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Une présidence au rôle significatif

À un mois de sa prise de fonction, la présidence roumaine du Conseil de l’Union Européenne préoccupe. En effet, la présidence tournante du Conseil de l’UE revêt une importance majeure dans l’organisation des travaux de l’institution. Cette dernière a, ainsi pour mission, au cours des six mois durant laquelle elle a la charge de présider le Conseil, d’organiser et de présider l’ensemble des réunions du Conseil de l’UE ; rôles auxquels s’ajoutent la représentation du Conseil au sein des autres institutions de l’Union Européenne, notamment dans le cadre des négociations sur des dossiers législatifs avec la Commission et le Parlement européen.

« Nous ne sommes pas préparés » (Klaus Iohannis, président roumain)

Face à ces responsabilités, le président roumain lui-même, Klaus Iohannis estime que la Roumanie n’est pas prête à assumer ce rôle. Effectivement, la démission de Victor Negrescu, ex-ministre roumain des Affaires Européennes a renforcé les doutes quant à la capacité de la Roumanie à régir l’Union Européenne, conduisant même le président roumain a affirmé que le pays « se retrouvait dans un état de totale impréparation » suite à sa démission. Ce dernier n’aurait pas su « amadouer » Bruxelles suite aux reproches faits à la Roumanie quant à ses dérives en matière d’État de droit ; un échec qui aurait contribué à l’écarter du pouvoir quelques mois avant la présidence roumaine du Conseil de l’UE malgré sa connaissance du dossier européen. Cette démission a donné lieu à la nomination de George Ciamba, ex-ministre des Affaires Étrangères qui aura pour mission de convaincre que la Roumanie est à la hauteur de cette présidence.

La Roumanie, cible de critiques de la part de l’Union Européenne

Or la partie est loin d’être gagnée. En effet, la Roumanie a fait l’objet d’un rapport de la Commission européenne au sujet de sa réforme de la justice qui estime que l’indépendance des juges est menacée et s’inquiète de la séparation des pouvoirs dans le pays ; rapport auquel il faut ajouter le vote par le Parlement européen d’une résolution qui appelle la Roumanie à respecter l’État de droit face, notamment, aux violences policières qui avaient agité le pays en août dernier en marge de diverses manifestations. Ce sont autant de manquements aux valeurs européennes qui ne sont pas pour rassurer l’Union Européenne à la veille de la présidence roumaine qui débutera le 1er janvier prochain.

Des défis de taille à relever

S’ajoutant à cela, la présidence roumaine du Conseil de l’Union européenne va, par ailleurs, devoir faire face à des défis majeurs tout au long de sa mandature. En effet, cette dernière sera en poste durant les élections européennes de mai 2019 ; des élections qui sont de la plus haute importance au vu de l’impopularité de l’Union Européenne auprès des citoyens de nombreux pays membres. De plus, cette présidence s’inscrira dans le processus de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne ; sortie qui devrait être effective le 29 mars 2019, soit exactement à mi-parcours de sa présidence. De ce fait, la Roumanie devrait prendre une part active dans le retrait définitif du Royaume-Uni de l’Union Européenne et contribuer à établir une relation post-Brexit avec ce dernier, une tâche particulièrement loin d’être aisée.

Une Roumanie qui se veut rassurante

Pour autant, la Roumanie se veut rassurante, notamment en la personne de Viorica Dancila, la Première ministre roumaine, ancienne députée européenne, qui assure que la Roumanie est « dans les délais » et qu’elle est prête à assurer la présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne. En outre, le site officiel dédié à la présidence roumaine apparaît soigné, présentant les différents événements qui se dérouleront au cours de sa présidence et affiche clairement les objectifs roumains qui s’inscrivent dans la lignée de la concertation qui a eu lieu entre la Roumanie, la Finlande et la Croatie ; ces derniers voulant, entre autres, mettre l’accent sur le renforcement de la sécurité intérieure et la réduction des disparités.

Quelques jours avant sa prise de fonction, la Roumanie laisse ainsi planer le doute quant à sa capacité à prendre la tête du Conseil de l’Union Européenne malgré ses efforts pour convaincre de son aptitude à mener l’UE dans la mesure où elle devra faire face aux deux évènements majeurs que sont les élections européennes et le Brexit alors même qu’elle se trouve visée par des remontrances de l’Union Européenne quant à la gestion de son propre pays.

Sources :

"La présidence tournante du Conseil de l'Union européenne" - Toute l'Europe : https://www.touteleurope.eu/actualite/la-presidence-tournante-du-conseil-de-l-union-europeenne.html

"Roumanie. Le gouvernement tente de rassurer avant sa présidence européenne" - Ouest-France : https://www.ouest-france.fr/europe/roumanie/roumanie-le-gouvernement-tente-de-rassurer-avant-sa-presidence-europeenne-6067368

"Jourova: EU expects Romania to manage its presidency without hiccups" - Euractiv : https://www.euractiv.com/section/future-eu/news/jourova-eu-expects-romania-to-manage-its-presidency-without-hiccups/

Site officiel de la présidence roumaine du Conseil de l'Union européenne : http://www.romania2019.eu/en/

"Après la Hongrie et la Pologne, inquiétudes sur l’Etat de droit en Roumanie" - Le Monde : https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/11/15/apres-la-hongrie-et-la-pologne-inquietudes-sur-l-etat-de-droit-en-roumanie_5383893_3214.html