A Moscou, de gauche à droite : El-Sarraj, Macron, Haftar.

I - Tripoli VS la Cyrénaïque : qui s’oppose ?

La Lybie se divise en trois : la Tripolitaine à l’Ouest, la Cyrénaïque à l’Est et les bédouins du Sahara au Sud. La mort de Kadhafi fut l’élément déclencheur qui fit éclater l’unité de cet ensemble fragile. Toutefois, des forces divergentes s’affronte pour maintenir l’Etat, qui nécessite le contrôle de la capitale Tripoli. D’une part se trouve Fayez el-Sarraj, chef d’Etat nommé en 2016 à la suite des accords de Sikhrat, d’autre part on a le maréchal Khalifa Haftar, ancien fidèle de Kadhafi et militaire à la tête de l’Armée Nationale Libyenne (ANL). Le premier contrôle la Tripolitaine, le second la Cyrénaïque.

Riche de ses ressources fossiles, la maîtrise du territoire est un enjeu essentiellement pour les acteurs du bassin méditerranéen. Chaque acteur a un atout principal : le gouvernement d’el-Sarraj est celui reconnu par la communauté internationale à l’ONU, alors que le territoire est en majorité contrôlé par Haftar, y compris les sources pétrolifères. Actuellement, deux acteurs se démarquent : la Turquie et la Russie. Chacune ayant son favori, il s’avère être les véritables médiateurs de cette région grâce à leurs positions fermes, ce qui ne les empêche de faire preuve de diplomatie. La Turquie a ainsi assuré à el-Sarraj d’une aide militaire tout en l’amenant à signer un accord de cessez-le-feu le 13 Janvier 2020. Quant à la Russie, elle n’est pas parvenue à convaincre le maréchal Haftar de signer cet accord.

II - L’UE dans cette crise : quelle médiation possible ?

Un autre acteur tout aussi proche de la Libye tente de jouer un rôle en Libye : l’UE et ses Etats-membres. L’enjeu économique est égal à celui démographique. En effet, la stabilité politique permettrait le développement du pays, en interne comme à l’étranger. Elle est un soutien d’importance pour les acteurs libyens, puisque l’Union européenne, c’est 28 pays. C’est dans ce but qu’el-Sarraj réalisa un tour de l’Europe au 1e semestre 2019. Le 10 janvier 2020, le Conseil de l’UE a réuni les ministres des Affaires étrangères, dont le résultat n’est qu’une position neutre. Ce 19 Janvier 2020, une conférence internationale est organisée à Berlin à l’initiative de l’UE qui suscite des interrogations au sujet de sa capacité à arbitrer le conflit. Les affaires étrangères font parties des prérogatives des Etats.

Tous n’ont pas les mêmes intérêts et n’ont pas les mêmes ambitions internationales. Pour le cas libyen, deux membres de l’UE cherchent à jouer un rôle plus prégnant, la France et l’Italie. Pour chacune d’entre elles, il s’agit de se placer en médiateur. Depuis l’échec de son intervention militaire en 2011, la France n’apparaît pas capable de jouer ce rôle. Quant à l’Italie, ancienne puissance coloniale, elle demeure le voisin de la Libye. Recevant directement les flux d’émigration du pays, la stabilité de cet Etat est sa priorité, mais elle n’est pas en capacité de s’interposer dans le jeu diplomatique turco-russe.

En conclusion, à l’échelle internationale, la crise libyenne est de plus en plus gérée par l’axe turco-russe, qui semble être les médiateurs qui négocient en fonction de leur favori dans cet Etat. Ils se démarquent par leur activité sur le terrain. Cependant, chacun cherche d’autres soutiens internationaux : El-Sarraj cherche à obtenir les aides des occidentaux, tandis que dans l’idée du panarabisme, le maréchal Haftar compte parmi ses principaux soutiens l’Egypte et l’Arabie saoudite. La crise libyenne apparaît comme un parallèle à la crise syrienne au sujet de sa résolution par les puissances internationales.

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Bibliographie :

- Opinion Libya is now turning into an international conflict https://euobserver.com/opinion/147035 (accessed Jan 14, 2020).

- Les grandes puissances s’impliquent dans la crise libyenne https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/les-grandes-puissances-simpliquent-dans-la-crise-libyenne-1161385 (accessed Jan 14, 2020).

- Les Européens dépassés par l’internationalisation de la crise en Libye. Le Monde.fr. January 11, 2020.

- Massard, J. Fayez al-Sarraj évoque le parcours difficile de la Libye vers la stabilité https://fr.euronews.com/2019/05/24/fayez-al-sarraj-evoque-le-parcours-difficile-de-la-libye-vers-la-stabilite (accessed Jan 17, 2020).

- EU rejects Turkish troops in Libya https://euobserver.com/foreign/147060 (accessed Jan 14, 2020).

- En Libye, un échec européen. Le Monde.fr. December 30, 2019.

- A Berlin, l’UE veut se montrer unie pour contrer l’axe turco-russe en Libye. Le Monde.fr. January 17, 2020.