La nouvelle présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, le 28 novembre. Shakh Aivazov / AP
Un rapide détour par la France avant de briguer les hautes sphères géorgiennes
Qui est cette Salomé Zourabichvili ? C’est l’ancienne ambassadrice de France en Géorgie, nommée sous Jacques Chirac en 2003. Née à Paris en 1952 de parents géorgiens ayant fuit les conflits en 1921, et notamment les répressions bolchéviques, elle a toujours souhaité revenir dans son pays afin d’y instaurer la démocratie. Après son arrivée, le pays est traversé par de forts mouvements sociaux, nommé la « la révolution des Roses », qui voit le pro-occidental Mikhaïl Saakachvili remplacer à la tête de la présidence Édouard Chevardnadze. C’est à cette occasion que Salomé V. rentre en politique, comme haut cadre du parti. Mais critiquée au sein de son parti, elle est limogée un an ensuite, puis rejoint l’opposition et se mue en critique du parti de ce même Mikhaïl S. Sa candidature à la présidentielle de novembre 2018 s’inscrit donc dans une opposition, et par le soutien d’un richissime homme d’affaire nommé Bidzina Ivanichvili.
Les liens supposés entre Salomé Zourabichvili et l’homme le plus riche du pays
Salomé V. dans sa campagne était soutenue par le parti du « Rêve géorgien », qui voit à sa tête l’homme le plus riche du pays Mr. Bidzina Ivanichvili. Certains considèrent cet homme comme celui qui tirerait les ficelles du jeu politique en Géorgie, même si officiellement il est retiré de la politique. Ce même parti, pour appuyer la candidature de Salomé V., s’est vu offrir à des millions de « petites dettes », inférieur à 660 euros, le remboursement complet de ces mêmes dettes. C’est donc plus de 600 000 épargnants qui se vont vu recevoir ces cadeaux du gouvernement, à quelques jours du vote. Ce n’est donc pas moins de 495 millions d’euros qui ont été dépensés, financé par l’association de ce même Bidzina Ivanichvili. D’aucuns appelleraient cela un conflit d’intérêt. La volonté de Salomé V. est donc, si l’on suit ses dires, est d’amener la démocratie en Géorgie. Mais à quel prix ? Sans mentionner le rapport de l’OSCE qui accable le pays de ne pas avoir respecté les procédures démocratiques. Ainsi, l’OSCE a rendu un rapport sur le déroulé du scrutin dans son pays, et le constat est sans appel : « Un camp a bénéficié d’avantages indus », note la mission. Des « incertitudes légales », une hausse de « l’usage de la ressource administrative » et des « inquiétudes quant à des intimidations » sont aussi à noter.
Mi européenne, mi russe
Élue à 59% des voix, au prix de procédure démocratique critiquable, cette ancienne diplomate revendique vouloir se rapprocher de l’Union européenne ainsi que des États-Unis, par l’intermédiaire de l’OTAN notamment. Mais ce pays, ancien membre du bloc soviétique, revendique par là-même son appartenance, et revendique ses liens avec Moscou. La présidente a ainsi publiquement déclaré pendant la campagne que le pays était responsable de la guerre russo-géorgienne d’août 2008, et qui a vu le pays perdre une partie de son territoire au profit de la Russie. Sa position est donc ambivalente entre les deux partis, et cela fait qu’elle est très critiquée à l’intérieur de son pays. Beaucoup crient à la corruption et réclament de nouvelles élections. Son principal opposant aux élections était Grigol Vachadze, briguant également cette position à la tête de la Géorgie, qui reste malgré tout, honorifique et symbolique.
Sources
https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/11/22/en-georgie-tensions-et-cadeaux-electoraux-avant-la-presidentielle_5386951_3214.html
https://www.liberation.fr/planete/2018/11/29/en-georgie-salome-zourabichvili-une-ex-diplomate-francaise-elue-presidente_1694951
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/l-ancienne-diplomate-francaise-salome-zourabichvili-elue-presidente-de-georgie_5390072_3210.html
https://www.liberation.fr/planete/2018/11/29/salome-zourabichvili-une-presidente-pragmatique-et-europeenne-pour-la-georgie_1695030