Le 17 Décembre dernier, la Tribunal de l’Union Européenne a décidé d’annuler l’inscription du Hamas, mouvement de résistance islamique actif au moyen orient depuis 1987 de la liste des organisations terroristes. La création de la liste des organisations terroristes et l’inscription de ce mouvement prônant la destruction de l’État d’Israël à travers des actions violentes visant souvent des civils avait été décidée à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Cette décision intervient dans un contexte déjà tendu entre Israël et l’UE. En effet le 4 novembre dernier à l’occasion de son entrée en fonction, Mme Mogherini avait déclaré dans une interview donnée à 6 grands quotidiens nationaux européens qu’elle souhaitait voir la naissance d’un État Palestinien avant la fin de son mandat (1). Avec cette déclaration Mme Mogherini précisait qu’elle souhaitait privilégier une solution à deux États. Elle tentait ainsi de faire repartir les négociations entre Israël et la Palestine après l’épisode sanglant de l’été dernier. Mais cette déclaration s’inscrit aussi dans un mouvement européen de reconnaissance de la Palestine engagé par la Suède qui est devenu le 30 octobre dernier le premier pays de l’UE à reconnaitre la Palestine en tant qu’État (2). A la suite de la décision suédoise, de nombreux pays européens ont voté des motions non-contraignantes appelant à la reconnaissance d’Israël en tant qu’État. Enfin, le 17 décembre le Parlement Européen a adopté une résolution « appuyant en principe la reconnaissance de l'État palestinien et la solution des deux États, et estimant que celles-ci devraient être concomitantes au processus des pourparlers de paix, qui devrait être mis en marche » (3).

La décision d’annuler l’inscription du Hamas sur la liste des organisations terroristes, intervenant au moment où l’Europe tente de faire avancer les négociations au Moyen-Orient a suscité beaucoup de réactions, en Israël et aussi en Europe. Ainsi, le même jour, le Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahou n’hésitait pas à surenchérir pour susciter un élan unitaire au sein de la population Israélienne réagissait et déclarait : « Il semble que beaucoup trop (de gens) en Europe, où six millions de juifs ont été massacrés, n'ont rien appris », puis il ajoutait « Mais nous en Israël, nous avons appris. Nous continuerons à défendre notre peuple et notre État contre les forces de la terreur, de la tyrannie et de l'hypocrisie » (4). Alors que M. Netanyahou se concentrait sur l’aspect symbolique de cette décision, une autre voix s’élevait pour la relativiser, celle de Federica Mogherini, Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. En effet, le même jour, le Service Européen pour l’Action Extérieure publiait un communiqué sur son site internet dans lequel on pouvait lire que la décision du Tribunal était « une décision légale et non politique » (5). La décision du Tribunal ne portait pas sur le fond, c’est-à-dire qu’elle ne s’intéressait pas au fait de savoir si le Hamas présentait les caractéristiques d’une organisation terroriste mais plutôt à la procédure qui a conduit l’Union à inscrire le Hamas dans cette liste.

Si la décision d’annuler l’inscription du Hamas dans cette liste n’était pas politique, le fait de faire appel de cette décision l’est indéniablement, il est alors nécessaire de se poser la question de l’opportunité d’une telle décision. S’il n’est bien sûr pas possible de ne pas inscrire la Hamas sur une liste des organisations terroristes dans la mesure où ce mouvement cautionne des actions violentes contre la population civile, certains observateurs notent que « la décision de justice de décembre avait été vue comme un signe de détente et un possible retour comme interlocuteur légitime sur la scène régionale, ensanglantée par les exactions des groupes djihadistes radicaux, dont le Hamas se démarque régulièrement » (6). Alors que le Parlement Européen souligne « l’importance de consolider l’autorité du gouvernement d’union nationale palestinien et exhorte toutes les factions palestiniennes, y compris le Hamas, à accepter les engagements de l'OLP et à mettre un terme à leurs divisions internes » (3), on peut douter que le jugement du Tribunal de l’UE et la décision d'en faire appel aura comme effet l’apaisement des tensions entre les deux pays belligérants et le renforcement de l’unité entre les différentes factions palestiniennes.

Sources (1) (2) (3) (4) (5) (6)