Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et son épouse Olena visitant un monument pour les victimes de l’Holodomor. © Bureau de presse présidentiel ukrainien










A l’occasion du 90e anniversaire de la tragédie de l’Holodomor, le Parlement européen a adopté le jeudi 15 décembre, la résolution reconnaissant le massacre par la famine comme un génocide. Par ce texte voté à la quasi-unanimité, avec 507 voix pour, 12 voix contre et 17 abstentions, les eurodéputés condamnent fermement les actes criminels orchestrés par « une politique intentionnelle du système soviétique à l’encontre du peuple ukrainien ». Les élus appellent à cet occasion, tous les pays et organisations, à reconnaître l’Holodomor comme un génocide. Aujourd'hui, seuls une vingtaine de pays, classifient l'événement comme tel.

· Un génocide par la faim infligée volontairement par le régime totalitaire de Staline

Entre 1932 et 1933, plusieurs régions agricoles de l’Union Soviétique telles que le Kazakhstan, le Caucase du Nord et l’Ukraine ont connu une période de grande famine. La famine qui a sévi en Ukraine s’est distinguée des autres par son bilan meurtrier. Les historiens estiment en effet qu’elle a décimée entre 4 et 8 millions de paysans. Elle a été planifiée par le régime totalitaire de Staline à travers une politique de répression. L’Union soviétique a ébauché son projet en commençant par prélever 30% des récoltes puis s’est mise au fur et à mesure à confisquer les terres et les denrées alimentaires.

La répression en Ukraine est amplifiée en octobre 1932 par une restriction de circulation et l’instauration d’un blocus. Les passeports des propriétaires terriens ukrainiens sont confisqués et des déportations massives vers la Sibérie et les camps du Goulag ont lieu. La famine programmée par les autorités soviétiques a alors pris l’appellation de l’Holodomor qui signifie au sens littéral « extermination par la faim » et « infliger la mort » en ukrainien.

· L’Ukraine à la recherche d’une reconnaissance officielle du génocide

L’Ukraine travaille activement pour que l’Holodomor soit officiellement reconnu par tous comme un génocide.

Le Parlement européen souhaite également que les citoyens soient sensibilisés aux tragiques évènements de l’Holodomor commis par le régime totalitaire de Staline. Les députés européens condamnent par la même occasion dans cette résolution du 15 décembre, le gouvernement russe actuel qui manipule la mémoire historique et demande à la Russie, en tant que principal successeur de l’Union soviétique, de reconnaitre le génocide et de s’en excuser.

Vladimir Poutine refuse quant à lui catégoriquement une telle qualification alléguant que la période de famine n’a pas seulement touché les habitant d’Ukraine mais également les peuples kazakhes et russes. Lorsque l’Allemagne avait récemment classifié la période de famine des années 1930 de génocide, la Russie l’a directement accusé de « diabolisation ».

· Quand le passé rappelle le présent

« Les crimes russes actuels en Ukraine rappellent le passé » peut-on lire dans le communiqué du Parlement européen. De nombreux eurodéputés y voient un parallèle avec la guerre en Ukraine et craignent que 90 ans après l’Holodomor, le régime russe actuel ne reproduise le même schéma.



En établissant une corrélation entre l'époque soviétique et le régime de Poutine, le Parlement européen accuse la Russie de vouloir piétiner la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine et d’essayer d’effacer son identité en tant qu’Etat-nation. Il avance également que la glorification du régime soviétique a mené la Russie à devenir un État « terroriste ». En effet, le gouvernement russe utilise actuellement l’alimentation comme une arme de guerre en menant des attaques dans les zones agricoles et en saisissant les céréales ukrainiennes.

Cette guerre d’agression menée par Poutine a considérablement sapé la capacité agricole de l’Ukraine. Elle menace non seulement la sécurité alimentaire intérieure du pays mais nous confronte également à une crise alimentaire mondiale puisque la Russie rend difficile les exportations de céréales ukrainiennes et par conséquent les approvisionnements alimentaires mondiaux.

Sources :