Une candidature controversée

Jeune, dynamique et engagée, Roberta Metsola Tedesco Triccas sera peut-être la nouvelle figure qui représentera l’hémicycle européen en janvier 2022: à 42 ans, la députée d’origine maltaise a d’abord était secrétaire générale de l'organisation des Étudiants démocrates européens au début des années 2000 avant de rapidement gravir les échelons de l'administration européenne pour devenir députée européenne en 2013 puis vice-présidente du Parlement européen en 2020. Le 24 novembre 2021, elle annonce officiellement sa candidature à la Présidence du Parlement européen pour succéder au très discret David Sassoli, membre de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) et Président depuis juillet 2019.

Seulement voilà, si la candidature de Mme Metsola fait tant parler d’elle, c’est parce que certaines de ses revendications font grande polémique: ouvertement et fermement opposée à l’Intervention Volontaire de Grossesse (IVG), elle s’est notamment faite remarquée en septembre 2021 en s’abstenant lors de l’adoption d’une résolution demandant à la Commission de criminaliser les violences faites aux femmes.

Le rôle limité du Président du Parlement européen

Élu pour 2 ans et demi, le Président du Parlement européen a comme principales missions de modérer les sessions plénières du Parlement, qui ont lieu une fois par mois; et représenter le Parlement auprès des autres institutions publiques européennes. Il ne joue donc pas un rôle décisionnel au sein de l’hémicycle européen, car ses pouvoirs restent très limités. C'est d'ailleurs en partie pour cette raison que les détracteurs de Mme Metsola au sein de l'Institution ne montent pas au créneau.

Lors de la 1ère session plénière en juillet 2019, une coalition a été constituée entre les conservateurs du PPE et les démocrates du S&D afin de former une majorité parlementaire. Il a alors été convenu que la présidence du Parlement serait assurée durant la première partie du mandat par un représentant du S&D puis par un représentant du PEE. Par un jeu complexe d’équilibre entre les groupes, et après le retrait du député conservateur Manfred Weber, c’est la candidate maltaise qui est ainsi devenue la favorite.

Une progressiste chez les conservateurs

Malgré toutes les critiques faites à son encontre, Roberta Metsola reste appréciée au sein du Parlement européen. Elle fait en effet partie de la branche la plus progressiste du PPE, et s’est également faite connaître pour ses engagements en matière de lutte contre les discriminations faites à l’encontre des femmes et de la communauté LGBTQI+.

Elle a d'ailleurs par elle-même évoqué le sujet du droit des femmes à disposer librement de leurs corps lors d’un entretien avec le média maltais Malta independent'': “Sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, la position du Parlement européen est claire. En tant que présidente du Parlement, mon devoir sera de représenter le point de vue du Parlement et si je suis élu, je ferai mon devoir comme je l'ai toujours fait” . (Roberta Metsola, interrogée par le média Malta independent, 15 décembre 2021)

Des paroles qui prouvent que son élection à la présidence ne remettra certainement pas en cause les principes de l’UE concernant la santé des femmes. Enfin, outre ses engagements concernant le droit des femmes et des minorités, les axes prioritaires défendus lors de ses différentes prises de paroles se révèlent également très fédérateurs au sein de la Communauté européenne: la place de la femme dans les Institutions publiques, une écoute active des revendications faites par les jeunes, et surtout une Europe plus soudée, diverse, résiliente et sociale. Elle a par ailleurs applaudi les manifestations organisées en Pologne contre les différentes mesures prises à l’encontre de l’UE, revendiquant le droit à la liberté d’expression comme étant un droit fondamental au sein de l’Union.

Retour en arrière ou simple nouveau chapitre pour le pouvoir législatif européen, une chose est sûre: sa possible élection ne remettra pas en cause les droits européens mis en place en matière de santé. Malgré tout, son prédécesseur, Mme Simone Veil, 1ère députée femme à être élue Présidente en 1979 et symbole de la dépénalisation de l’avortement en France, doit sûrement se retourner dans sa tombe…

Sources:

https://www.independent.com.mt/articles/2021-12-15/local-news/I-want-to-see-a-European-Parliament-that-empowers-Roberta-Metsola-6736239105

https://www.liberation.fr/international/europe/une-anti-avortement-a-la-tete-du-parlement-europeen-20211213_XUCM73DCLBDVNOYNHXPB6DZWGA/

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-monde-est-a-nous/union-europeenne-la-future-presidente-du-parlement-europeen-sera-peut-etre-une-opposante-a-l-avortement_4866527.html

https://www.lemonde.fr/international/article/2021/12/15/les-eurodeputes-prets-a-porter-roberta-metsola-une-elue-anti-ivg-a-leur-tete_6106142_3210.html#xtor=AL-32280270-%5Bdefault%5D-%5Bios%5D

https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/eu-affairs/20190523STO52405/comment-le-president-du-parlement-europeen-est-il-elu-infographie