Ce jeudi 24 décembre, à la veille de Noël, Londres et Bruxelles ont déclaré avoir trouvé un accord commercial qui régira les relations économiques entre l'Union européenne et le Royaume-Uni à partir du 1er janvier 2021. L'Écosse, qui était majoritairement contre le Brexit, souhaite, dès lors, devenir une « nation européenne indépendante ».
La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, au parlement écossais. Crédit: AFP/ Jeff J Mitchell
Un peuple ignoré
L'Écosse a une longue histoire avec le Royaume-Uni, en septembre 2014, un référendum sur son indépendance s'est déroulé avec le soutien du Premier ministre de l'époque, Alex Salmond, leader du Parti national écossais (SNP). Six ans plus tard, la Première ministre, Nicola Sturgeon, provenant du même parti que son prédécesseur, se bat pour faire valoir le souhait du peuple écossais à rester membre de l'Union européenne. Lors du référendum pour l'indépendance de l'Écosse en 2014, seulement 45 % de la population était en faveur. Cependant, après le résultat du référendum sur le Brexit en 2016, beaucoup se sont sentis ignorés et un vent d'émancipation écossais est rapidement réapparu sur le devant de la scène. Dans un tweet publié le jour même de la signature de l'accord commercial, la Première ministre déclare que le « Brexit se produit contre la volonté de l'Écosse » et qu' « aucun accord ne pourra jamais compenser ce que le Brexit enlève au peuple écossais », qui a voté à 62 % contre la sortie de l'UE. Tweet officiel de la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, le 24 décembre 2021.
Un accord de pêche fructueux
L'accord de pêche entre l'Union européenne et le Royaume-Uni qui était le dernier point de blocage dans les négociations a été, après quatre ans de négociations, enfin levé. Les Européens renoncent à 25 % de leurs quotas de pêche dans les riches eaux britanniques. Ce transfert des produits pêchés n'est qu'une période de transition pour les pêcheurs qui s'arrêtera au courant de juin 2026. Après ces cinq ans et demi, l’accès des pêcheurs européens sera renégocié chaque année. L'industrie de la pêche en Écosse représente une part importante de l'industrie de la pêche au Royaume-Uni. L'Écosse ne compte que 9 % de la population du Royaume-Uni, mais débarque dans ses ports plus de 60 % du total des prises du Royaume-Uni. Ces accords les concernaient donc directement. Le Brexit annonce donc une prospérité nouvelle pour l'Écosse. Sans la politique commune de la pêche de l'Union, les pêcheurs écossais vont voir apparaître de nouvelles opportunités, notamment grâce à un accès privilégié au marché de l'UE, mais aussi sur de nouveaux marchés dans le monde entier.
Malgré un fort sentiment d'émancipation de la part de la population écossaise, certains aspects de l'accord économique du Brexit est en leur faveur. Néanmoins, selon de récents sondages dont l'un, publié mi-décembre, affirme qu'une volonté d'indépendance à 58 % est présente, alors que le « non » l'avait emporté à 55 % en 2014. Dans un discours fait à la suite de la signature de l'accord, Nicola Sturgeon rend claire la position de son peuple en annonçant que « l'Écosse a désormais le droit de choisir son propre avenir en tant que pays indépendant et de retrouver les avantages de l'adhésion à l'UE ».
Sources :
Edwige Camp-Pietrain, L’Écosse, le Brexit et l’Union européenne | Vie publique.fr, https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/23824-lecosse-le-brexit-et-lunion-europeenne, consulté le 25 décembre 2020.
Lisa O’Carroll et Daniel Boffey, From tariffs to visas: here’s what’s in the Brexit deal, http://www.theguardian.com/politics/2020/dec/24/from-tariffs-to-visas-heres-whats-in-the-brexit-deal, consulté le 25 décembre 2020.
Jamie Shuttleworth, Scotland reacts as the UK and EU reach agreement on Brext trade deal, https://www.heraldscotland.com/news/18969633.brexit-scotland-reacts-uk-eu-reach-agreement-trade-deal/, consulté le 25 décembre 2020.
Nicola Sturgeon, Brexit deal: Statement by First Minister Nicola Sturgeon - gov.scot, https://www.gov.scot/publications/brexit-deal-statement-first-minister-nicola-sturgeon/, consulté le 25 décembre 2020.