des putschistes face à un soutien massif de la population en faveur du Président en exercice.
A la suite de cet évènement, le Président accuse les partisans de son ancien allié, Fethullah Gülen, d’avoir fomenté le coup d’Etat et entame une purge considérable au sein des institutions de l’Etat mais aussi de l’armée, de l’enseignement et des médias. En un mois, 40 000 personnes sont arrêtées. La liberté d’expression et la démocratie semblent plus que jamais menacées en Turquie
L’Union Européenne est d’autant plus intéressée par la tournure des évènements que la Turquie a entamé en 2005 un processus d’adhésion à l’Union Européenne. Elle fait partie du cercle d’Etats proches de l’Union de part les nombreux accords conclus entres les deux parties. La Turquie est notamment le seul pays à être membre de l’union douanière sans être membre de l’Union Européenne. Or pour pouvoir prétendre adhérer à l’Union Européenne, la Turquie doit être dotée d’institutions stables garantissant la démocratie et l’Etat de droit.
C’est donc naturellement que l’Union Européenne, et plus précisément dans le cas qui nous intéresse, le Parlement européen a réagit en pointant du doigt les atteintes persistantes aux libertés individuelles qui ont lieu en Turquie.
Le 31 octobre, Murat Sabuncu, rédacteur en chef du quotidien d’opposition turc Cumhuriyet est arrêté et 13 mandats d’arrêt ont été délivrés à l’encontre de journalistes et responsables du journal.
Martin Schulz réagit immédiatement en publiant sur son compte twitter que ces arrestations représentent une « nouvelle ligne rouge » franchie par le gouvernement turc à l’encontre de la liberté d’expression.
Le tweet est repris par les médias, Libération et le Figaro notamment, qui citent la « ligne rouge » dont parle Martin Schulz.
Il aura un écho jusqu’en Turquie puisque le gouvernement turc y répondra personnellement. En effet, le lendemain de sa publication, le premier ministre turc BInali Yildrim affirme, devant les membres du groupe parlementaire de l’AKP, le parti au pouvoir, que la Turquie n’a que faire des « lignes rouges » européennes.
Quelques jours plus tard, le 4 novembre, Martin Schulz publie un communiqué de presse sur la détention arbitraire de leaders politiques et de membres du Parlement en Turquie.
Après des dénonciations en chaîne de la purge considérable imposée par Erdogan, le Parlement Européen vote, avec une large majorité, une résolution préconisant le gel des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union, conséquence directe des mesures de répression disproportionnées employées par Ankara à la suite du coup d’Etat.
La réaction d’Ankara ne se fait pas attendre ; le président Erdogan juge la décision « sans valeur » puisque seuls les Etats Membres peuvent choisir de suspendre le processus avant de menacer de remettre en cause le pacte migratoire conclu en la Turquie et l’Union.
Le futur des relations entre la Turquie et l’Union semble plus que jamais plongé dans l’inconnu.
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Sources :
1. http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/11/24/le-parlement-europeen-demande-le-gel-des-negociations-d-adhesion-avec-la-turquie_5037271_3214.html
2. https://www.lorientlejour.com/article/1020133/le-parlement-europeen-demande-le-gel-des-negociations-dadhesion-avec-la-turquie.html
3. http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/20161128STO53408/turquie-%C2%AB-nous-entrons-dans-une-nouvelle-phase-des-relations-%C2%BB