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Tout a commencé au mois de juillet dernier, quand le président de la Commission européenne Jean Claude Juncker a proposé un plan afin de supprimer le changement d’heure qui a lieu deux fois par an dans tous les pays de l’Union européenne. Une consultation citoyenne prenant la forme d’un sondage proposé à tous les citoyens européens a donc été mise en place par la Commission. 4,6 millions d’européens y ont participé entre le 4 juillet et le 16 août 2018. Les résultats de ce sondage ont été sans appel : 80% de participants ont plébiscité la suppression du changement d’heure saisonnier et 76% d’entre eux ont estimé qu’il s’agissait d’une mauvaise expérience. Des discussions ont donc fait suite à cette consultation au sein des institutions européennes dont la Commission à partir du mois d’octobre. Le 29 octobre dernier, la proposition de la Commission européenne a été évoquée lors d’un Conseil des ministres de l’UE. Ces derniers ont demandé davantage de temps pour mettre en place une éventuelle décision d’abolition de changement d’heure saisonnier. Une majorité de pays européens est d’accord sur le fait qu’il est temps de supprimer le changement d’heure. Cependant, cette décision n’est pas unanime et pourrait mener à des problématiques auxquelles devront faire face tous les pays membres de l’Union Européenne.

L’éventuelle suppression du changement d’heure saisonnier est en effet contestée par certains pays qui avancent à juste titre, que le résultat du sondage proposé aux européens n’est pas représentatif de l’opinion de la totalité des citoyens de l’UE. Même si elle a été proposée à tous les citoyens des pays de l’UE, seuls 4,6 millions y ont participé sur une population totale d’environ 511 millions d’habitants. De plus, 70% des participants à ce sondage étaient uniquement de nationalité allemande. Selon le ministre des transports autrichien Norbert Hofer, certains pays à l’image du Royaume-Uni, de la Pologne et de la Suède sont même sceptiques à l’idée de mettre un terme au changement d’heure.

Une des principales problématiques qu’engendrerait l’abolition du changement d’heure est relative à la question du transport aérien. Les professionnels du milieu estiment qu’il faudra ajuster 75% des fenêtres horaires dans plus de 100 aéroports dans le monde entier. Un éventuel no-deal Brexit pourrait également poser des problèmes concernant la coopération entre pays sur ce sujet des vols internationaux.

A l’issue du Conseil du 3 décembre dernier, aucun accord n’a encore été décidé entre les différents pays de l’UE. Les négociations sont restées au stade de discussions et cette situation tend à durer. En effet, il faut maintenant que chaque pays décide individuellement s’il souhaite abolir le changement d’heure et si oui, s’il préfère adopter l’heure d’été ou l’heure d’hiver. Une décision ne devrait donc pas être votée d’ici plusieurs mois. D’autant plus qu’une mise en place en 2019, comme suggérée par la Commission serait irréalisable selon une majorité de pays européens car elle prendrait au minimum 18 mois, selon les experts, en partie à cause des trois fuseaux horaires différents présents au sein du continent européen. Les ministres européens souhaitent donc retarder une éventuelle mise en place à 2021.

La Commission a demandé à tous les gouvernements européens de décider individuellement de ce qu’ils souhaitaient faire avant Avril 2019. Mais certains états comme le Danemark, souhaitent plus de temps pour débattre de ce sujet et demandent notamment une grande consultation publique sur la question. Le Luxembourg a quant à lui, refusé la proposition et souhaite rester à un système plus harmonisé. Les pays du Nord de l’Europe, notamment Nordiques, qui ont peu d’heures de jour en hiver, se trouvent face à un choix difficile. Alors quel horaire faut-il plébisciter ? Celui d’été ou bien celui d’hiver ? Cela pourrait être une question difficile à trancher pour certains pays dont la France, qui possèdent de fortes disparités d’ensoleillement entre le Nord et le Sud. A défaut d’un consensus, chaque pays pourrait décider de faire comme bon lui semble, sans décision unanime pour tous les pays européens.

C’est désormais au Parlement et au Conseil européens de décider s’ils souhaitent accepter ou refuser la proposition de la Commission de suppression du changement d’heure saisonnier.

Sources :



-Compte rendu du Conseil de l’Union Européenne du 3 décembre : https://www.consilium.europa.eu/en/meetings/tte/2018/12/03/?utm_source=dsms-auto&utm_medium=email&utm_campaign=Transport%2c+Telecommunications+and+Energy+Council+(Transport)%2c+03%2f12%2f2018

-Article de NewEurope : https://www.neweurope.eu/article/eu-ministers-criticise-junckers-plan-to-scrap-daylight-time/

-Article de la BBC : https://www.bbc.com/news/world-europe-46017347

-Article Euractiv : https://www.euractiv.com/section/transport/news/member-states-want-to-postpone-to-2021-scrapping-clock-change/

-Article EuObserver : https://euobserver.com/tickers/143572?utm_medium=rss