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©France24

Le 21 Avril 2019, Volodymyr Zelensky était élu à 73,1% à la présidence ukrainienne. Cette élection fut suivie de très près par Moscou, où s’ouvrait alors une période d’incertitudes, cinq ans après le début de la guerre à l’est du pays. Depuis le début de la guerre du Donbass, les relations entre les deux pays étaient extrêmement tendues. Malgré la signature d’un accord de cessez-le-feu à Minsk en février 2015, sous la présidence de Petro Porochenko, les tensions à la frontière n’ont cessé de s’intensifier, et on compte à l’heure actuelle plus de 13 000 victimes et 1 million de déplacés. Le nouveau président Mr Zelensky avait déclaré une nouvelle fois, la veille de son élection, être prêt à « relancer » le processus de paix dans le Donbass. Face à Mr Porochenko, Volodymyr apparait comme un espoir pour tout un pays divisé, à la fois politiquement, socialement et culturellement.

Une désescalade avait été entamée ces derniers mois avec le retrait en juillet 2019 des groupes séparatistes ukrainiens près de Stanytsya Louganska, village à la frontière russe, afin de permettre un point de passage pour les populations des régions séparatistes. Cette reprise du dialogue russo-ukrainien s’est également effectuée au travers d’échange de prisonniers. Le 8 septembre 2019, 70 prisonniers, dont le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov avaient été échangés entre Kiev et Moscou. Une victoire pour le président ukrainien.

Ce déblocage dans le processus de paix a permis d’établir un climat favorable à l’établissement d’un nouveau sommet au format dit de « Normandie », à Paris. Les présidents russe et ukrainien, aux côtés d’Emmanuel Macron et de la chancelière Angela Merkel, se sont rencontrés pour la première fois. A la suite de ce sommet, un accord a été amorcé sur un nouvel échange de prisonnier, effectué le 29 décembre 2019. Les forces gouvernementales ukrainiennes et les séparatistes pro-russes ont échangé 200 prisonniers à l’est du pays. De même, un accord gazier a été trouvé entre Kiev et Moscou, le 30 décembre 2019, évitant de ce fait un nouveau conflit.

Néanmoins, si les deux pays semblent être sur la voie d’une reprise progressive des discussions, les populations, et notamment la population ukrainienne, restent méfiantes. Comme de nombreux pays de l’Europe de l’Est, l’Ukraine craint une invasion, ou tout du moins une influence accrue de la Russie sur l’Europe. Marquée d’autant plus par le conflit au Donbass et l’annexion de la Crimée, le sujet reste un domaine de crispation pour les Ukrainiens. Ainsi, à la veille du sommet du 10 décembre 2019, une manifestation avait été organisée sur la place Maïdan, et les prises de positions politiques s’étaient succédé, afin de mettre en garde face à une « capitulation » devant Mr Poutine. Si certains sont pour un accord de paix, d’autres, au contraire, veulent que l’armée ukrainienne lance une offensive pour récupérer les territoires russes.

De même, si les échanges de prisonniers ont été acclamés par les gouvernements respectifs, ils restent néanmoins controversés au sein de la population ukrainienne. En septembre, la remise en liberté de Volodymyr Tsemakh, un ex-chef militaire des séparatistes pro-russes, témoin dans le crash du vol MH17, avait suscité de nombreuses oppositions, et même au niveau européen. Enfin, les récents échanges de décembre 2019 ont suscité une vague d’indignation dans le pays. Parmi les prisonniers remis aux séparatistes, se trouvaient cinq ex-policiers accusés d’avoir tiré sur des manifestants non armés de la place Maïda en février 2014. Le président ukrainien avait été alors accusé d’avoir « cédé » à Mr Poutine. D’autant que les deux pays restent opposés sur des nombreux points politiques. Peu de résultats sont ressortis de ce sommet de Normandie, tant attendu en Ukraine. Si les questions humanitaires et militaires ont été abordées, les principaux sujets de désaccords -le contrôle de la frontière orientale par l’Ukraine et le désarmement- ont été repoussés à un prochain sommet, dans quatre mois. Le président ukrainien, ne pouvant ignorer cette partie de l’opinion publique hostile à Moscou, risque d’être amené à adopter une position plus agressive envers la Russie sur ces questions, surtout que Mr Poutine refuse tout retrait russe à la frontière et le transfert du contrôle de cette dernière à Kiev. D’autant que la question de la Crimée n’a également pas été mentionnée, sujet sur lequel Vladimir Poutine n’est pas prêt de reculer, tant les enjeux sont importants.

Sources :

« La Russie prudente après la victoire de Zelensky à la présidentielle ukrainienne ». Le Monde.fr, 22 avril 2019, consulté le 06/01/2020

« Sommet de Paris sur l’Ukraine : un test pour le rapprochement de la France avec la Russie ». La Croix, 8 décembre 2019, consulté le 06/01/2020

France 24. « Ukraine : après l’élection de Volodymyr Zelensky, quid des relations avec Moscou ? », 22 avril 2019, consulté le 06/01/2020

Courrier international. « Ukraine. Échange massif de prisonniers entre Kiev et les séparatistes prorusses », 30 décembre 2019, consulté le 06/01/2020

« Un premier pas vers la normalisation des relations Ukraine-Russie? » Le Temps, 7 septembre 2019, consulté le 06/01/2020