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Suivant ses valeurs fondamentales, l'Europe discute son troisième plan d'action pour l'égalité des sexes. Un cap qui une fois validé, orientera ses actions extérieures et coopérations afin d'impulser un changement mondial sur cette question. Sauf qu'après le travail liminaire de la Commission européenne, le tandem Pologne-Hongrie en cohérence avec leur politique interne, bloque son adoption par le Conseil de l’UE.



Deux pays inamovibles sur la question en interne

Si on observe que dans l'UE certains pays sont en avant-garde de ces avancées et accordent à travers leur juridiction, les mêmes droits aux minorités qu'aux autres, plusieurs sont encore à la traine. Dans cette catégorie, les plus réfractaires sont sans doutes avec Chypre, la Pologne et la Hongrie. Celles-ci prennent à contre pieds la tendance générale de l'Union ces dernières années qui est très clairement orientée vers une amélioration des droits des personnes LGBTQI (lesbiennes, gays, bissexuels, trans, queer et intersexes), pour un durcissement. Dernier fait en la matière, ce Mercredi 15 Décembre 2020, la Hongrie a poussé son opposition à toute évolution sur le sujet au pinacle, en amendant sa constitution pour préciser que « La mère est une femme, le père est un homme ». Elle rejette ainsi, la dimension sociale de ce rôle et s'attache à celle qui est naturelle. Le droit à l'adoption se trouve également circonscrit au couple hétérosexuel, l'éducation devant être assurée en lien avec les valeurs sur l'identité constitutionnelle. C'est donc tout naturellement qu'ils transposent leur idéologie interne, dans le champ européen.

Leur cheval de bataille: la suppression du terme "genre"

Au cours des discussions sur le texte du plan d'action, il n'y a pu avoir de consensus car la Pologne et la Hongrie se sont évertuées à vouloir en supprimer le terme "genre" et "égalité des genres". La première raison pourrait être ce à quoi ce terme renvoie. En effet, il introduit la notion d'évolution constante en fonction de l'environnement socioculturel et des normes d'une société. Globalement, il admet que les identités peuvent être définies aussi dehors de ce qui est naturel comme le sexe. Pour ces traditionalistes, cela parait mortifère. C'est cette logique qui pousse la Hongrie à préciser dans sa loi fondamentale que « La mère est une femme, le père est un homme ». La deuxième raison pourrait être liée à une démarche de cohérence, car comment ces deux pays pourraient défendre les droits des minorités à l'extérieur alors qu'ils les piétinent en interne ? De cette raison découle la troisième qui pourrait résider dans le fait que valider ces textes donnerait du tonus aux associations et à la société civile pour reprendre le combat au niveau interne, en profitant de ce précédent.

Si la Pologne et la Hongrie avaient dans le passé, voté le second plan genre, leur tendance à aller à reculons en ce qui concerne les droits des personnes LGBTQI ces dernières années inquiète. Même s'il est évident que l'Union qui a toujours surmonté ses dissensions, saura y faire face en gardant pour vision et cap, les valeurs qui sont siennes.

Sources:

Le Monde, « La mère est une femme, le père est un homme » : le Parlement hongrois adopte un ensemble de mesures anti-LGBT, https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/15/la-mere-est-une-femme-le-pere-est-un-homme-le-parlement-hongrois-adopte-un-ensemble-de-mesures-anti-lgbt_6063483_3210.html

Council of the European Union, Presidency conclusions on the Gender Action Plan (GAP) III 2021-2025 - An ambitious agenda for gender equality and women’s empowerment in EU external action, (page consultée le 17/12/2020), https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-13947-2020-INIT/en/pdf?utm_source=dsms-auto&utm_medium=email&utm_campaign=Gender+Action+Plan+III%3a+Presidency+issues+conclusions+welcoming+an+ambitious+agenda+for+gender+equality+and+women%27s+empowerment+in+EU+external+action

Euobserver.com, Poland and Hungary battle to eradicate 'gender' in EU policies, (page consultée le 17/12/2020), https://euobserver.com/political/150395?utm_source=euobs&utm_medium=email

Solidaire.org, L’extrême droite n’aime pas les droits des personnes LGBT+, (page consultée le 17/12/2020), https://www.solidaire.org/articles/l-extreme-droite-n-aime-pas-les-droits-des-personnes-lgbt