« Le monde ne serait-il pas ennuyeux si tout le monde se ressemblait ? »

Une campagne publicitaire du Conseil de l'Europe, au nom de la diversité et de la lutte contre les discriminations, a lancé ce slogan fin octobre 2021 , sous forme d'affiche diffusée sur les réseaux sociaux

C’est précisément le message en anglais, accompagnant les portraits de plusieurs jeunes femmes voilées sur une seule moitié du visage, affirmant beauty is in diversity as freedom is in hijab  ( la beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab ), qui est à l’origine de vives réactions.

Il aura suffi de quelques heures sur les réseaux sociaux avant qu’une avalanche de réactions politiques déferle. Une grande partie du personnel politique, de l’extrême droite au gouvernement, critique cette campagne, diffusée en ligne, conduisant l'organisation à retirer l'affiche suite à une réprobation du gouvernement français.

La France à l’avant garde

La France désapprouve vivement et fait pression pour que la campagne de lutte contre les discriminations du Conseil de l’Europe, cofinancé par la Commission européenne à hauteur de 340 000 euros soit retirée.

En effet, la secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse, Sarah El Haïry, a déclaré, après le retrait du post de la campagne par le Conseil de l’Europe au micro de la radiotélévisée LCI, que : la France de par ses réseaux diplomatiques a permis retrait de cette campagne.

Les politicards au front

Nombreux ont donc été les partisans des mesures restrictives. Parmi eux, de nombreux politiciens de tout bords, fidèles à l’État laïque, considèrent la religion comme une affaire privée à garder à l’abri des regards. D’autre part, certains féministes considèrent le foulard comme un symbole de l’oppression patriarcale ou religieuse envers les femmes. Toutefois, les partisans les plus véhéments des interdictions ont été les politiciens animés d’un populisme de rigueur, trouvant opportun de cacher leur xénophobie derrière des arguments qui ont un attrait idéologique plus large.

Valérie Pécresse, du parti Les Républicains (LR) et candidate à l’investiture du parti pour la présidentielle de 2022 et présidente de la région Ile-de-France, a déclarée dans un tweet que le voile n’était pas un symbole de liberté mais de soumission. Son adversaire à l’investiture, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, quant à lui dénoncé une promotion du voile islamique allant à l’encontre de nos racines judéo-chrétiennes.

A gauche, l’ancien premier ministre et ex-membre du Parti socialiste Manuel Valls a, lui, jugé la campagne de lutte contre les discriminations choquante, ahurissante et dangereuse. A l’extrême droite cette fois, l’éditorialiste polémiste et désormais candidat à la présidentielle, Eric Zemmour, a quant à lui, affirmé que : l’islam est l’ennemi de la liberté.

La volte face du Conseil de l’Europe

L’organisation paneuropéenne siégeant à Strasbourg, a confirmé dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse que : Les tweets ne représentent pas la position du Conseil de l’Europe. Ces tweets ont été retirés et nous allons réfléchir à une meilleure présentation de ce projet en poursuivant que : les tweets faisaient partie d’un projet conjoint du Conseil et de l’Union européenne dont l’objectif était de sensibiliser à la nécessité de respecter la diversité et l’inclusion et de combattre tout type de discours de haine. Se dédouanant ainsi du fait que ces tweets : reflétaient les déclarations faites de manière individuelle par des participants dans l’un des ateliers du projet et ne représentent pas la position du Conseil de l’Europe ni de sa secrétaire générale Marija Pejcinovic Buric

La liberté serait-elle dans le hijab ?

L’afflux d’immigrants musulmans en Europe et la menace de groupes islamistes violents ont fait des minorités musulmanes une cible d’hostilité et de discrimination, et le hijab est devenu un symbole visuel de ces tensions.

C’est peut-être pour cela que la Commission appelle toute-fois à ce que soient pris en considération les autres actions de ce programme contre les discours haineux. Notre position est extrêmement claire : les femmes doivent pouvoir porter ce qu’elles veulent, selon les lois du pays où elles vivent , a insisté un porte-parole de l’institution.

Tout ce qui se trouve derrière le voile ne serait dès-lors pas à craindre. Le slogan du Conseil de l’Europe n’est peut-être pas si loin de la vérité, même si cela peut paraître surprenant. Il pourrait y avoir certainement plus de « liberté sous le hijab » qu’il n’y en aurait dans son interdiction.

Sources :

https://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/l-ideologie-inclusive-mene-au-racialisme-et-a-l-obscurantisme_2165506.html

https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/11/03/une-campagne-du-conseil-de-l-europe-celebrant-la-diversite-et-la-liberte-dans-le-hijab-retiree_6100773_823448.html

https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-12-20/europe/la-liberte-sous-le-voile.php

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/voile-islamique-une-campagne-du-conseil-de-leurope-fait-un-tolle_4832359.html

https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/derriere-la-campagne-pro-voile-du-conseil-de-leurope-la-galaxie-des-freres-musulmans

https://www.saphirnews.com/Qui-ne-dit-mot-consent-l-ingerence-du-Conseil-de-l-Europe_a28442.html