La Lituanie entretenait plutôt de bonne relations avec la Chine. En effet elle faisait parti de l’initiative chinoise des nouvelles routes de la soies. La Lituanie était dans le groupe informel de « 17+1 » : en mai, Vilnius a quitté l’initiative lancé par Pékin en 2012, et composé de 17 pays d’Europe centrale et des Balkans, dont 11 de l’UE. Une déception née de promesses non tenues. Un chercheur au Centre international de défense et sécurité à Tallinn explique : « Les promesses économiques ne se sont pas matérialisées. Par contre, la Chine a réussi à accroître son influence et à affecter l’unité de l’UE. ».

Depuis, Vilnius multiplie les prises de position, considérées comme des provocations par Pékin. En mai, son Parlement a condamné le « génocide ouïgour » dans le Xinjiang. En juin, la Lituanie offrait 20 000 doses d’AstraZeneca à Taïwan en remerciement pour les masques et produits sanitaires offerts. En septembre le ministère de la défense lituaniens a recommandé de jeter tous les téléphones de fabrication chinoise mettant en avant des risques de cyber-sécurité. Mais c’est bien la décision d’ouvrir à Vilnius le 18 novembre un bureau de représentation de Taiwan qui a mis le feu au poudre entre les deux pays. En effet en vertu de la politique « d’une seule Chine » prôné par la République démocratique de Chine, les pays ne peuvent pas reconnaitre Taiwan comme un pays à part entière et donc ne doivent pas ouvrir de représentation diplomatique au nom de Taiwan, ils doivent utiliser le nom de la capital Taipei. Ce geste de la Lituanie est donc vu comme un affront par la Chine communiste. La Lituanie a annoncé mercredi 15 décembre 2021 avoir évacué tout le personnel qui travaillait dans son ambassade à Pékin.

Un commerce qui pâtit de cette crise diplomatique

Cette crise diplomatique majeur commence à se faire ressentir pour la petite économie de la Lituanie, elle exporte pour 357 millions de dollars de produits en Chine, important à l’inverse pour 1,3 milliard de biens chinois. Les blocages douaniers subis par les entreprises lituaniennes commenceraient à porter atteinte à l’économie, même si les autorités de Vilnius refusent d’en dévoiler l’impact. Le pays Balte peut néanmoins compter sur le soutien de Taiwan en la matière. Taïwan a promis de créer un fonds de 200 millions de dollars pour investir en Lituanie. Et de manière plus symbolique Taiwan a accepter d’acheter 20 000 bouteilles de rhum lituanien destiné à la Chine et qui étaient bloquées. Quel soutien l’Union Européenne apporte-elle à son état membre ?

La Chine est entrain de mettre en place un embargo économique avec toutes les multinationales qui travaillent avec la Lituanie. La Chambre de commerce allemande dans les Etats baltes a écrit une lettre au gouvernement lituanien lui demandant de trouver « une solution constructive pour restaurer les relations économiques entre la Lituanie et la Chine ». Un des soutiens les plus important est venu de la République tchèque, qui a récemment reçu le ministère des affaires étrangères de Taiwan. « Dagens Industrie » un journal suédois titrait le 13 décembre «  Défendez la Lituanie et l’autonomie de l’UE ». En effet malgré le soutien de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du chef du Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber, l’UE tarde a réagir efficacement. Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, estime que les européens devraient soutenir plus activement le petit état balte car cette crise représente un test que la Chine fait à l’Union Européenne avec sa politique de coercition économique. Pour preuve de la division des européens face à ce cavalier seul de la part de la Lituanie, les deux autres pays Baltes, l’Estonie et la Lettonie, ont pris leur distance avec leur voisin alors que traditionnellement ces 3 pays font bloc sur les questions de politique étrangère. On le voit les pays membres sont divisés sur leur soutien et les instances communautaires sont presque inexistante. Mais plusieurs options commencent à être discutées coté européen, la première la plus symbolique est un boycotte diplomatique des jeux olympiques d’hiver en Chine. L’UE pense aussi a déposer plainte au niveau de l’OMC pour non respect des pratiques commerciales. Enfin il y a l’option d’utiliser le tout nouveau outil de l’UE : le futur instrument anti-coercition proposé en décembre. Néanmoins celui ci ne sera pas opérationnel avant de longs mois voir années. Il est temps que l’UE soutienne son état membre contre la Chine car à travers la Lituanie c’est toute l’UE qui est visé par cette guerre économique hybride et c’est le respect des règles du commerce international ainsi que sa souveraineté qui est en jeu.

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/01/06/la-lituanie-pays-test-pour-la-strategie-de-coercition-economique-de-la-chine-en-europe_6108413_3210.html https://www.courrierinternational.com/article/escalade-la-lituanie-evacue-ses-diplomates-de-chine-pour-des-raisons-de-securite https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-suede-lunion-europeenne-doit-apporter-tout-son-soutien-la-lituanie-face-la-chine https://www.lemonde.fr/international/article/2021/12/23/la-guerre-hybride-de-la-chine-contre-la-lituanie-et-l-union-europeenne_6107121_3210.html https://club.bruxelles2.eu/2021/12/face-aux-retorsions-chinoises-sur-la-lituanie-leurope-se-tate- faut-il-reagir-quel-instrument-utiliser/