Les investissements chinois au Portugal et en Espagne
Du 27 novembre au 5 décembre, le président chinois était en déplacement en Europe, et a notamment rendu visite à ses deux nouveaux alliés, l’Espagne et le Portugal. Cette collaboration, qui rime avec la volonté chinoise de s'implanter en Europe, peut se voir notamment par l’exemple de l’achat en 2017 par la Chine de plus de la moitié des parts de capitaux de la compagnie COSCO Shipping, qui gère la logistique des ports de Valence et Bilbao. Au Portugal, même chose. La Chine représente à elle seule de par ses investissements, 3,6% du PIB entre 2010 et 2016, et les chinois possèdent 28% de la plus grosse entreprise du pays, Energias. Le plus important à noter, c’est la volonté chinoise, et d’une entreprise nommée « China Three George » d’acheter pour 9 milliards d’euros l’entreprise Energias, dont elle est déjà l’actionnaire majoritaire, ce qui montre la volonté chinoise de s’installer durablement dans le champ des entreprises européennes, et notamment de récupérer un savoir-faire et des techniques propres à l'Europe en ce qui concerne l'énergie. Ainsi, les investissements en Europe des chinois n’ont jamais été aussi élevés, et les raisons pour les Européens de s’insurger sont nombreuses. On pense ainsi à la privatisation du port de Pirée en Grèce, ou la création d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Budapest et Belgrade. On a ainsi enregistré un bond de 77% des investissements chinois en Europe.
La méfiance des européens
La principale peur des moteurs européens que sont la France, l'Allemagne et l’Italie, est de voir la Chine investir massivement dans une Europe pauvre, et de s’offrir ainsi une expertise et une technologies clés en rachetant les entreprises. Les européens réclament donc une législation pour ces cas. Ainsi une proposition a été adoptée le lundi 28 mai, proposée par les eurodéputés de la commission Commerce international pour mettre en place un cadre européen afin de contrôler les investissements étrangers dans l’UE, et ce notamment de la Chine. Cette proposition permettrait de mettre un veto si un pays tiers de l’UE décidait d’investir dans un des pays de l’UE et que cela allait à l’encontre des intérêts d’un des pays de l'Union. C’est ainsi tout une méfiance et un scepticisme qui s’est installé autour de l’intérêt chinois pour l’Europe. Angela Merkel a même dans une allocution indiqué sa méfiance vis à vis de l’intérêt de la Chine pour les Balkans, et a ajouté que la Chine ne devait pas mélanger intérêt économique et politique. La réticence des européens devant l’investissement massif – qu’aucun dirait intrusif – potentiel des chinois, est un phénomène que l’on peut résumer par cette citation du ministre des Finances Bruno Le Maire, qui a assuré que la France « accepte des investissements sur le long terme et pas des investissements de pillage ».
Le projet de nouvelle "Silk Road"
Lancé en 2013 par Xi Jinping, le projet de « route de la soie » associe pour l'heure 70 pays, L'investissement dépasse les 3000 milliards d’euros. Deuxième puissance mondiale, la Chine cherche à devenir la première. Et pour ceci, elle a pour projet d’ici 2050, de créer un énorme réseau ferroviaire, qui partirait de la Chine et qui irait jusqu’à Londres, de liaison maritime, ou encore d’investir plus massivement pour profiter des ressources africaines en matière d’énergie notamment. La visite de Xi en Espagne n’a pas permis l’adhésion de l’Espagne au projet de Silk Road, mais en ce qui concerne le Portugal, le pays a bien signé cet accord, et coopère ainsi avec ce projet. Ce projet soulève de nombreuses questions, et notamment celle de la peur de voir la Chine, et la Russie, vouloir étendre leur influence sur les balkans, et revoir le spectre de l’union soviétique réapparaître. Rappellons-nous que la Chine est un régime communiste à économie de marché. Ainsi l’intérêt des chinois pour les balkans est très fort, et cela est visibble par l’intermédiaire de la création d’un fond de coopération qui investira pas moins de 10 milliards de dollars en Europe centrale et orientale. La Chine va même créer une ligne de train à haute vitesse entre Budapest et Athènes (pays où elle est déjà très présente), ce qui est symbolique de leur désir de s'implanter dans la région et de déjà préparer leur projet de route de la soie, qui rappelons-le passera par une voie ferrée.
Sources
CHARREL, Marie, La Chine se renforce dans les Balkans pour déployer sa "nouvelle route de la soie", in lemonde.fr, le 01 avril 2017.
AFP, La Chine mise sur l'Espagne et le Portugal comme alliés dans une Europe méfiante, in la-croix.com, le 28 novembre 2018.
LE CORRE, Philippe, Quelles sont les ambitions de la Chine en Europe du sud ?, in la tribune.fr, le 27 novembre 2018.
Reuters, China seeks allies in Spain and Portugal despite EU reservations, in "euractiv.com", le 28 novembre 2018.