UKRAINE-CRISIS/NATO

Les ministres de la Défense de l'OTAN et Josep Borrell (2e en partant de la gauche), réunis pour évoquer la menace nucléaire russe.

Depuis le 24 février, l’attaque militaire lancée par la Russie contre l'Ukraine et ayant porté préjudice aux secteurs de l'alimentation et de l'énergie dans le monde entier, a incité la scène internationale à imposer de sévères sanctions politiques et économiques à Moscou.

Le 21 septembre 2022, le président Poutine a alors émis une menace « dissimulée » d'utiliser des armes nucléaires. Face au progrès sur le terrain de l’armée ukrainienne, il a également annoncé la mobilisation de réservistes russes.

Les européens et les membres de l’alliance atlantique ont pris très au sérieux la rhétorique agressive du Kremlin. L'Union Européenne a alors prévenu la Russie, en s'alignant sur l'OTAN, qu'une attaque nucléaire sur le sol ukrainien entrainera une réponse armée des pays membres.

Dans un discours prononcé le 13 octobre 2022 à Bruges, lors de l'ouverture de l'Académie diplomatique de l'Union européenne, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a répondu que toute attaque nucléaire contre l'Ukraine sera confrontée à une réponse militaire forte des Occidentaux qui « détruira l’armée russe ». « Poutine dit qu'il ne bluffe pas avec la menace nucléaire. Il doit alors comprendre que les pays qui soutiennent l'Ukraine, l'Union européenne et ses Etats membres, les États-Unis et l'OTAN, ne bluffent pas non plus », a déclaré Borrell devant le collège d'Europe à Bruges.

À l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de l'Alliance à laquelle a participé Josep Borrell, le secrétaire général de l'alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a souligné que l’utilisation de l’arme nucléaire par la Russie aura « de graves conséquences » et que « cela changera fondamentalement la nature du conflit ».

Stoltenberg a cependant précisé que les circonstances dans lesquelles l'OTAN pourrait avoir à utiliser des armes nucléaires sont encore extrêmement éloignées. « Une chose est une attaque contre les alliés et dans ce cas, l'article 5 sera bien sûr déclenché. Mais en ce qui concerne l'Ukraine, l'OTAN n'est pas partie au conflit », a-t-il expliqué. Cette déclaration écarte implicitement le recours des alliés à l'arme nucléaire pour leur riposte. Le porte-parole de l’OTAN a insisté sur la stratégie première de « dissuasion nucléaire » de l’alliance atlantique qui « a pour objectif de dissuader toute attaque contre les alliés » .

Début octobre, des bombardements, dont Kiev et Moscou se renvoient la responsabilité, avaient provoqué d’importants dégâts à l’intérieur de la centrale nucléaire la plus grande d’Europe à Zaporijia.

L’Agence internationale de l’énergie atomique s’est alors prononcée en estimant qu’il n’y avait pour le moment « pas de menace immédiate pour la sécurité nucléaire ». Cette dernière a ensuite confirmé que les quatre centrales nucléaires ukrainiennes ont été reconnectées au réseau électrique national après avoir complètement perdu l’alimentation hors site en début de semaine. Plusieurs millions d’Ukrainiens restaient privés de courant et de chauffage après des frappes russes visant le réseau électrique du pays.

Observant que des territoires annexés avaient déjà été repris par l'armée ukrainienne sans que le pire scénario ne se soit produit, l’heure est davantage à la prévention et à l’anticipation. « Il faut prendre au sérieux cette rhétorique de la Russie, mais il ne faut pas paniquer », a déclaré un responsable européen de l'OTAN.

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