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Les forces anti-émeutes déployées le 3 octobre 2022 dans les rues de Téhéran (West Asia News Agency via REUTERS).

La mort de Mahsa Amini, une étudiante kurde et iranienne de 22 ans, décédée le 16 septembre 2022 à Téhéran, trois jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs iranienne pour « port de vêtements inappropriés a engendré une vague d’indignation qui s’est vite transformée en manifestations nationales en Iran. Cette colère populaire et généralisée a très vite et fortement été réprimé par le pouvoir en place. Josep Borrell, Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a alors promptement déploré une réponse des forces de sécurité « disproportionnée », avec notamment des dizaines de morts et d’arrestations.

Il a d’ailleurs rappelé qu’en « Iran comme ailleurs, les gens ont le droit de manifester pacifiquement », tout en précisant qu’il était clair que ce droit n’avait pas été garanti pour les manifestants iraniens. Il avait alors déclaré le 3 octobre dernier aux journalistes dans la capitale tchèque, Prague, que les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne discuteraient lors de leur prochaine réunion de l'imposition de nouvelles sanctions contre l'Iran. Il a indiqué que l’Union européenne allait « examiner toutes les options (…) y compris des mesures restrictives », pour répondre à cette répression policière et politique meurtrière des manifestations en Iran, s’alignant avec les États-Unis ou encore le Canada souhaitant eux aussi sanctionner le décès de la jeune femme, qualifié de « meurtre », ainsi que la répression des forces policière.

C’est ainsi que l'Union européenne a décidé de sanctionner 29 Iraniens et trois institutions pour la répression des manifestations. « Nous imposons aujourd’hui des sanctions supplémentaires aux responsables de la répression des manifestants iraniens » a alors officiellement indiqué Josep Borrell le 14 novembre dernier, à la suite de l’approbation de ces mesures par les ministres des Affaires étrangères des 27 États membres. Il a aussi déclaré au nom de l’Union européenne être « aux côtés du peuple iranien » et de soutenir « son droit de manifester pacifiquement et à exprimer librement ses revendications et ses opinions » face aux répressions des manifestations dans le pays.

Parmi les 29 personnes concernées figurent quatre policiers liés à l'arrestation de Mahsa Amini, des membres haut placés des Gardiens de la révolution iranienne, la société publique de télévision iranienne Press TV, responsable de la production et de la diffusion d'aveux forcés de détenus, et le ministre iranien de l'intérieur, Ahmad Vahidi. Ces sanctions font suite à une première série de sanctions à l’encontre de 15 personnes et entités iraniennes prise le 17 octobre dernier, tel qu’Issa Zarepour, ministre iranien des technologies de l'information et de la communication, en raison de sa responsabilité dans la fermeture de l'internet. La liste des cibles des sanctions de l’Union européenne comprend donc désormais un total de 126 personnes et 11 entités.

Ces sanctions incluent une interdiction de voyager et un gel des avoirs au sein des États membres de l’Union européenne. Il est donc dorénavant interdit aux citoyens et aux entreprises de mettre des fonds à la disposition des personnes et entités inscrites sur la liste. Cette décision vise à « envoyer un message clair à ceux qui pensent pouvoir réprimer, intimider et tuer leur propre peuple sans conséquences », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, lors de son arrivée à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues européens, en novembre dernier.

Téhéran a réagi face à ses sanctions et a annoncé une réponse « proportionnée et ferme », et « nous sommes prêts à cette éventualité, mais ce sera une erreur », a averti Josep Borrell. De plus, certains États membres font aussi pression pour que l’Union européenne élargisse désormais les mesures punitives concernant les livraisons d’armes à la Russie, à la suite de la potentielle livraison à la Russie de drones kamikazes utilisés pour frapper des infrastructures énergétiques civiles en Ukraine, que l’Iran nie catégoriquement.

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