Cette nouvelle année est l’occasion de dresser un bilan sur le mandat de Jerzy Buzek à la tête de la présidence du Parlement européen. En effet ce mandat touchant à sa fin, la fonction de président du Parlement européen devrait, sauf retournement, être reprise par l’allemand Martin Schulz. Le président du parti des socialistes et démocrates européens sera élu président du Parlement européen le 17 janvier 2012 lors de la prochaine session plénière à Strasbourg. Notons tout de même que le député allemand n’est pas seul en lice pour cette élection. Cependant, son adversaire, l'eurodéputée libérale et vice-présidente britannique Diana Wallis ne devrait avoir aucune chance de l'emporter.

Le premier président du Parlement européen issu de l’ex bloc soviétique, occupait cette fonction depuis juillet 2009. Dans un dernier discours prononcé en anglais le 15 décembre 2011 devant les députés européens, il est revenu sur les mesures prises sous son mandat et les enjeux auxquels a été confrontée l’Union européenne. C’est dans ce contexte qu’il a appelé l’Union européenne à continuer à se battre pour conjurer la crise. « Il faut un investissement de tous les jours dans notre Europe commune » a-t-il souligné.

Durant son mandat, Jerzy Buzek a dû mettre en œuvre le traité de Lisbonne entré en vigueur peu de temps après son élection, malgré des difficultés rencontrées en République Tchèque et en Irlande pour obtenir la ratification du traité. Comme le prévoit le texte, le nombre de domaines soumis au processus de codécision entre le Parlement et le Conseil s’est vu élargi. Jerzy Buzek s’est donc efforcé d’affirmer le rôle du Parlement. Quelques mois avant son élection, il s’était rendu dans les capitales de l’UE afin de mettre en lumière le rôle de Strasbourg. Des mesures telles que l’adoption du « paquet gouvernance économique » sur la surveillance budgétaire ont été prises pour faire face à la crise, cela se traduisant selon le président, notamment par « la nécessité de finaliser le marché commun et de relancer la croissance et la compétitivité ». Le Parlement a souhaité donner plus d’impulsion aux investissements mais aussi plus de soutien à la recherche, au développement et aux technologies vertes.

Par ailleurs, Jerzy Buzek a fait de la question énergétique une des priorités de son mandat. Il s’est en effet montré en faveur de l’émergence d’une communauté européenne de l’énergie. Malheureusement, ce projet qui lui tient beaucoup a été éclipsé par la crise financière et n’a pas encore vu le jour. De plus depuis 2009, il a privilégié la question des droits de l’Homme. Dans son dernier discours,il s’est félicité du rôle actif du Parlement en tant que « phare » de la liberté et de la démocratie.

Sur le plan international encore, Jerzy Buzek a réaffirmé le rôle de l’Union Européenne en voulant promouvoir le Service européen pour l’action extérieure, service diplomatique réunissant les services des affaires étrangères de la Commission et du Conseil, dont la Haute représentante est Catherine Ashton. Le champ d’action du SEAE restant complètement flou, la promotion de cette institution s’est révélée être un échec relatif pour Jerzy Buzek.

Malgré les efforts et la détermination de Jerzy Buzek pour servir les citoyens européens, il laisse derrière lui un sentiment d’inachevé après deux ans et demi de mandat. Certes, il a su surmonter les divisions d’ordre politique, lutter pour une Europe plus forte, s’impliquer dans les questions environnementales comme en témoignent ses préoccupations pour les changements climatiques, défendre les droits de l'Homme mais il s’est certainement vu dépassé par la crise de la zone euro et les enjeux des Etats membres à vouloir défendre leurs intérêts particuliers. C’est donc dans un contexte économique difficile pour l’Union européenne dont le rôle et la crédibilité de ses institutions sont sans cesse remis en question qu’il laisse sa place à Martin Schulz. Ce changement intervient alors que Jerzy Buzek n’a effectué que la moitié du mandat du président de l’institution européenne qui est d’une durée de cinq ans. Cependant, un accord conclu en 2009 par les deux principaux partis européens consiste à se partager la durée du mandat de la présidence du Parlement. Cela entraîne alors un jeu de chaises musicales de vice-présidents et de présidents de commissions des groupes politiques. Reste donc à savoir qui succèdera à Martin Schulz. « L’Europe a été construite sur des rêves et nous n’avons pas le droit d’oublier ces rêves », tel est le ton donné par Jerzy Buzek à son successeur.

Morwenna Joubin, Coralie Ledoux

Sources :

  • http://www.taurillon.org/Un-gout-d-inacheve-pour-Jerzy-Buzek,04713
  • http://www.liberation.fr/depeches/01012377639-buzek-quitte-la-presidence-du-parlement-europeen-au-profit-de-martin-schulz
  • http://www.euractiv.fr/jeu-chaises-musicales-parlement-europeen-article
  • http://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/content/20111201FCS33093/13/html/J%27ai-toujours-cru-en-une-Europe-unie-Jerzy-Buzek