Une autre alternative à la Russie

La guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie depuis février 2022 a eu des impacts économiques importants en particulier pour l’Union Européenne, alliée des Ukrainiens. Pour sanctionner la Russie, les importations ont été drastiquement réduites. Cependant, la Russie détient toujours une ressource essentielle pour l’Europe : “Environ 80% du charbon, 40% du gaz naturel et entre 20 et 40% du pétrole utilisé en Europe sont importés de Russie,” (Mejean, 2022). L’UE se retrouverait donc dans une position très critique si la Russie décidait de suspendre complètement l'approvisionnement (comme elle a déjà fait pour une courte durée). De plus, en achetant du gaz, elle contribue à financer le camp adversaire.

Comment se passer du gaz russe ? Le renforcement des accords économiques avec le Kazakhstan constitue une partie de la solution.Il exporte déjà 60% de son pétrole vers l’UE.

Le 7 novembre, lors de la conférence COP 27, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne signait un partenariat stratégique avec le premier ministre du Kazakhstan pour “Un approvisionnement sûr et durable en matières premières, en matériaux raffinés et en hydrogène renouvelable”. (Euractiv, 2022)

Des valeurs partagées

Le Kazakhstan est le premier partenaire d’Asie centrale de l’UE. En 2014, il était le premier pays d’Asie centrale à prendre part au forum Asie-Europe. Il tend à s’imposer également sur la scène internationale. En 2015, le pays a intégré l’organisation mondiale du commerce. Un an plus tard, il est élu membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’Union Européenne étant très impliquée dans les organisations internationales, il est certain que ces initiatives ont fait monter le pays en prestige. Cela montre qu’ils partagent des valeurs communes.

Depuis quelques années, tous deux collaborent sur plusieurs projets de développement durable : l'économie verte, l'efficacité énergétique, la transition numérique et la connectivité . Certains disent même que le Kazakhstan joue le rôle de médiateur entre le Moyen-Orient et l’Occident. Dans sa région, le Kazakhstan appuie les interventions et les programmes européens : la lutte contre le terrorisme, l’extremisme mais aussi la gestion de l’eau.

Une réponse européenne à l’influence chinoise

Le rapprochement s’explique aussi par des motivations géopolitiques. Rappelons que l’Asie centrale constitue un couloir entre l’Asie et l’Europe. Les chefs d’États d’Asie centrale et le président du conseil européen ont réaffirmé la pertinence de la stratégie “Global Gateway”. Il s’agit d’une projet lancé par la Commission européenne le 20 décembre 2021 qui a pour objectif de “mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros de fonds publics et privés d’ici à 2027, afin de financer des projets d’infrastructure dans le monde, et qui a été qualifiée de “réponse européenne à l’influence chinoise”. Le président chinois a initié en 2013, lors de sa visite au Kazakhstan le programme “Belt and Road”. Traduite parfois par “les nouvelles routes de la soie, cette initiative a pour ambition d'accroître la connectivité et les échanges avec la région eurasiatique et l’Afrique via le développement d'infrastructures et d’accords commerciaux.

Belt and Road est critiquée par les Occidentaux qui dénoncent ses effets néfastes sur le plan social et écologique.

En plus d’investir dans le développement d'infrastructures, le projet Global Gateway a pour objectif de diffuser les valeurs éthiques et démocratiques de l’Union Européenne.

Réaffirmer l’importance du Global Gateway dans ce pays a une forte valeur symbolique. L’Union Européenne aurait-elle remporté la lutte d’influence en Asie centrale ?

Sources

https://www.euractiv.fr/section/ene...
https://politiqueinternationale.com...
http://www.bsi-economics.org/977-be...
https://ec.europa.eu/commission/pre...