On l’attendait au tournant, il semble avoir manqué le coche. Le Conseil de Défense du 19 et 20 décembre à Bruxelles, agréé par l'OTAN, fait suite au dernier du type en 2008 lors de la présidence française de l’Union Européenne. Bien que la sécurité est une des priorités citoyennes et monopolise un peu plus chaque jour l’actualité, la majeure partie des discussions du sommet se sont focalisées sur l’union bancaire.
Brandir nos différences comme ciment de notre unité est bien beau, mais une fois que l’éclat des étoiles du drapeau s’atténue, cette idéologie est un important handicap dans la conception d’une politique de défense commune. A la décharge de l’Union Européenne, cette dernière est bien connue pour ne pas faire bloc dans ses décisions et concevoir une action commune aussi délicate à 28 prend nécessairement du temps.
Bien qu’il n’ait pas eu l’importance souhaité, le sujet a tout de même été abordé.
La Centrafrique : celle par qui le sujet devient inévitable
A la manière d’un abcès qu’il faut percer, la France a mis sur la table des négociations le dossier épineux de la Centrafrique. Plus généralement, c’est la nécessité d’un financement commun des actions extérieures qui est en cause. Le Conseil a salué l’action de la France, qui par deux fois dans un passé proche est intervenue en Afrique au nom des valeurs européennes, et a décrété qu’elle ne devait plus subir seule ce poids. L’Union a confié à Catherine Ashton, haute représentante de la diplomatie européenne, la tache d’élaborer un rapport sur les financements de l’action extérieure de l’Union Européenne sous deux mois et un dossier consacré aux troubles en Centrafrique pour juin 2014. Le SEAE sort de l'ombre.
Des mesures concrètes ont été prises
De plus, une grande avancée technique a été faite. Les Etats-Membres ont concrétisé leur volonté de se doter d’une capacité européenne de défense dans le domaine des drones à l’horizon 2025 ainsi que le développement des capacités en matière d’avions-ravitailleurs en vol (Multi-Role Tanker Transport Capacity). Ces engins seront fabriqués par l’industrie européenne. C’est le véritable premier programme d’armement européen depuis les années 2000.
Bien que les mesures soient limitées et que la Défense commune n’ait toujours pas été le sujet central du sommet, on peut noter qu’il représente tout de même une certaine prise de conscience des besoins actuels. A l’image d’un individu lambda, avoir conscience de ses défauts est le premier pas vers l’amélioration de soi. Reste à voir l’évolution des priorités jusqu’au prochain sommet de la Défense, en juin 2015.
Charlotte Huber
Sources :
Rapport du Conseil de Défense publié et consulté le 20.12.13 : http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/fr/ec/140267.pdf
Article du Nouvel Observateur "Sommet européen sur la défense : l'UE manque d'une vision claire pour le futur" consulté le 20.12.13 : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1090836-sommet-europeen-sur-la-defense-l-ue-manque-d-une-vision-claire-et-commune-pour-le-futur.html
Article de Mediapart "Politique européenne de défense. Conseil des 19 et 20 décembre 2013" consulté le 20.12.13 : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/211213/politique-europeenne-de-defense-conseil-des-19-et-20-decembre-2013
Article du Monde "L'Europe se désarme et elle a tort" consulté le 20.12.13 : http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2013/12/21/l-europe-desarme-et-elle-a-tort_4338581_3208.html