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Le 27 novembre 2019, la Commission de Mme Ursula von der Leyen a été approuvée par le Parlement à Strasbourg à 461 voix pour, 157 contre et 89 abstentions. Avec un mois de retard, dû à la difficile approbation des 26 commissaires par les eurodéputés et notamment le rejet des propositions française, roumaine et hongroise, de nombreux défis attendent cette nouvelle Commission.

Dans un premier temps, Mme Von der Leyen veut faire de l’écologie l’une des principales priorités de l’Union européenne. Cette volonté s’est traduite par son voyage dès le mardi 3 décembre à Madrid, soit deux jours après le début de son mandat, dans le cadre de la COP25. Face à l’urgence climatique, la présidente de la Commission a présenté le mercredi 11 décembre son « green deal » aux chefs d’Etat et de gouvernement. Ce « pacte vert » s’articulerait autour d’un objectif principal : réduire les émissions de l’Union européenne CO2 de 50 % d’ici 2030, contrairement au 40 % établis par l’accord de Paris de 2016.

Dans un second temps, cette Commission devra faire également face à certains objectifs politiques. Tout d’abord, elle devra se préparer, avec les autres institutions européennes, au retrait du Royaume-Uni, effectif, normalement, au 31 Janvier 2020. Il s’agira de repenser une nouvelle coopération économique et financière avec ce partenaire nécessaire, étant l’un des pays européens les plus riches. L’un des objectifs de cette Commission sera également d’affirmer la place d’Union européenne sur la scène internationale. La question de l’Europe de la défense, face aux tensions diplomatiques avec les Etats-Unis, et, par extension, l’OTAN, sera l’une des thématiques phares de ce mandat.

Néanmoins, ces projets doivent déjà faire face à de nombreux obstacles.

Sur le plan écologique d’abord, la COP25 s’est achevée sur un échec, la communauté internationale ayant « perdu une occasion importante de faire preuve d’une ambition plus grande », pour le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. En effet, le sommet s’est achevé le 14 décembre sur la signature d’un simple accord minimal. Loin est donc l’effervescence présente lors de la clôture de la COP21 à Paris. De plus, le « Green Deal » présenté par Mme von der Leyen ne fait pas l’unanimité au sein de l’Union européenne. La Hongrie, la Pologne et la République Tchèque restent les principaux récalcitrants. Ces pays sont particulièrement dépendants des énergies fossiles : la Pologne est le premier pays producteur et consommateur européen de charbon, les combustibles fossiles représentent deux tiers des approvisionnements énergétiques de la Hongrie, et le charbon reste la principale source d’énergie en République Tchèque. Malgré les 1000 milliards d’euros promis comme un fond pour assurer une, ces pays accusent l’impact que représenterait cette transition verte sur leur économie.

Enfin, s’imposer sur la scène internationale s’avère compliqué. Si la déclaration du président français sur la « mort cérébrale » de l’OTAN a suscité de virulentes réactions de la part des principaux contributeurs (Etats-Unis, Turquie), elle a également renforcé le sentiment d’appartenance à l’organisation chez les pays européens. Malgré les dissensions, l’OTAN reste une sécurité pour de nombreux pays au sein de l’Union européenne, tout d’abord pour les pays baltes et d’Europe centrale, comme la Pologne, mais aussi pour le principal allié du gouvernement français, l’Allemagne. Si les idées d’une meilleure coopération étrangère et d’une politique de défense ne sont pas mises de côté, il est peu probable pour autant que l’Union européenne se détache de l’OTAN. Au-delà de la scène internationale, c’est au sein même de l’institution que réside l’un des principaux défis pour la Commission. Contrairement aux mandats précédents, cette Commission ne disposera pas d’une majorité solide. Au sein d’un nouveau Parlement fragmenté, où les conservateurs et sociaux-démocrates ont perdu du terrain et ont dû laisser de la place notamment aux centristes, et surtout, à l’extrême-droite, il s’agira de trouver de nouvelles alliances pour obtenir une majorité. Il sera d’autant plus difficile pour Mme von der Leyen d’arracher la majorité lors d’amendement de texte, que son propre parti est divisé : il n’est pas sans rappeler la difficile élection de la présidente de la Commission en juillet 2019, qui n’avait obtenu qu’une courte majorité (383 voix, soit 9 voix de plus que les 374 nécessaires), ou encore les tensions au sujet de l’appartenance au groupe du parti Fidesz, le parti du controversé Premier ministre hongrois Viktor Orban au sein du PPE.

Si la Commission dispose des moyens pour arriver à ses objectifs, il faudra néanmoins faire preuve de solidarité afin de replacer l'Europe au centre des enjeux stratégiques, économiques et politiques.

Sources :

« Environnement, immigration, numérique... De nombreux défis attendent la Commission européenne », Le Monde.fr, 28/11/2019, consulté le 23/12/2019

« Nouvelle Commission européenne, un projet en zone de turbulences », La Croix.fr, 27/11/2019, consulté le 23/12/2019

« Une nouvelle Commission européenne fragile politiquement », Liberation.fr, 25/11/2019 consulté le 23 décembre 2019.

« En Allemagne, l’OTAN est considérée « comme une assurance-vie » », Le Monde.fr, 21/11/2019, consulté le 23/12/2019

« Elections européennes 2019 : les résultats en sièges, pays par pays, et la future composition du Parlement », Le Monde.fr, 26/05/2019, consulté le 23/12/2019

« Emmanuel Macron warns Europe: NATO is becoming brain-dead, Emmanuel Macron warns Europe: NATO is becoming brain-dead », The Economist, consulté le 23/12/2019