On parle maintenant depuis quelques mois de la situation périlleuse en Hongrie, pays européen désormais souvent montré du doigt pour ses pratiques anti-migrants. Mais il faut également savoir que de nombreuses autres contestations sont dressées contre ce pays, notamment au sujet de la liberté d’expression, du droit des minorités, de son système constitutionnel, de l’indépendance des pouvoirs ainsi que diverses allégations de corruption et de conflits d’intérêts.
Pourtant, l’Union Européenne tente tant bien que mal depuis des années de lancer des avertissements aux autorités hongroises pour les ramener à la raison et aux valeurs communes européennes. Mais sans utiliser la manière forte, on aboutit finalement à une discussion de sourd.
L’agence Frontex, une collaboration européenne à la politique Hongroise anti-migrants
En plein cœur de la « crise des migrants » comme elle est appelée, l’agence européenne Frontex en charge de surveiller les frontières collaborait activement avec les autorités hongroises. Malgré son rôle a priori de contrôle, l’agence européenne semblait participer à la répression des migrants, notamment aux frontières serbe et croate.
En effet, à cette limite se dresse un mur construit par la Hongrie pour filtrer le passage des migrants dans le pays. Avec cette clôture métallique, les flux migratoires et les demandes d’asiles ont chuté passant d’environ 30 000 en septembre à 940 pour les mois d’octobre et novembre réunis. Ces politiques de refus des migrants ont été approuvées par une partie de la population Hongroise qui avait d’ailleurs signé une pétition réunissant plus d’un million de signatures.
La Hongrie au cœur de toutes les discussions politiques européennes
Ce n’est que le 17 décembre dernier qu’une résolution fut adoptée à Strasbourg dans le but de mettre la Hongrie sous surveillance en raison des menaces qu’elle fait peser sur les droits fondamentaux de ses citoyens. La peur des députés européens étaient palpables, ils craignaient que la contagion s’étende aux autres pays. Surtout que Viktor Orban avait trouvé des alliés au Parlement début décembre du côté de l’extrême droite, notamment du Front National, ce qui ne faisait que renforcer son poids politique.
Par la suite, c’est l’ensemble des institutions européennes et internationales qui se sont mobilisées pour mettre en garde l’Etat Hongrois, notamment sur sa pratique anti-migrant qui fait mouche dans les organismes de défense des droits de l’homme.
« Orban a déjà atteint son objectif, qui était de décourager les migrants de venir en Hongrie »
La Commission Européenne a commencé jeudi 10 décembre dernier, en enclenchant une procédure d’infraction à l’encontre du pays au sujet du droit d’asile qu’elle considère comme « incompatible avec le droit de l’Union ». En effet, en plus de fermer les frontières, les autorités hongroises ont également restreint, voire interdit, l’accès à ce droit pour les réfugiés. L’intervention européenne était donc nécessaire pour éviter que la Hongrie ne finisse « hors-droit » et pour mettre en garde les autres Etats-Membres sur leur comportement vis-à-vis de cette « crise migratoire ».
Bruxelles attend désormais la réponse de Viktor Orban à la lettre de mise en demeure qui lui a été adressé. S’il n’y répond pas dans les deux mois, ou si la réponse n’est pas satisfaisante, la Commission enverra un avis motivé. La Cour de Justice de l’Union Européenne ne pourra être saisie que si l’ultraconservateur n’obtempère pas après ce dernier avis, autant dire que la procédure peut prendre des mois.
La fin de l’intolérance en Hongrie, un appel lancé d’une seule voix par les trois organismes de défense des droits de l’homme
L’ONU, le Conseil de l’Europe et l’OSCE se sont réunis à Genève pour dénoncés les pratiques du gouvernement Hongrois. Ce qui ressort de leur appel est le véritable « manque d’humanité » qui est exercé dans le pays envers des gens qui ont été forcés de quitter leur pays.
Les trois défenseurs des droits de l’homme s’attaquent également à la campagne publique d’affichage qui montre les réfugiés comme des envahisseurs et des terroristes. Et quand est évoqué au ministre des affaires étrangères la peur et la xénophobie qu’ils répandent, il rétorque « Ce n’est pas vrai ». Argument abouti qu’il complète en prétendant qu’ils ne peuvent pas accueillir des centaines de milliers de migrants.
Leur propagande d’exclusion serait donc fondée sur leur rejet du plan de répartition des migrants proposé par la Commission. Rien de nouveau sur le fond, mais sur la forme, ne devrait-on pas s’interroger sur l’acceptation par la Hongrie des décisions Bruxelloises ? La délégation de souveraineté ne devrait-elle pas être acceptée pour le bien commun ? Et mieux encore, le respect des droits de l’homme ne fait-il pas parti des valeurs communes aux Etats-Membres ? Les institutions européennes se réveillent doucement sur le cas Hongrois mais l’accélérateur devrait être poussé pour éviter de telles disparités qui n’iront qu’en s’accentuant si rien n‘est fait…
Sources disponibles en ligne le 29/12/15:
Le Monde - En Hongrie, Frontex participe à la répression des migrants
Face à Viktor Orban, Bruxelles reste ambigüe
La Hongrie sermonnée pour sa politique hostile aux migrants
Humanité - L’Europe met la Hongrie sous surveillance
Amnesty - Réfugiés en Hongrie : la Commission Européenne ouvre une enquête
Euronews - La Hongrie à nouveau critiquée par ses pratiques anti-migrants
Romandie - Hongrie: l'ONU, le Conseil de l'Europe et l'OSCE dénoncent les pratiques anti-migrants du gouvernement