Tandis que Emmanuel Macron est à Nice pour présenter ses propositions en matière de sécurité intérieur, les diplomates américains et russe se retrouve à Genève afin de discuter d’une nouvelle architecture européenne de sécurité. C’est un symbole fort de l’absence des européens à la table des négociations alors même que le sujet est la sécurité du continent européen. Cette semaine de pourparler qui s’ouvre à Genève est à l’initiative de la Russie qui souhaite redéfinir les règles en place depuis la chute de l’URSS.
Ces négociations sont la conséquence direct du conflit en Ukraine qui oppose depuis 2014 des séparatistes pro-russe dans la région du Donbass, soutenu par la Russie, à l’armée ukrainienne. En effet depuis 2015 ce conflit est dit « gelé » avec un cessez le feu partiellement respecté. C’est près de 15 000 personnes qui sont morte dont plusieurs milliers de civils. Néanmoins un conflit « gelé » peut à tout moment se « réchauffer » et c’est exactement la crainte des occidentaux. En effet depuis quelques semaines on assiste à un déploiement massif de soldats russes ( entre 100 000 et 150 000 selon les services de renseignements occidentaux) aux abords de la région du Donbass et en Crimée ( annexé en 2014 par la Russie). Les russes nient toute volonté de guerre et prétextent que ce sont de simples manœuvres et exercices militaire interne aux territoires russe.
Des négociations tendues et incertaines
Néanmoins personne n’est dupe et ce déploiement d’hommes et de matériels militaires fait partie d’une stratégie murement réfléchi du Kremlin. En effet ce dernier compte mettre la pression sur les occidentaux en brandissant indirectement la menace d’une invasion de l’Ukraine ou en tout cas d’intervention en l’Ukraine pour tenter de rebattre les cartes en terme de sécurité du continent européen. La Russie a formulé deux propositions majeurs et a prévenu qu’elle ne ferait aucune concession les concernant. La première est d’inscrire dans le traité de l’OTAN la non-possibilité d’élargissement aux anciennes républiques socialistes comme l’Ukraine ou la Géorgie ou aux pays neutre comme la Suède ou la Finlande. En effet un élargissement de cet ordre encerclerait entièrement la Russie, qui retrouverait à ses frontières des pays « hostiles ». Le deuxième point est la fin de toute activité militaire des occidentaux dans les pays d’Europe de l’est et d’Asie centrale. Ces propositions, qui font fi du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de leurs alliances, sont inacceptables, et M. Poutine le sait. Il sait que les occidentaux ne peuvent les accepter. Néanmoins il compte sur la menace militaire aux portes de l’Ukraine pour tenter d’influencer les occidentaux. Finalement il utilise la négociation mais en " braquant un pistolet sur la tempe de ses adversaire", on a vu plus fair play comme technique de négociation.
Une Union européenne inexistante
Pour ces négociations les russes ont complètement écarté l’UE, certes les pays européens sont représentés dans l’OTAN et dans l’OSCE mais l’UE qui est l’organisation politique et économique la plus puissante et la plus représentative de l’Europe est laissé sur le banc de touche. C’est un sérieux revers pour l’UE qui se veut plus « géopolitique », plus présente sur la scène internationale, qui met en avant le concept « d’autonomie stratégique ». Certes cela fait parti de la stratégie de division des occidentaux mené par les russes qui ne considèrent toujours pas l’UE comme une grande puissance. Mais les européens ont aussi leurs tords. L’UE est complètement inaudible voire muette. Une des raisons est sa division, entre des pays baltes ou la Pologne qui ne jurent que par le « parapluie sécuritaire américain », une Allemagne peu expressif qui a en tête sa dépendance au gaz russe et la mise en service de son nouveau gazoduc « Nordstream 2 » et la France qui rêve d’une « puissance européenne », compliqué de présenter un front uni contre la Russie. La seule chose sur laquelle tout le monde est d’accord est sur le fait qu’on ne peut discuter de la sécurité européenne sans les européens. Ces derniers doivent bien faire des propositions sur l’architecture européenne de sécurité mais que fin mars. Soit très tard. Trop tard. Alors que les discussions concernant ce sujet se déroulent en ce moment même, sans eux. Aucune propositions majeur n’a été formulé par l’UE, elle se contente d’un rôle passif de spectateur impuissant regardant les « grands de ce monde » discuter entre eux. Pour tenter d’inverser la tendance il faut reprendre l’initiative face à Moscou, présenter un front allié uni et faire preuve de fermeté. On assiste surement à un moment d’histoire et l’Europe a le devoir de ne pas se contenter d’un rôle secondaire au risque de devoir accepter des conditions qu’elle n’aura pas choisi et donc qui lui seront peut être défavorable.
https://www.bruxelles2.eu/2022/01/le-premier-rate-de-la-presidence-francaise-russes-et-americains-negocient-la-securite-europeenne-macron-va-faire-le-kakou-a-nice/ https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/10/face-a-la-russie-reprendre-l-initiative_6108868_3232.html https://www.lemonde.fr/international/article/2022/01/08/americains-russes-et-europeens-confrontes-aux-failles-de-l-architecture-europeenne-de-securite_6108657_3210.html https://www.lemonde.fr/international/article/2022/01/07/face-a-vladimir-poutine-l-inquietude-des-europeens_6108494_3210.html