Avant de débuter mon propos, je vous avertis, cet article va traiter de la Sharia. Eh non, pas de la Sharia « sauvage », hashtag Loi Islamique appliquée par des extrêmes, non, pas d’amalgame s’il vous plaît. Je vais parler de la jurisprudence Sunnite, qui concerne 90 % de la population musulmane. Le mot Sharia signifie littéralement « la voie vers dieu », ainsi, elle définit les droits et devoirs qui encadrent la vie du musulman sur les questions de culte, ou encore d’interaction humaine comme le mariage, le divorce, la garde d’enfants ect … Pour son interprétation, tout dépend de la jurisprudence et de l’interprétation contemporaine du Coran. Il y a plusieurs types de législation qui varient selon le courant religieux. Fin de la parenthèse.
Mais quel est le rapport avec ces politiciens ?
Eh bien, dans une tribune publiée le 26 décembre 2018 dans Le FigaroVox, un juriste chrétien et ouvertement islamophobe accusa la CEDH de vouloir diffuser l’application de cette législation religieuse au sein de toute l’Europe. "La France doit quitter cette structure supranationale de plus en plus malfaisante" dit-il, "il faut sortir de cette CEDH, alliée de l'Islam s'imposant en Europe comme civilisation de substitution !"
. C’est là qu’entre en scène les différents députés et maires français concernés. C’est sur Twitter, après Noel, que débute (ou pas) ce véritable détournement politique.
En réalité, il s’agissait d’un contentieux que la cour avait reçu sur une affaire d’héritage en Grèce. La CEDH s’est prononcée en faveur des personnes derrière ce contentieux. Ces derniers, après l’échec de leurs contentieux auprès de leur administration nationale, voulaient que l’héritage de leur défunt frère soit administré suivant la législation religieuse, la Sharia, et non pas la législation nationale. La cour énonce clairement dans sa décision arrêtée le 19 décembre :
"Le fait de refuser aux membres d'une minorité religieuse le droit d'opter volontairement pour le droit commun et d'en jouir (...) aboutit à un traitement discriminatoire".
Bon, encore une fois, on crie au loup, mais malgré tout, je pense qu’en soit cet exemple permet d’illustrer plusieurs points sur le Conseil de l’Europe.
D’abord, cette instance n’a véritablement aucune visibilité auprès des citoyens européens. Elle est absente dans la communication en Europe, d’ailleurs, elle n’a même pas communiqué sur cette « polémique ».
Une deuxième chose, c’est qu’en dépit de ce manque de communication, le Conseil de l’Europe reste la principale organisation de défense des droits de l’Homme sur le continent. Tous les États Membres du Conseil de l'Europe ont signé la Convention européenne des droits de l’Homme, un traité visant à protéger les droits de l’Homme, la démocratie et l’État de droit. De ce fait, elle dégage une certaine idée du fonctionnement politique dans l’Europe. Historiquement, on sait qu’elle n’a pas pu se hisser à la hauteur de la Commission ou du Parlement puisqu’elle n’a jamais eu de pouvoir exécutif, cependant elle a pu compenser ce manque en se spécialisant sur de nombreux domaines primordiaux au fonctionnement démocratique. Comme l’abolition de la peine de mort, le renforcement des droits de l’Homme, la non-discrimination et la lutte contre le racisme, la défense de la liberté d’expression, l’égalité entre les femmes et les hommes, la protection des droits des enfants, la défense de la diversité culturelle, l’observation des élections, l’éducation aux droits de l’Homme, la démocratie et la qualité des médicaments et des soins de santé.
Enfin, on l’a bien vu avec les retweets des différents politiciens, le Conseil de l’Europe reste une instance qui fédère une partie de la société européenne sur des questions propres au fonctionnement interne des membres de l’Union.
Sources :
- https://www.huffingtonpost.fr/2018/12/27/la-cedh-accusee-a-tort-douvrir-la-voie-a-lapplication-de-la-charia-en-france_a_23627885/
- http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/12/26/31002-20181226ARTFIG00181-charia-ce-que-revele-la-decision-de-la-cedh.php