__Une candidate progressiste mais réactionnaire __
Roberta Metsola, eurodéputée depuis 2013, est membre du Parti populaire européen. Représentant l’aile progressiste du parti, elle a fait preuve de courage en 2019 en appelant à la démission du premier ministre Joseph Muscat après l’assasinat de la journaliste Daphné Caruana Galizia. Ses positions sur l’immigration ne sont pas des plus radicales. Elle défend régulièrement les droits de la communauté LGBT+, cependant en septembre dernier elle s'abstient de voter une résolution à la commission qui souhaitait voir la criminalisation des violences faites aux femmes. Elle est surtout connue pour ses positions anti-IVG.

Une candidature clivante

L’annonce de la candidature de Metsola a profondément choqué la gauche européenne, notamment en France, réactions furent vives. Sandrine Rousseau (EELV) dénonce scandale, Manon Aubry (LFI) s’indigne Non, toutes les députés européens ne vont pas soutenir cette candidature anti-avortement. L’ indignation est générale au sein de la gauche française. Interrogé sur le sujet lors de la conférence de presse du 9 décembre , Emmanuel Macron défendait le droit des femmes à disposer de leurs corps et ajoutait C’est aux parlementaires de choisir leur ou leur présidente. J’espère qu’ils le feront avec l’esprit de cohérence et en fidélité avec les combats qui sont les leurs.

Président du Parlement Européen, une fonction symbolique

La nomination de Roberta Metsola malgré son “progressisme” politique, renverrait un message ambigu aux citoyens européens si elle succédait le 18 janvier à David Sassoli. Le poste de président du Parlement Européen, consiste principalement à présider les sessions plénières et les conférences des présidents des groupes politiques ainsi que le bureau du Parlement Européen. Les pouvoirs du président du Parlement Européen sont donc très limités. L’enjeux est ailleurs. C’est un poste avec une forte dimension symbolique. Le président du Parlement Européen représente l’institution devant les autres organes européens ainsi que dans les relations internationales. La nomination à ce poste d’une femme hostile aux droits des femmes à avorter, renverrait une image négative de l’institution européenne. __ L’accès à l’avortement restreint dans certains pays européens__

D’autant que l’Europe est confrontée depuis quelques années à une véritable remise en question de ce droit primordial. L’accès à l’avortement est de plus en plus contraignant. En Europe sur les 27 pays membres, 24 pays ont légalisé ou dépénnalisé l’avortement, le dernier en date, l’Irlande en 2018. Cependant deux pays pénnalisent toujours l’avortement, la Pologne ou l’avortement n’est possible qu’en cas de viol, d’inceste ou si il met en danger la vie de la mère. Malte de son côté, interdit complétement l’avortement. Il est de plus passible de trois ans de prison ferme. Espagne en 2003, un projet de loi restreignant le droit à l’avortement avait été approuvée en Conseil des Ministres. Au Portugal, où l’avortement était légalisé en 2007, le gouvernement a amendé une loi mettant à la charge des femmes tous les frais liés à l’arrêt de grossesse en 2015.

Une candidature issue des jeux d’alliances politiques

Face à Roberta Mustela, figure plus que controversée, existe-t-il une alternative ? Au-delà de la fonction même de présidente du Parlement Européen, il existe entre les différentes mouvances politiques du parlement Européen des alliances politiques pour asseoir leur influence. L’élection de l’actuel président du Parlement David Sassoli, s'est faite grâce à une coalition entre le PPE, le parti des Sociaux démocrates, ainsi que le parti Renew Europe. La candidature de Roberta Mustela, eurodéputée considérée comme représentant la branche progressiste du PPE ne pose donc pas de problème aux sociaux-démocrates.Ces derniers ont donc décidé de ne pas présenter de candidat, à l’instar également des écologistes et des représentants de Renew Europe. En contrepartie, Renew Europ pourrait maintenir Michel Charles, à la présidence du Conseil Européen, lors de son renouvellement attendue dans quelques mois. Face à cette coalition d’intérêts politiques des groupes minoritaires au Parlement proposent des candidats. C’est le cas de la gauche radicale qui présente la candidature de l’espagnole Sira Rego. De leur côte, les eurosceptiques soutiennent la candidature du Polonais Kosma Zlotowski.

Si Roberta Mustela était élue le 18 janvier, elle deviendra la plus jeune présidente du Parlement Européen mais surtout la troisième femme à accéder au poste, après Nicole Fontaine en 1999. Lélection d’une femme à ce poste a donc valeur de symbole. D’autant que les femmes ne représentent aujourd’hui que 40% des eurodéputés au Parlement. Si cette candidature n’est pas une erreur de casting, elle s’apparente à une concession accordée aux courants radicaux politiques et religieux, qui contestent de manière récurrente ces dernières années, le droit des femmes à l’avortement.

Sources :

Article Le Monde “ Les eurodéputés prêts à porter Roberta Metsola, une élue anti-IVG à leur tête” è https://www.lemonde.fr/international/article/2021/12/15/les-eurodeputes-prets-a-porter-roberta-metsola-une-elue-anti-ivg-a-leur-tete_6106142_3210.html



Article Huff Post « l’anti-IVG Roberta Metsola présidente au parlement la gauche indignée” https://www.huffingtonpost.fr/entry/lanti-ivg-roberta-metsola-presidente-du-parlement-europeen-la-gauche-indignee_fr_61bb49e8e4b0297da61ac15a

Site : Touteleurope “ Droit à l’avortement dans l’Union Européenne” https://www.touteleurope.eu/societe/le-droit-a-l-avortement-dans-l-union-europeenne/

France Info : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-monde-est-a-nous/union-europeenne-la-future-presidente-du-parlement-europeen-sera-peut-etre-une-opposante-a-l-avortement_4866527.html