Chronologie. Retour sur la crise : quelles grandes dates ?

Tout commence en 2009. Coup de théâtre pour la communauté internationale et la population grecque à l’annonce faite par le socialiste Papandréou de l’ampleur de la dette publique grecque accumulée – et masquée – par la droite pendant cinq ans. Le déficit public du pays représente 12,7% du PIB, soit le double du chiffre avancé par le gouvernement. Immédiatement, des politiques d’austérité tentent de faire barrière pour relancer l’économie et assainir les finances, qui dégringolent de plus belle avec le retrait massif des capitaux et investissements étrangers, provoqués par la chute de la note financière de la Grèce et la panique sur les marchés financiers.

Entrée dans la zone euro avec un déficit public bas en 2002, la Grèce doit présenter un gigantesque plan d’austérité pour éviter l’expulsion de la zone et l’abandon de ses partenaires économiques et financiers.

En 2010, un plan de sauvetage est voté conjointement par l’Union européenne et le Fond monétaire international, supervisé par la Troïka, représentant le FMI, la Banque centrale européenne et la Commission européenne. La note financière du pays continue de baisser tandis que les mesures sévères d’austérité donnent le ton aux premières contestations sociales, car les populations sont excédées de la dureté des mesures prises en retour des 110 milliards d’euro accordés.

2011 est l’année de friction avec l’Union : tandis qu’au G20 le ton monte pour forcer l’application des mesures d’austérité, le gouvernement grec, débordé, annonce la tenue d’un référendum pour laisser aux Grecs le choix d’accepter ou de refuser le plan international. Sous la pression de l’Union, il finit par renoncer et démissionner. Au premier trimestre 2012, la négociation d’un nouveau plan de sauvetage permet d’éviter la faillite et le défaut de paiement.

Après un énième plan de relance et un retour, en 2014 sur les marchés financiers, avec une dette publique toutefois plus élevée que jamais, la gauche radicale prend le pouvoir pour dénoncer les mesures de la Troïka et refuser les propositions des créanciers. La crise est évitée de justesse : la Grèce menacée d’être expulsée de la zone euro et de l’Union parvient finalement à un accord avec l’Eurogroupe en août 2015.

Mai 2016 : la zone euro tient un accord global sur la crise grecque. L’Eurogroupe et le FMI consentent des prêts à hauteur de 7,5 milliards d’euro et allègent sensiblement la dette grecque.

Tournant 2016-2017 : où en est-on ?

Ce consentement prend forme début décembre 2016 lorsque l’Eurogroupe annonce officiellement des mesures d’allègement de la dette grecque. Le Mécanisme européen de stabilité, qui détient principalement la dette, propose diverses mesures destinées à soulager la Grèce, notamment en assouplissant les politiques de taux d’intérêt.

Mais ce qui aura pris six mois à se mettre en place est vite fragilisé : quelques jours plus tard, le Ministre des finances allemand appose à ce plan son veto. Pourtant, le plan avait été adopté en mai à l’unanimité ; mais la liberté prise par Tsipras d’augmenter la TVA dans les îles de l’Egée et de rétablir un versement de pensions n’est pas du goût du ministre allemand, qui y oppose que le gouvernement grec se devait de consulter l’Europe pour ces mesures. Quelques échauffements diplomatiques plus tard et l’accord des négociations s’en trouve bloqué. Tsipras, avec qui les négociations avaient été durement menées, car l’accent en Grèce restait sur le soutien aux mesures sociales plus que d’austérité, a réaffirmé l’engagement du pays aux côtés des créanciers.

Néanmoins, le veto allemand a suscité beaucoup d’exaspération parmi la communauté politique, qui s’est agacé des obstacles dressés continuellement devant la reprise de la croissance grecque. Ainsi, le Monde rapporte les propos du Commissaire européen à l’économie, Pierre Moscovici : « De façon pas toujours spontanée mais constante, les Grecs ont respecté le programme d’aide, et les efforts qu’ils ont fournis sont considérables. Alors quand ils remplissent leur part du contrat, les autres doivent aussi remplir la leur » (…) « La Commission plaide pour une application des règles sans indulgence, mais qui permette un progrès partagé. On ne peut pas opposer l’allégement de la dette grecque à la justice et la cohésion sociale, que le peuple grec attend ».

Le tournant dans l’affaire de la crise grecque attendra donc 2017.

Sources

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/07/13/grece-un-an-apres-le-referendum-chronologie-d-une-crise-economique-et-politique_4968930_4355770.html

http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/12/05/l-eurogroupe-valide-les-premieres-mesures-d-allegement-de-la-dette-grecque_5043859_3234.html

https://www.rt.com/business/370383-eurozone-greek-debt-relief/