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Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, s’exprimant lors d’une visite à Montevideo en Uruguay, le 24 octobre 2022. (EPA-EFE/Raul Martinez)

C’est lors d’une visite à Montevideo en Uruguay, le 24 octobre dernier, et d’une visite à Buenos Aires en Argentine, le 25 octobre, que Josep Borrell, s’est exprimé à propos de la coopération entre l’Amérique latine et l’Union européenne, qui n’a pas progressé depuis plusieurs mois. En effet, depuis 2019, l’accord avec le Marché commun du Sud (MERCOSUR) est bloqué en raison de problèmes relatifs à la protection commerciale et à l’environnement du côté de certains États membres. La France et le Brésil s’opposent par exemple depuis quelques années sur la question de la préservation de la forêt amazonienne et de l’accélération de sa destruction.

Or, selon M. Borrell, « il vaut mieux avoir des obligations mutuelles que pas d’obligations du tout — un accord vaut mieux que pas d’accord » et les négociations doivent alors reprendre afin que l’Espagne, qui doit assurer la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne de juillet à décembre 2023, et qui entretient traditionnellement des liens étroits avec l’Amérique latine, puisse sceller l’accord du MERCOSUR pendant sa présidence.

De plus, avec la guerre en Ukraine qui a produit « des ondes de choc sur les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, l’Amérique latine peut nourrir davantage de personnes, peut continuer à produire davantage d’aliments et aussi à fournir de l’énergie, et nous pouvons leur fournir de la technologie et des capitaux », a déclaré M. Borrell. Selon lui, les États d’Amérique latine « représentent une puissance mondiale en termes de biodiversité, d'énergies renouvelables, de production agricole et de matières premières stratégiques », dont il faut profiter, notamment en alliant ceci à « la capacité technologique et d'investissement » que l’Union européenne possède et qui pourrait « diversifier ses chaînes d'approvisionnement », a-t-il précisé dans un communiqué.

C’est particulièrement l’Argentine qui est vue par ce dernier comme un appui essentiel pour l’Union européenne, fournissant déjà de nombreux biens « très importants à l’Europe et au monde, et peut faire encore plus », en particulier en matière « de biens agroalimentaires, avec sa superficie et son énorme capacité de production », et « l’énergie pourrait suivre » tout particulièrement, car le pays est un important exportateur de gaz naturel, ce qui pourrait être utile en cette période de crise énergétique sur le continent européen, a-t-il ajouté. D’où la mention de la préparation d’un « protocole d'accord sur la coopération énergétique avec l'Argentine, couvrant le GNL, l'hydrogène vert et d'autres sources d'énergie » dans un communiqué de ce dernier daté du 29 octobre.

L’Amérique latine est donc un partenaire fondamental pour l’Union européenne et il faudrait finaliser un accord rapidement afin d’éviter que « d’autres acteurs n’interviennent » a déclaré Josep Borrell. Ce dernier a donc pressé les États européens de sceller l’accord et de favorisé le rapprochement entre les deux continents pour éviter que l’Amérique latine ne se tourne vers d’autres coopérateurs, « Inutile de les citer, vous savez de qui je parle . Je pense que les Européens ont intérêt à faire preuve d’une plus grande volonté pour que l’accord aboutisse enfin ». C’est principalement la Chine qui est visée dans ces déclarations, notamment avec la négociation d’un accord de libre-échange bilatéral entre l’Uruguay et cette dernière.

Les relations entre l’Union européenne et l’Amérique latine devraient donc revenir à l’ordre du jour, notamment dans un contexte où l’Union craint de perdre son influence dans la région en raison de la lenteur avec laquelle les accords commerciaux sont négociés. C’est d’ailleurs dans cet objectif que le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) a transmis aux ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne une note appelant à un « saut qualitatif dans les relations » avec l’Amérique latine dans un délai de 18 mois.

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