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Le ministre israélien des Renseignements Elazar Stern (à gauche) et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell (à droite) se serrent la main avant le début d'une réunion du conseil d'association UE-Israël, le 3 octobre 2022 à Bruxelles.

Le 3 octobre 2022, s’est tenu la première réunion, depuis 10 ans, du conseil d'association entre Israël et l’Union européenne. A propos des questions régionales et mondiales, Borrell a promis des discussions "franches" en se félicitant de cette rencontre. "Nous devons explorer comment progresser de manière concrète" a indiqué M. Borrell.

Longtemps divisés, l'État hébreu et l'Union européenne restaurent des relations privilégiées au sein de plusieurs institutions européennes. Après dix ans de brouille, pourquoi Israël et l'Union européenne se rapprochent ? Cette évolution est liée aux changements de dirigeants, à des intérêts économiques réciproques et au contexte régional du Proche-Orient.

D'abord, il s'agit d'une histoire de personnes, les acteurs ont changé. Yaïr Lapid, comme ministre des Affaires étrangères d'abord et Premier ministre ensuite, a tout fait pour restaurer les liens diplomatiques mis à mal par Benjamin Netanyahou pendant plus de dix ans avec l'Union européenne. Ensuite du côté européen, Catherine Ashton et Federica Mogherini ont laissé la place à Josep Borrell, qui a annoncé la reprise de l'activité de ce Conseil en juillet. Le Haut Représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité était plutôt réticent, mais a fini par se laisser convaincre par plusieurs Etats européens, dont la France.

Sur la question palestinienne, ce Conseil d’association apparait comme une bonne occasion de reprendre le dialogue pour faire avancer la cause. « Nous allons discuter de manière franche et ouverte (...) de la situation dans les Territoires palestiniens et du processus de paix qui est à l'arrêt », a assuré M. Borrell.

Également, de forts intérêts économiques réciproques ont motivé la tenue de ce conseil. Comme l'a souligné Yaïr Lapid, l'Union européenne est le premier partenaire commercial d'Israël, sans compter que des intérêts nouveaux ont émergé.

D'un côté, le gaz israélien off-shore pourrait compenser en partie le gaz russe. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait été claire sur ce sujet lors de sa visite en Israël en juin dernier en exprimant sa volonté « d’explorer des voies pour renforcer la coopération énergétique avec Israël » et se libérer du « chantage » russe. De l'autre, Israël a tout à gagner à être proche de l'Union européenne. L'État hébreu a ainsi renouvelé sa participation au programme Horizon de recherche et développement fin 2021 et signé un accord-cadre avec l'Union européenne et l'Egypte sur la coopération énergétique. Il est également sur le point de conclure un accord avec Europol et espère aussi signer des accords dans les domaines culturels, digitaux et sanitaires.

Enfin, ce rapprochement s’explique également par l'évolution diplomatique régionale, à savoir la signature des accords d'Abraham. « Nous sommes tous unis dans notre désir d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire », a rappelé, lundi, Yaïr Lapid. Et puisque les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn et le Maroc privilégient leurs intérêts sur le processus de paix avec les Palestiniens, après tout pourquoi l'Union européenne ne ferait-elle pas de même ? C'est ce même constat, cette même dynamique qui avaient amené le Vatican à conclure un accord diplomatique avec Israël trois mois seulement après la signature des accords d'Oslo.

Pour l’Union européenne, comme pour Israël, cette initiative est un premier pas. « Après une longue pause de 10 ans, nous redonnons vie à cette plateforme », s'est félicité Josep Borrell.

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