A l’issu de la COP21 de 2015, l’Union Européenne avait ratifié les accords de Paris et s’était engagée à réduire ses émissions de dioxyde de carbone dans le but d’enrayer la progression du réchauffement climatique. Mais presque trois ans plus tard, rien n’a changé ou presque. C’est dans ce contexte d’urgence environnementale qu’au début du mois d’octobre 2018 ont commencé des négociations et des débats au sein des institutions de l’Union européenne concernant les émissions de gaz à effet de serre produits par les voitures neuves.
Le Parlement européen a voté le mercredi 3 octobre une baisse de 40 % de ces émissions d’ici 2030. Le Conseil des ministres de l’environnement de l’UE devait à son tour voter cet accord et c’est donc au terme d’une très longue journée de négociations qu’il est parvenu, mardi 9 octobre, à Luxembourg, à un compromis proposant une baisse des émissions moyennes des voitures neuves en 2030 s’élevant à 35% et à 30% pour les camionnettes. Une baisse intermédiaire de 15% en 2025 a également été adoptée lors de ce vote.
Si la présidence autrichienne du Conseil s’est réjouie de cet accord obtenu sur le fil à 20 pays contre 28, il faut néanmoins souligner que ce vote révèle une fracture européenne en matière de transition écologique. On peut en effet distinguer trois catégories bien distinctes. Tout d’abord, les pays faisant figure de précurseurs et de « meilleurs élèves européens » en termes de protection de l’environnement : les pays scandinaves, qui souhaitaient une baisse beaucoup plus conséquente, proche de celle des 70% proposée par les spécialistes du climat, qui affirment qu’une baisse drastique des émissions de CO2 doit être décidée afin de respecter les accords de Paris. Ensuite, on retrouve les pays qui plébiscitaient le chiffre de 40% avancé par le Parlement européen dont faisait partie la France, l’Espagne ou encore l’Italie. Enfin, les pays qui ont largement contribué à faire baisser ce chiffre et qui ont tenté de ne pas dépasser les 30% de baisse sont les moins écologistes ou ceux ayant des intérêts particuliers, à l’image de l’Allemagne et une grande majorité des pays d’Europe centrale (Bulgarie, Roumanie etc.), s’étant ralliés à sa cause.
Les enjeux de cette décision sont immenses. Il s’agit de concilier les intérêts économiques que représente l’industrie automobile en Europe et la transition écologique absolument indispensable qui doit être réalisée au plus vite. L’Allemagne, en tant que grand constructeur automobile européen, s’est positionnée en leader de l’opposition à une baisse trop importante. Ces deux positions paraissent contradictoires mais il est urgent et capital que l’Union Européenne trouve des solutions afin de contenir le réchauffement climatique mais également afin de sauver un secteur économique moteur qui emploie directement ou indirectement plus de 13 millions d’européens.
Les ministres de l’environnement européens ont tenté d’apporter des solutions en se positionnant en faveur de propositions visant à encourager les véhicules électriques ou à faibles émissions : électriques ou hybrides. L’UE étant à la traîne sur le marché des véhicules propres, il serait en effet bon de concurrencer le Japon et les Etats-Unis, leaders du marché mondial. L’Union pourrait donc contribuer à relancer la croissance économique si elle favorisait la recherche et l’innovation dans le secteur de l’automobile propre, en subventionnant massivement le développement de cette alternative aux énergies fossiles. L’Union européenne pourrait par conséquent éviter d’affaiblir les constructeurs automobiles tout en relançant la croissance économique du continent.
En dépit de l’existence de ces solutions, une majorité de pays de l’Union ne semblent pas prêts à les plébisciter, n’ayant sans doute pas le pouvoir d’entrer en conflit contre les grands constructeurs automobiles européens et les lobbys tout puissants qui pèsent grandement dans les décisions prises par les institutions.
A l’heure où il faut procéder à des transformations radicales de nos modes de vie dans le seul but de contenir le réchauffement climatique et non pas afin de le diminuer, ces accords sont donc décevants et les objectifs doivent être revus à la hausse. Pourtant, malgré le caractère insuffisant de cet accord, il pourrait tout de même être retoqué lors des négociations tripartites entre la Commission, le Parlement et le Conseil des ministres de l’Union européenne qui vont commencer dans les mois à venir et qui devront aboutir à un accord d’ici le mois de mai 2019.
Sources :
-article de France Info : https://www.francetvinfo.fr/economie/automobile/diesel/pollution-les-pays-de-l-ue-bouclent-un-accord-pour-reduire-les-emissions-des-voitures_2978751.html#xtor=RSS-3-%5Bmonde/europe%5D
-article RFI : http://www.rfi.fr/europe/20181010-automobile-bruxelles-veut-baisser-35-emissions-co2-ici-2030
-article Euractiv : https://www.euractiv.com/section/transport/news/disappointed-eu-capitals-agree-on-car-co2-cuts/
-article Euractiv : https://www.euractiv.com/section/electric-cars/news/eu-nations-divided-on-2030-co2-curbs-for-cars-vans/
-revue de presse Toute l’Europe : https://www.touteleurope.eu/revue-de-presse/revue-de-presse-reduction-des-emissions-de-co2-les-ambitions-des-etats-membres-jugees-decevantes.html
-article du Taurillon : https://www.taurillon.org/normes-de-pollution-l-industrie-automobile-au-pied-du-mur