Le Monténégro a suspendu, suite à une "suggestion" de l'UE, la mise en place d'une citoyenneté économique qui serait accordée à tous ceux qui investiraient plus de 500.000 euros dans le pays. Bien que, ni le Parlement ni la Commission n'aient officiellement réagi sur ce programme controversé, le gouvernement monténégrin a décidé de faire machine arrière et de mettre fin à cette initiative qui avait pour objectif d'attirer les investissements étrangers.
Pour être candidat à l'obtention d'une telle citoyenneté, les personnes intéressées devaient présenter "une biographie d'affaires crédible" et être en mesure d'investir au moins 500.000 euros dans le pays. Cette idée originale aurait permis au pays d’attirer les nouveaux capitaux nécessaires à son adhésion prochaine à l’Union, en effet conditionnée par le bon fonctionnement de son économie de marché. « En tant que pays responsable, ayant pour objectif de devenir membre de l'UE, nous avons accepté des suggestions de Bruxelles et, pour le moment, nous avons suspendu la procédure d'introduction de la citoyenneté économique», a déclaré à l'AFP le vice-ministre des Affaires étrangères, Zeljko Stamatovic.
Une telle réticence de l’Union s’explique par le fait que l’Europe des 27 ne veut pas permettre à des investisseurs douteux de pénétrer dans son système économique et ainsi « infecter » un marché qui peine toujours à se remettre de la crise économique. Ainsi, en faisant pression sur le Monténégro pour que le pays tire un trait définitif sur ses intentions, des parlementaires et commissaires européens ont tout simplement fait chanter l’Etat monténégrin en le menaçant d’un éventuel traitement « choc » une fois son admission effective. Les relations entre la Commission et le Parlement sont ici mises en lumière et nous rappellent que le cadre communautaire ne saurait être perturbé par des politiques nationales, l’union entre commissaires et eurodéputés se chargeant de couper court à toute éventualité potentiellement nuisible.
Face a l’opposition de l’UE, qui se manifeste par différentes manœuvres politiques, et notamment sa politiquement correcte «suggestion », on constate que les institutions communautaires prennent le pas sur l’Etat ce qui, pour les candidats souhaitant intégrer l’Union, tend à démontrer que la souveraineté nationale doit se plier à l’échelon communautaire que représente l’UE. En d’autres termes, si les grands Etats qui ont historiquement construit l’Europe (France, Allemagne...) continuent de s’opposer ouvertement à l’Union, cela n’est tout simplement pas possible pour les « petits » pays européens, contraints de gré ou de force à s’incliner devant l’Europe et ses promesses de financement.
Pierrick Roberge et Elisa Coz