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Les ambitions des écologistes européens
« L’objectif final est de mettre fin à la carbonisation », a déclaré Giovanni La Via peu après la 22ème Conférence des Nations unies sur le climat (la COP22) qui a eu lieu du 7 au 18 novembre (Parlement européen, 2016). En attente que toutes les parties ratifient l’accord de Paris, l’Union européenne, représentée par douze députés et trois commissaires européens, a défendu sa position et présenté des actions concrètes pour le climat qu’elle aspire à mettre en œuvre. Le commissaire à l’action climatique et à l’énergie Miguel Arias Cañete a souligné la vision de l’UE : « le défi de la décarbonisation doit être perçu comme une opportunité pour la modernisation et la compétitivité de l’UE » (Moulin, 2016). Lors de « European Union Energy Day », l’événement organisé par l’Union européenne dans le cadre de la COP22, Cañete a également évoqué « Smart and Clean Energy legislative Package », le plan d’actions qui souligne les trois priorités de l’UE : efficacité énergétique, le leadership en énergies renouvelables et un bon rapport coût/efficacité pour les consommateurs (ibid.).
Le « Smart and Clean Energy legislative Package », actuellement connu sous le nom de « Energy Union Winter Package » et publié le 30 novembre 2016, vise à baisser les émissions CO2 de 40% jusqu’à 2030 en facilitant la transition vers l’énergie renouvelable (Commission européenne, 2016). La Commission désire que l’UE devienne le chef de fil de cette transition. Avec ce plan d’action elle aspire à stimuler le développement de nouvelles technologies et l’investissement dans le marché de l’énergie renouvelable. La Commission estime qu’en mobilisant jusqu’à 177 milliards d’euros de l’investissement public et privé par an, le plan d’actions pourrait se traduire en hausse de 1% du PIB au cours de la décennie à venir et créer 900 000 emplois (ibid.).
Après la COP22, le président de la Commission de l’environnement Giovanni La Via a déclaré qu’en ce moment l’Union européenne fait tout son possible pour atteindre ses objectifs de 2020. Selon lui, « l’Union européenne est en mesure de dépasser ses objectif de 2020 qui prévoit une réduction de 20% des émissions » (Parlement européen, 2016). Parmi les actions prévues, il y a également la contribution de 20 millions d’euros pour l’assurance des risques climatiques dans les pays en voie de développement, l’initiative « InsuResilience » de G7. Jusqu’à 2020, l’UE prévoit de faciliter des investissements dans capacité de production d'électricité renouvelable dans le continent africain d’au moins 5GW, ce qui représente la moitié de l’initiative africaine pour l’énergie renouvelable de 2020.
Malgré les reproches d’inefficacité par certains écologistes extrêmes, il est évident que les Institutions européennes agissent de manière proactive pour atteindre les objectifs définis dans l’accord de Paris, en élaborant le plan d’actions concret et investissant dans les pays en voie de développement. Cependant, un réel obstacle s’est présenté peu avant la COP22 : Donald Trump a été élu le président des États-Unis.
Que menace Donald Trump aux défenseurs du climat du monde entier?
Lors de sa campagne électorale, Trump a pris une position clairement climato-sceptique (Crié, 2016). Il prévoit mener une révolution énergétique en relançant l’exploitation et l’utilisation du charbon pour rendre les États Unis indépendants du Moyen Orient. Parmi d’autres surprises, Trump considère approuver le projet de l'oléoduc Keystone XL de TransCanada, une initiative extrêmement polluante et rejetée par Barack Obama l’année dernière. La plus grave menace pour la société internationale serait son intention d’abroger l’accord de Paris et réviser les normes environnementales adoptées par l’administration d’Obama. Dan Kowalski, le directeur adjoint de la politique pour la campagne « Trump-Pence » a déclaré que l’accord de Paris a un coût trop élevé (3 milliards de dollars) et qu’il donnerait un avantage économique injuste à la Chine qu’il considère comme le conçurent principal (Trump-Pence, 2016). En 2012, Trump a également déclaré l’absurdité que « le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois afin de rendre l'industrie manufacturière américaine moins compétitive» (realDonaldTrump, 2012).
Si Donald Trump garde sa promesse et abroge l’accord de Paris, cette décision aura des conséquences graves pour les objectifs climatiques mondiaux, ce qui a été affirmé par de nombreux scientifiques. Sandrine Maljean-Dubois, directrice de recherche au CNRS et spécialiste en droit international et européen de l'environnement, a déclaré que « un tel choix pourrait rendre inatteignable l'objectif -déjà insuffisant- de contenir le réchauffement en dessous des 2°C » (Gamberini, 2016). Ceci peut être expliqué par le fait que les États Unis est l’un des plus grands polluants au monde. Lorsque l’UE est responsable d’environ 12% des émissions, les États Unis en représentent 18%. Si les derniers ne s’engagent pas pour attendre les objectifs climatiques de l’accord, il est fort probable que les effets du réchauffement climatique ne pourront pas être empêchés. Ceci ne laisse pas indifférents ni les grands groupes multinationaux, ni les scientifiques du monde entier. Environ 400 scientifiques, dont 30 Prix Nobel, et plus de 360 sociétés ont adressés des lettres ouvertes à Trump pour le convaincre à respecter les engagements environnementaux du pays.
Récemment, le président-élu des États-Unis s’est déclaré ouvert aux négociations sur l’accord de Paris et a reconnu que l’activité humaine affecte l’environnement jusqu’à un certain point (Gouëset, 2016). Trump a-t-il finalement réalisé que la transition vers l’énergie renouvelable est une tendance importante depuis des années? Respecte-t-il les veux de nombreuses entreprises et de scientifiques qui lui ont été adressés? Il est probable que ce ne soit que des belles paroles… Ceci sera plus certain quand il prendra son mandat le 20 janvier 2017. Les écologistes nourrissent des espoirs et cherchent à prévoir tous les scénarios possibles...
Sources
Commission européenne (2016). Clean Energy for All Europeans – unlocking Europe's growth potential. Repéré à http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-4009_en.htm
Crié H. (2016). Donald Trump : les scientifiques démontent le discours du candidat à la présidentielle américaine. Repéré à http://www.sciencesetavenir.fr/politique/donald-trump-les-scientifiques-demontent-le-discours-du-candidat-a-la-presidentielle-americaine_104503
Gamberini G. (2016). Climat : Trump peut-il saboter l’accord de Paris? Repéré à http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/climat-trump-peut-il-saboter-l-accord-de-paris-615053.html
Gouëset C. (2016). Donald Trump se dit « ouvert » à propos de l’accord de Paris sur le climat. Repéré à http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/trump-se-dit-ouvert-a-propos-de-l-accord-de-paris-sur-le-climat_1853091.html
Moulin F. (2016). COP22/Marrakesh - EU Energy Day: speeches by Miguel Arias Cañete, Ernest Moniz and Bertrand Piccard. Repéré à https://www.youtube.com/watch?v=tuJXBpEZc2M
Parlement européen (2016). L’Union européenne respectera ses engagements sur le climat. Repéré à http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/20161114STO51118/cop22-%C2%AB-l%E2%80%99union-europ%C3%A9enne-respectera-ses-engagements-sur-le-climat-%C2%BB
realDonaldTrump (2012). The concept of global warming was created by and for the Chinese in order to make U.S. manufacturing non-competitive. Repéré à https://twitter.com/realdonaldtrump/status/265895292191248385?lang=en
Trump-Pence (2016). Trump campaign statement on Paris climate accord. Repéré à https://www.donaldjtrump.com/press-releases/trump-campaign-statement-on-paris-climate-accord