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Pourquoi le français est-il si influent ? Historiquement, les négociations menant à la création de l’Union européenne ont été menées en allemand, cependant c’est la langue française qui a dominé pendant plus de 40 ans l’Union européenne. Étant donné que trois des membres fondateurs sur six étaient francophones et que les institutions européennes se trouvaient sur des territoires francophones, c’est tout naturellement que le français s’est imposé.

D’ailleurs, le multilinguisme est inscrit dans le règlement CE n° 1/1958 du 15 avril 1958 où l’UE reconnait 24 langues officielles et trois langues de travail : l’allemand, l’anglais et le français. Cela signifie donc que tous les documents provenant des institutions européennes doivent donc être traduit dans ces trois langues. L’article 318 du règlement intérieur du Parlement européen précise même que : « tous les députés ont le droit, au Parlement, de s’exprimer dans la langue officielle de leur choix ».

Cependant, en 1995 avec l’entrée de la Suède, la Finlande et l’Autriche dans l’UE, le français commence à être délaissé. Cela n’a fait qu’empirer avec la seconde phase d’élargissement en 2003, alors que ces pays ont dû faire un choix entre les trois langues de travail. Mais l’explosion de l’usage de l’anglais est avant tout due à la réforme administrative de la Commission, sur un modèle anglo-saxon, menée en 1999 par Neil Kinnock. Tous ces changements ont eu pour conséquence la disparition progressive des deux autres langues officielles de l’Union européenne au profit de l’anglais. Par exemple, alors que le président du Conseil de l’UE, Mr Michel est belge et francophone, le secrétaire général du Conseil de l’UE, Mr Tranholm-Mikkelsen a demandé à ce que les notes soient désormais uniquement en anglais. Concrètement, En 1997, 40% des documents de la Commission européenne étaient produits en français, contre seulement 4% en 2014 ; et uniquement 16% des documents sont rédigés en français au Parlement (2009).

Cette situation est d’autant plus problématique que les sites internet servant à informer les citoyens européens et à donner de la visibilité aux actions européennes ne sont pas tous disponibles dans les trois langues. Il suffit de jeter un œil au site officiel du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) pour s’en rendre compte. Le site est disponible en anglais et français, mais lorsque l’on regarde les rapports, actualités, ils ne sont disponibles qu’en anglais. Cependant, nous ne sommes pas les plus à plaindre, puisque l’allemand, langue de la construction de l’Europe, est complètement absente du site du SEAE.

Une pétition adressée à Ursula von der Leyen a été lancée par plusieurs eurocrates afin de défendre le multilinguisme dans l’Union européenne. Dans ce combat, nous avons trouvé des alliés plutôt inattendus : les eurocrates issus des pays anglophones qui regrettent la dégradation de l’anglais parlé. Certaines erreurs d’utilisation du vocabulaire anglais dans la rédaction de rapports officiels entraînent une mauvaise compréhension des documents.

Sources :

‟Régime linguistique et emploi du français dans les institutions européennes”, Représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne, 8 juillet 2019, consulté le 7 janvier 2020
https://ue.delegfrance.org/regime-l...

‟Diversité linguistique en Europe : quelle place pour l'anglais ?”, touteleurope.eu, 25 novembre 2019, consulté le 7 janvier 2020
https://www.touteleurope.eu/actuali...

‟Pourquoi le Brexit ne sauvera pas la langue française à Bruxelles”, lemonde.fr, 19 décembre 2019, consulté le 7 janvier 2020
https://www.lemonde.fr/internationa...

‟Dans les couloirs de l'UE, l'usage de l'anglais fait râler”, libération.fr, 30 septembre 2019, consulté le 7 janvier 2020
https://www.liberation.fr/planete/2...

‟la place de la langue française au sein de l’Union européenne”, Académie de Géopolitique de Paris, 14 avril 2016, consulté le 7 janvier 2020
http://www.academiedegeopolitiquede...