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Boris Johnson, nommé Premier Ministre depuis quelques mois, et déterminé à mettre fin au processus interminable et coûteux qu'est le Brexit, convoque des élections anticipées le 24 octobre 2019 afin d'acquérir la majorité parlementaire lui étant nécessaire pour parvenir à un accord avec l'Union Européenne. Au début de son mandat, il a exprimé vouloir terminer le processus du Brexit le 31 octobre 2019, objectif désormais repoussé au 31 janvier 2020.
Malgré la victoire incontestée du Parti Conservateur, on note également la remontée du Scottish National Party (SNP), avec 13 sièges supplémentaires. Le parti mené par Nicola Sturgeon, première ministre écossaise, a promis d'effectuer un second référendum au cas où les Britanniques votaient en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016. Depuis cette date, Sturgeon s'efforce de mettre en place un deuxième vote. Suite au résultat du parti de Boris Johnson ce mois de décembre, ce souhait s'est davantage concrétisé. Le gouvernement écossais a mis en place un projet de loi apportant plus de précisions sur les modalités du référendum, prévu pour 2021, juste avant les élections générales écossaises.
Plusieurs questions se posent : Le Brexit est-il une raison suffisante pour que les Ecossais changent d'avis ? Le gouvernement anglais a-t-il son mot à dire et, si oui, peut-il concrètement empêcher la mise en place d'un second référendum ? Si l'Ecosse devient indépendante, pourquoi la Catalogne ne peut-elle pas faire de même ?
En juin 2016, 62% des Ecossais ont voté contre le Brexit, ce qui témoigne évidemment de leur volonté de rester dans l'Union Européenne. Selon Nathalie Duclos, auteure de « L’Écosse en quête d’indépendance ? Le référendum écossais de 2014 », même s’il ne faut pas oublier qu’un tiers de la population est opposé à l’Europe, l’Écosse est la seule nation où toutes les circonscriptions sans exception se sont prononcées contre un Brexit. Par ailleurs, le SNP, ouvertement opposé au Brexit, reste le premier parti écossais, ce qui prouve encore une fois que l'Ecosse ne veut pas quitter l'Union. Ensuite, l'Ecosse ne peut fondamentalement pas mettre en place un référendum d'autodétermination sans l'autorisation et la coopération du Parlement anglais. En effet, l'existence du Parlement écossais dépend d'une loi britannique, définissant ses compétences. C'est la raison pour laquelle l'ancien premier ministre écossais Alex Salmond a dû s'allier avec David Cameron, ancien premier ministre britannique ayant mis en place le référendum du Brexit, en créant les Accords d'Edimbourg en 2012, qui avaient pour objectif de poser une base juridique ainsi que de fixer les modalités du référendum du 18 septembre 2014. Enfin, la Catalogne et l'Ecosse sont souvent comparées pour des raisons évidentes : ce sont deux entités souhaitant se détacher de leur nation-mère (pour l'une, l'Espagne et pour l'autre, le Royaume-Uni) pour des raisons économiques et culturelles. La différence majeure réside dans le fait que le référendum du 10 octobre 2014 de Catalogne s'est déroulée de manière anticonstitutionnelle, aucune autorisation n'avait été demandée au chef du gouvernement espagnol de l'époque, Mariano Rajoy, et le climat global de cette élection était très violent. De plus, bien que l'Ecosse fasse parti du Royaume-Uni, elle reste un Etat à part entière, avec des compétences plus importantes que celles d'une communauté autonome, statut actuel de la Catalogne.
Aujourd'hui, le gouvernement de Boris Johnson ne semble pas être ouvert à la mise en place d'un second référendum d'autodétermination en Ecosse. En effet, Au-delà du projet de loi en cours pour mettre en place un deuxième vote, des négociations entre les premiers ministres anglais et écossais est prioritaire et indispensable.
Sources :
« L'Ecosse vers un deuxième référendum d'indépendance », rfi.fr, 30 mai 2019, consulté le 28 décembre 2019
« Brexit : l'Ecosse vers un second référendum sur son indépendance en 2021 », lci.fr, 25 avril 2019, consulté le 28 décembre 2019
"Scotland does not want to leave the EU,' Scottish minister reacts to U.K. election", vidéo de la chaîne CBC News postée sur Youtube le 14 décembre 2019, consultée le 26 décembre 2019
"Election results 2019: Boris Johnson returned as PM with all constituencies declared", The Guardian, 13 décembre 2019, consulté le 15 décembre 2019
« Écosse : Nicola Sturgeon veut un second référendum sur l’indépendance », la-croix.com, 25 avril 2019, consulté le 21 décembre 2019