Depuis trois ans, l’Europe, les Etats-Unis et le conseil danois pour les réfugiés œuvrent pour soutenir l’ensemble des migrants sur le territoire bosnien. La Commission européenne y finance plusieurs centres d’accueil et déploie des aides humanitaires : 13 millions d'euros ont été versés depuis 2018, dont 4,5 millions d’euros en avril dernier.
Le camp Lipa : assistance ou négligence ?
Le camp Lipa est un camp de réfugiés ouvert en avril dernier situé près de Bihac en Bosnie-Herzégovine. Ce dernier a été formé rapidement pour accueillir les migrants empruntant la route des Balkans pendant la crise du Covid-19. Le 23 décembre, le camp a été détruit par un incendie et laisse un millier de migrants sans abri sous des conditions météorologiques déplorables à la frontière de l’Union européenne. Toutefois, cet évènement est survenu suite au départ du camp de l’Organisation internationale pour les migrations, en charge de sa gestion, car les conditions de vie nécessaires n’étaient pas réunies. Effectivement, ni l’eau courante, ni l’électricité et chauffage n’avaient été mis en place. D’après les forces de l’ordre, les migrants eux-mêmes auraient déclaré l’incendie afin de protester contre le retrait de l’organisation. 1700 réfugiés et migrants restent alors sans abri dans le camp ou bien à l’extérieur.
Le soutien de l'Union européenne
A la suite de cet évènement, la Commission européenne a versé des fonds supplémentaires à hauteur de 3,5 millions d’euros permettant dans un premier temps de reconstruire le camp Lipa et de fournir des produits de première nécessité. Néanmoins, la solution la plus pertinente dans l’immédiat serait de rouvrir un centre situé à Bihac pouvant accueillir jusqu’à 2000 personnes. Cependant, des divergences dans les politiques locales apparaissent : les autorités municipales et cantonales ainsi que les habitants font pression et s’opposent à sa réouverture ; d’autre part, le gouvernement fédéral y a finalement renoncé.
Josep Borrel, Vice-président de la Commission européenne, a affirmé : « La situation est inacceptable. Un hébergement adapté à l'hiver est indispensable pour des conditions de vie humaines, qui doivent être garanties à tout moment », puis il a insisté sur la nécessité de trouver une solution temporaire. La solution apportée par le gouvernement a été d’installer des tentes provisoires sur le camp pour les migrants en attendant sa reconstruction qui pourrait prendre plusieurs semaines voire quelques mois. Mais il faudra également penser à des solutions sur le long terme. En effet, 5400 migrants sont hébergés en Bosnie-Herzégovine dans des centres d’accueil financés par l’Union Européenne mais la capacité d’accueil du pays n’est pas suffisante. C’est pour cela, que l’UE demande depuis plusieurs années au pays de mettre en œuvre une gestion appropriée des migrations. L'institution européenne critique cette ingérence et remet en cause la candidature d'adhésion à l'Union européenne déposée par la Bosnie-Herzégovine en 2016.
La situation sur le camp ne s'améliore pas. Les réfugiés et migrants ont refusé l'aide alimentaire, réclament de meilleurs conditions et font pour cela appel à l'Union européenne.
Sources :
Communiqué de presse de la Commission européenne du 3 janvier 2021, Bosnia and Herzegovina: EU allocates additional €3.5 million to support vulnerable refugees and migrants, https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_21_2
Le Monde, L’UE dénonce les conditions « inacceptables » pour les migrants en Bosnie, https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/03/l-ue-denonce-les-conditions-inacceptables-pour-les-migrants-en-bosnie_6065090_3210.html
La Croix, Immigration : désastre et hérésie humanitaire en Bosnie, https://www.la-croix.com/Monde/Immigration-desastre-heresie-humanitaire-Bosnie-2021-01-05-1201133161